AU FIL DE LA RIVIERE

Sylvie Benguigui

Au fil de la rivière, je me suis attardée

Regardant l'eau s'écouler vers sa destinée

Les arbres défilaient devant cette eau si pure

Les paysages aussi, lui chantant leurs murmures


J'ai jeté un galet qui n'a pas ricoché

Il est arrivé là, où dort ce gros rocher

A cet endroit précis où commence ma vie

Lieu de cet infini, siège de mes insomnies


Je me suis assise là, le regardant des heures

Le surveillant quand même du milieu de mon coeur

Guettant un mouvement de retour de boomerang

Avec la peur au ventre que ça ne fasse « bang »


Mais il campait tranquille et ne me voyait pas

Ses yeux étaient tournés vers d'autres de ses pas

Il n'avait pas envie de renier son passé

Mais pas celle non plus de ne pas avancer


Tous les petits cailloux qui s'étaient mis autour

Etaient au garde à vous devant le fol amour

Qu'il semblait exprimer devant une petite galette

Que tu avais jeté, un jour, un soir de fête.


Elle n'était pas si loin, il n'allait pas se plaindre

Mais il se sentait lourd et ne pouvait l'atteindre

Alors il entreprit de se déshabiller

En se frottant des heures contre le gros rocher


Quelques années plus tard, sveltesse retrouvée

Il se glissa dans l'eau, rejoignant l'étonnée

Elle l'avait attendu mais sans trop plus y croire

Et voilà que le sort libérait son espoir.


Collés l'un contre l'autre descendant la rivière

Et se laissant porter par une eau pas peu fière

De leur avoir permis de flirter sur son lit

Pour qu'ils deviennent un jour, enfin épanouis


Et je m'en suis allée, pensant que j'avais fait

La moitié du chemin que tu n'avais pas fait

La moitié de demain parce qu'aujourd'hui n'est plus

Et que sans toi, jamais… jamais… je ne vis plus.


© Sylvie Benguigui texte et photo 

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