Delphine en ville chapitre 2

Cl Gd

Chapitre 2

Valréas, deuxième extrait du journal intime de Delphine mois de juin 1850

 

Le lendemain matin lorsque je me rendis à la maison familiale où se trouvaient mes sœurs et ma mère, ma mère me sauta dessus :

-Delphine, un grand malheur nous frappe.

-Que se passe-t-il ?

-Ta sœur attend un bébé. Elle a traîné avec l'ouvrier agricole alcoolique. Il retourne demain dans son pays d'origine. Il laisse ta sœur sans le sou. C'est lui le père de l'enfant. Hélas un grand malheur frappe notre famille.

Mon regard se dirigea vers ma sœur Sophie. Elle était plus petite que moi, beaucoup plus frêle et gentille. Elle était âgée seulement de 17 ans. La honte s'abattait sur notre famille. Ma petite sœur allait mettre au monde ce qu'on appelle un bâtard, un orphelin de père. Quoi que le père existe mais il a fui.

-Il faut qu'elle trouve un mari rapidement. Répliqua Françoise.

-Oui mais qui voudrait d'elle enceinte ? Répondit ma mère.

Ma mère était dans tous ses états. Elle paraissait inquiète, anxieuse. Elle faisait de grands signes avec ses mains.

Il est vrai que nous ne sommes pas riches. Nous vivons dans la campagne provençale. Nous travaillons dur pour nous nourrir. Et le fait que ma petite sœur soit enceinte va nous ruiner pendant quelques temps.

Je vais devoir certainement retourner à la ville pour travailler comme couturière ou comme gouvernante. J'étais déjà partie à  Lyon pendant 8 ans mais j'avais été exploitée par le maître de maison. Parce que je l'avais surpris en train de commettre l'adultère et qu'il voulait aussi le commettre avec moi, il m'avait lynché. Il savait que j'irai le dénoncer à sa femme, le salaud. Il était âgé et méchant.

J'étais revenue dans ma Provence quand mon père tomba malade. Il est décédé il y a six mois de cela. J'étais très proche de mon père et je n'arrive toujours pas à me remettre de sa mort. C'est pour ça que, dépressive, j'ai  décidé d'habiter la bicoque non loin de la maison familiale. Avant, elle appartenait à ma grand-mère et elle servait à garder des poules et des lapins.

-Nous allons être sans le sou pendant des années ! Ma mère s'exclamait haut et fort en gigotant les bras. Elle était catastrophée et comédienne.

Je savais que ma petite sœur lui fichait la honte. Elle voulait certainement la taper mais n'osait pas pour ne pas abîmer l'enfant. Un enfant reste un cadeau de Dieu.

Ma mère s'adressa alors à moi :

-Delphine tu ne nous sers plus à rien ici. Tu vas repartir pour la ville et pour de bon. Tu feras ta vie en ville. Tu te débrouilleras pour te trouver un mari.

Je n'osais pas me défendre face à ce que ma mère me chantait. Cela faisait depuis quelques temps que je comptais retourner à la ville pour refaire ma vie après la mort de mon père. Je savais aussi que ma mère voulait certainement se servir de la bicoque où je vivais actuellement pour y mettre ma petite sœur et son enfant. Aussi, ma mère était malade. Il fallait que je me débrouille à nouveau seule. Même si je travaillais dans les champs et sur les marchés, je ne gagnais pas assez pour me nourrir tous les jours et ma mère m'aidait. Le travail en ville me donnerait plus de sous pour survivre.

Dieu est comme un chat. Il nous aime mais nous laisse vivre des horreurs parfois, en se détournant de nous. Il est beau comme un chat et veut nous rendre comme des chats.

-Ma mère je ne peux pas me résoudre à vous contredire. Mais il faudra dans un premier temps que je trouve une place dans une famille pour gagner suffisamment d'argent pour ensuite m'installer comme marchande dans la ville.

Ma mère parlait toujours en patois provençale et j'avais du mal à comprendre les autres patois de France.

 

-Je vais tâcher de te trouver quelqu'un. Mais tu prendras ce que je trouverai. Je vais demander à mes contacts. Attends-toi à partir loin peut être.

 

 


 

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