Chroniques d'une sortie de route volontaire-12

romualdmartin

chroniques de ma promenade dans le monde des vivants

J'ai encore éclaté dix bières comme on suce des tétons. Ça me rend triste, Comme à chaque fois, Comme un mauvais mariage, celui ou t'aime ta femme, mais elle ne te le rend pas. Le divorce ou la mort en sachant que le mariage t'y conduit.

Mais je ne veux pas divorcer, c'est ma seule amie, ma seule compagne. Avec elle je perds tout, mais je gagne aussi, je gagne de l'aisance, de la drôlerie et la médiocrité qui me rend attachant.

Tout le monde aime avoir un ivrogne à sa table, on lui jette des cacahuètes quand il pionce la tête sur le canapé, on le montre du doigt quand il dort par terre, on le traite de sale con quand il devient méchant.

C'est lui le méchant, le salaud de la soirée.

Faut toujours un sale con dans une soirée, le tout s'est de boire comme un maestro, que les gens soient impressionnés par ce que tu t'enfile, qu'ils ne comprennent pas comment un con pareil peut défier la biologie et renvoyer les experts en picologie dans le fond de leurs placards respectifs.

Faut pas devenir grossier, juste vulgaire, ça fait tordre les culs et mouiller les culottes, tu peux parler de pipe, de sodomie, de baise, de baise et de baise, tout le monde met ça sous le coup de l'alcool pendant qu'ils se tripotent ou qu'ils pensent à le faire en lorgnant sur leurs voisins ou voisines.

T'es orgasmique quand t'es saoul, t'es le chef d'orchestre, fais le bouffon, tu deviendras le meilleur ami de l'homme à qui on offre des sorties et des diners comme des croquettes, retour au bon vieux temps du communiste à table qui faisait rire nos vieux parents réacs.

Tu peux jouer tous, t'as carte blanche. T'es dans une soirée de minables ? fais le sale con ? insulte-les, touche des culs, demande à baiser les plus belles. Ils te foutront dehors, choppe une dernière bouteille et finie la sur le chemin du retour, on leur dédie notre gerbe à ses gens-là tant qu'ils payent la boisson.

Essayer de prendre de la vaisselle aussi, pas de quoi refaire votre cuisine, juste de quoi vous dire qu'ils se feront chier à retrouver le couteau de grand-mère. Mais restez courtois, c'est eux les grossiers personnages, vous vous êtes saoul, l'arme parfaite contre la dignité.

Après avoir des dizaines de soirées de la sorte, pourquoi divorcé ? hein ? pourquoi ?

Pour jouer des convenances et puer comme tout le monde ? je ne suis pas très joueur.

Et n'oublie pas de dire à ceux qui te dise que l'alcool c'est la déchéance avec un air suffisant, celui d'une poule qu'aurait compris à quoi sert un couteau, n'oublie pas de leur dire que vivre comme un mouton qui aime son abattoir est largement plus déchéant et surtout misérable et gifle les pour ce qu'ils sont en rigolant bien fort.

Ils te haïssent, hais-les, s'il t'aime embrasse les, si elles t'aiment baise les ou ignore-les.

Ça rend hargneux d'être saoul, putain je viens de me casser la gueule de mon canapé, je fais plein de fautes, c'est si bon d'en avoir rien a branler, reviens chérie, j'ai pas finie de te boire. La solitude, c'est vraiment un paquet de merde.

 

 

 

Signaler ce texte