De toute beauté

Apolline

Désolée si les partages de mes textes se glissent dans votre boîte de réception, c'est juste une erreur anomalie depuis un bail du welo fantôme. On ne peut pas lui en vouloir :))



« Je préfère qu'on s'arrête là ». J'avais reçu ses mots comme un coup de couteau, un rendu du mien que je lui avais planté juste avant, de cœur à cœur. Ce choc ultime qui à son tour ravivait une plaie d'écorchure exactement au même endroit dans une poitrine d'antan d'amour explosé en cendres.     

« Je préfère qu'on s'arrête là ». Mon crâne voulait absolument m'arracher des larmes et les maintenir dans un lit de misères des jours entiers mais voici qu'imprévisible, tout s'est détaché de manière brusque et coupante au moment où j'ai fermé les yeux, quand ses mots devenus vivants se sont mis à fredonner dans mes oreilles, quand cette phrase récurrente a chaviré dans une autre voix grave, celle d'un autre homme qui avait tellement compté pour moi, longuement, dans la plus belle partie de ma vie. Sa voix inoubliable m'est revenue mais ce n'était pas ces mots-là qu'il me disait. Sa voix qui avait tremblé m'avait caressé d'un simple mot MERCI. Juste ce merci pour avoir pris son courage à sa place pour nous quitter. Je n'avais jamais rompu avec un homme que j'aimais toujours et je ne l'avais jamais autant pleuré les années perdurant. Ce qu'il y a de pire quand on a aimé, c'est d'avoir vécu avec un homme où ses émotions l'étouffaient au point que ses mots d'amour faisaient barrage et naufrage pour moi. D'avoir connu un homme pourtant si solide, si irréprochable aux yeux de tous, mais au prix d'une fin cruelle et déguisée à mon égard, au prix d'une fin de lâcheté, d'abus, de trahisons, au prix destructif d'en avoir payé à moi seule des pots cassés sans bruit sur mon dos déjà affaibli par la vermine. Alors oui, j'avais préféré qu'on s'arrête là. Calmement. À sa place. Et quand il m'a dit merci la veille de mon grand départ, le silence a pris sa place, suffisant pour que de ses joues se glissent des larmes fragiles, silence suffisant encore pour que de sa bouche humide s'échappe soudain une manifestation de grâce : je ne sais pas aimer. C'est alors que le silence s'est fait d'or… m'a accompagnée pour partir très loin, ne plus jamais me retourner. Laisser mon cœur se remettre d'une histoire d'amour qui rime sans retour. Et pourtant combien de fois l'avais-je rêvé SON retour parce que lui et moi c'était d'une évidence… et que ce qui avait fait décadence n'avait été autre qu'un manque, une apostasie de passage à niveau.


Et puis, un autre homme en même temps a débarqué, digne d'une réparation  inestimable de communion. Cependant, ce clin d'œil céleste de répétition n'agrémentera que le même genre d'homme dans le fond. Juste un fragment de son âme, irréprochable, mais d'une puissance poussée à l'extrême… corps, âme, esprit retournés, élevés au paroxysme du septième. Cet homme magnifique, les mêmes faux silences, les mêmes fuites, ses mêmes exigences en somme dans une relation impossible, muette où je finissais par me rendre absente, me jugeant de nouveau, invisible, insignifiante.

Mon amour se meurt toujours quand existe cette sècheresse, cette laideur qui nuisent à ma Vénus. Ainsi, celle-ci me pousse à renoncer et à le tuer mon amour, à le déchirer mon cadeau, mon bienfait de la vie…  d'un coup de couteau, moi la première pour qu'il cède, pour qu'il s'aide, pour qu'il m'aide…                    

« Je préfère qu'on s'arrête là ». Mes yeux s'ouvrent et c'est TOI que je contemple, mon amant, ma folie, mon interdit. Tu viens de me sauver. Tu viens de me soigner. ENFIN… Tu vois bien que c'était à toi de me l'annoncer, de faire valoir ton échappatoire, de toute beauté, dans tes ailes de liberté.  

C'est à mon tour aujourd'hui de répondre MERCI ! Sans tes bras, sans mes yeux mouillés. En sachant désormais ce que signifie le plus beau de tous les verbes : AIMER.


     

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