BAC - Joie de vivre

la-tete-en-neige

Ô joie ! Toi que les hommes respirent mais ne sentent pas. Toi que les hommes touchent mais ne voient pas. Toi qui chaque jour tend la main à qui veut la prendre, mais reste glacée des larmes qui coulent entre tes phalanges. Nous sommes nés pour la joie. Nous sommes nés pour manger du sourire, croquer des caresses, dévorer des parfums, déguster des soleils et plonger dans les fleurs. Nous sommes nés pour vivre avec toi Ô joie. Tant convoitée, toi l’évidence invisible, tu donne faim à des hommes qui courent après le malheur en croyant te suivre. Alors que tu es là, toi, toute simple, juste-là … Ô joie, moi qui te croise à la pulpe juteuse et sucrée de l’orange au petit matin, à la rose courbe des lèvres de celui que j’aime, aux ronronnements de mon chat, blotti en croisant de lune au creux de mon sommeil, le museau en mousse de rêve, toi, pendue à un rayon de ciel brodé de libellules et de nuages imbibés de grenadine, à la fin du jour, quand tout s’endort ... Toi qui me parle dans un sourire, une bouchée gourmande, une douche brulante, enveloppé de vapeurs mentholées, chocolatés, boisées. Danser ta présence chaque jour nous devrions, dans la douceur des orages apaisés, des découvertes, des images nouvelles, des acquis, des couleurs, des sensations, oui nous devrions, profiter, et ouvrir les yeux pour mieux te voir. Parce que tu es là, bien sûr que tu es là, sur un lit de groseilles, allongée sur les cils des papillons, endormie sous la tendre paupière des amoureux, envolée dans l’haleine du café, infusée, dans l’eau d’un thé citronné, coulée, dans un filet de miel, fondue, dans un baiser, oubliée, dans l’union des corps, brulée, comme du papier, envolée, de volupté, tu es … Et tu habites dans l’amour, jardin de joie, poussières de diamants concassés pour faire grandir les lilas, les marguerites, et les orchidées. Tu es la, Ô joie ! Partout, tu es partout, depuis toujours tu es une pluie dorée, une vague de plume, une baiser de coccinelle, légère comme la brume, tu es quotidienne. Cachée à chaque instant de vie : du premier baiser maternel à la dernière goutte de vie, tu continues à transparaitre dans les yeux de ceux qui nous suivront en ce monde. Et s’il existe des moments gris, des moments de pluie, grasse, de fers, rouillés, des moments ou la vague de plume n’est plus qu’un cliquetis d’ossements, que le baiser n’est plus qu’une violente morsure, il faut se dire que la joie de vivre n’existerait pas sans la tristesse. Car l’existence du sourire n’aurait de sens sans celle des larmes …

  • La même chose que pour les utopistes, existeraient-ils sans ceux qui noircissent le monde?

    Le texte est très beau. et les deux dernière lignes sont mes préférés.

    · Il y a presque 13 ans ·
    Loup27 1  orig

    cerveau-lent--2

  • Oui de très belles images, qui restent en bouche, sucrées au possible pour chassé l'amer des larmes...Merci !

    · Il y a presque 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • De très belles images. "Un baisr de coccinelle", "le museau en mousse de rêve"...
    J'aime !

    · Il y a presque 13 ans ·
    Jardin des plantes 037 195

    lilaa

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