Chaleur

louzaki

Elle a mis ses perles autour de son cou blanc. Arrangé ses cheveux bruns mi-longs. Les grandes portes sont depuis longtemps ouvertes, dans l'attente du soir. Le vitres ont été lavées. Les tables nettoyées. Le jardin s'offre à elle. Lentement, elle descend les marches. Laisse traîner ses minuscules talons sur chaque marche. Écoute claquer ses pieds sur le marbre. Le piano est installé. Il viendra en jouer plus tard, quand les invités seront là. L'air est lourd ce soir. Les guirlandes de lumière brillent faiblement. La lumière qu'elles diffusent semblent provenir d'un autre endroit, d'une autre époque. Elle se dit ça tandis que ses pieds se posent sur l'herbe de son jardin. Qui n'est plus qu'à elle depuis sa mort. Les murs sont peints en blanc, légèrement gris, légèrement étrange. On a cette drôle d'impression, quand on les regarde, que la pièce se referme sur vous, mais qu'elle s'ouvre aussi. Qu'elle tangue à chacun de nos pas. Les fauteuils pas vraiment confortables, ont néanmoins l'avantage de l'endormir dès qu'elle se laisse aller dessus. Elle se souvient des soirées qui finissaient douloureusement. Dans l'attente. Dans son lit froid, sans personne à côté d'elle. Sa douleur quand il revenait, une autre odeur dans les bras, une autre femme. Elle ne parlait jamais beaucoup, ni lors des soirées, ni au quotidien. Lui ne lui reprochait rien. Elle écoutait les dames lui parlaient de leurs enfants si merveilleux, de leurs châteaux, de leurs maris. Elle souriait, d'un sourire factice, presque réel, elle hochait la tête. Ce soir-là, elle s'était laissée aller à boire un peu plus que de raison. Un jeune homme était à ses côtés tout au long de la soirée. Elle voyait le regard de son mari suivre des yeux le verre allant à sa bouche et le liquide descendre lentement dans sa gorge. Le jeune garçon regardait lui aussi ce spectacle, fasciné. Les lumières du soir s'éteignirent complètement et les deux sont allongés sur ces fauteuils de tissu. Redécouvrir le corps d'un homme la grisait. Elle passa ses mains sur sa peau, fraîche grâce au vent qui pénétrait dans la pièce ouverte. À son contact, sur la peau du jeune homme se formait des frissons, qu'elle suivait avec délectation de ses doigts blancs. Elle se perdait sur lui, en lui. La nuit semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Leurs souffles courts d'abord, semblent avoir trouvé leur rythme, s'accordent.
Les yeux ouverts, regardant le plafond, écoutant ce garçon respirer fort à côté d'elle, elle pensa à son mari. Une main effleura sa cuisse nue. Elle remonta jusqu'à son cœur. Touchant sa peau froide et nue, un sourire marqua son visage


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