Cendres

Eka Abassi

Une mère avait 3 garçons. L’aîné trouva du travail, les deux autres n’en trouvèrent pas. La mère mit un doigt dans la terre. Elle fit une citerne. Un marchand qui passait par là lui demanda un peu d’eau. La mère dit au marchand :

Marchand, tu bois l’eau de ma citerne, une citerne faite à la sueur de mon front.

Le marchand lui donna un gombo. La mère planta le gombo. Un cabri qui passait par là mangea le gombo. La mère dit :

Cabri tu manges mon gombo, le gombo que m’a donné le marchand qui a bu l’eau de ma citerne, une citerne faite à la sueur de mon front.

Le cabri lui donna une corne. La mère usa la corne contre le tronc d’un palmiste.

Elle dit :

Palmiste, tu as pris ma corne, la corne que m’a donnée cabri, cabri qui a mangé mon gombo, un gombo que m’a donné le marchand, le marchand a bu l’eau de la citerne, citerne faite à la sueur de mon front.

Palmiste lui donna une corde. Avec la corde la mère attacha sa vache.

Vache, tu as pris ma corde, la corde que m’a donnée palmiste, qui a pris ma corne, corne que m’a donné cabri, cabri qui a mangé mon gombo, gombo que m’a donné le marchand qui a bu l’eau de la citerne, citerne faite à la sueur de mon front.

La vache donna à la mère un peu de lait.

Elle en renversa sur le chemin. Elle dit :

Chemin tu bois le lait que m’a donné la vache, vache que j’ai attachée avec une corde, corde que m’a donnée le palmiste, qui a pris la corne que m’a donnée cabri qui a mangé le gombo que m’avait donné le marchand à qui j’avais donné de l’eau, l’eau de la citerne faite à la sueur de mon front.

Le chemin donna à la mère un peu de gravier. La mère donna le gravier à la rivière.

Rivière tu prends mon gravier, gravier que m’a donné le chemin qui a bu le lait de la vache, vache que j’ai attachée avec une corde, corde que m’a donnée le palmiste, qui a pris la corne que m’a donnée cabri qui a mangé le gombo que m’avait donné le marchand à qui j’avais donné de l’eau, l’eau de la citerne faite à la sueur de mon front.

La rivière lui donna une écrevisse. La mère la mit au feu.

Feu, tu prends mon écrevisse, l’écrevisse que m’a donnée la rivière, rivière qui a pris le gravier, gravier que m’a donné le chemin, qui a bu le lait, le lait que m’a donné la vache, vache que j’ai attachée avec une corde, corde que m’a donnée le palmiste, qui a pris la corne que m’a donné cabri qui a mangé le gombo que m’avait donné le marchand à qui j’avais donné de l’eau, l’eau de la citerne faite à la sueur de mon front.

Le feu lui donna des cendres.

Le vent les emporta.

adaptation d'un conte traditionnel antillais. Sources Elsie Clews Parsons

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