CITOYEN DU MONDE

sistaj

J’n’oublie pas d’où je viens,
J’n’oublie pas qui je suis.
Ce continent qui m’a vu naître
N’est pas celui de mes ancêtres.
Mes racines sont loin d’ici
Dans un tout autre pays.
J’y pense sans être aigrie.
La deuxième guerre mondiale n’a pas le monopole
Du devoir de mémoire.
Moi aussi je fais partie de l’Histoire.

29 Mars 1947

Une date occultée.
Madagascar au climat tropical
Compte beaucoup de plantations coloniales.
Le travail forcé est monnaie courante.
L’humiliation est fréquente.
Le statut de l’Indigénat est appliqué.
Mais la Jina a sa fierté.
L’heure de la révolte a sonné.
Armés de coupe-coupe et de sagaies,
Ces hommes courageux osent affronter
Le colon oppresseur.
Ils n’ont plus peur car
L’espoir d’une victoire
L’espoir de l’indépendance
Les mettent en transe.
Le soulèvement est violent
Mais la riposte est pire encore.
Ironie du sort
Les renforts envoyés sur l’île Rouge
Sont composés en majorité de tirailleurs sénégalais.
Laissons donc ces Indigènes s’entretuer !
Une guerre psychologique est expérimentée :
Des autochtones sont jetés vivant d’un avion
Pour terroriser la population.
Des centaines de militants sont mitraillés.
L’assaillant est désormais français.

89000 malgaches y laisseront leurs vies.
89000 révoltés effacés des mémoires.

J’en parle sans haine.
J’en parle pour perpétuer le souvenir
De ceux qu’on appelait Indigènes.
Je suis française par choix
Et fière de l’être.
Cependant certains compatriotes
Hostiles au melting pot
Poignée d’irréductibles incultes
Pérennisent le culte du colonialisme.
Le racisme haineux ?
Je ne connais pas.
Le racisme insidieux m’est plus familier.
C’est  celui qui t’offense
Mais que tu ne peux pas prouver.
Et lorsqu’avec véhémence tu oses dénoncer,
On te demande d’arrêter ce délire de persécution,
D’éviter les affabulations.
Mais pourtant…

Imaginez un garçon de 8 ans
Attendant dans une boulangerie
Son tour pour s’acheter des sucreries.
Devant lui, une femme et son jeune enfant,
Qui maîtrise à peine la langue de Molière.
Ce dernier demande à sa mère
« Dis maman, pourquoi il est noir ? »
Le jeune garçon l’entend et tend l’oreille.
La réponse tombe :
« Parce qu’il ne se lave pas ! »
Pire qu’une bombe
Parce que les dégâts sur ces deux enfants
Ne se voient pas.

Un exemple parmi tant d’autres.
Les préjugés régissent notre société :
Le maghrébin voleur,
Le noir bon danseur,
Le Juif grippe sous,
L’Indien est Hindou,
Le Chinois, travailleur invétéré,
L’Italien, macho c’est forcé !
Nos esprits serviles absorbent
Ces conneries avec connivence.
Qu’on arrête d’être méfiant envers ceux
Qui de peaux, de religions sont différents.
Des cons il y en avait, il y en a et il y en aura encore et toujours.
Je ne veux pas être l’une d’entre eux.
Aimons-nous les uns les autres
Est un raccourci trop facile à emprunter.
RESPECTONS-nous les uns les autres
Est une manière de vivre très facile à adopter.

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