Deux villes et un amour

unrienlabime

Deux villes et un seul amour Combien de temps m'a t il fallu pour l'ouvrir, pour laisser échapper ma voix, pour me libèrer avec des mots, pour y croire, pour me convaincre que je suis une fille d'ici et de la bas, d'ailleurs et de nulle part, surtout de nulle part car nulle part est un lieu commun à tous si tant est que l'on porte sans le savoir en soi les lieux de vie de nos prédécesseurs. Je crains toujours la question fatidique, la question qui me me coupe le souffle, la question qui fait rétrécir les murs: "vous venez d'ou? "' J'ai toujours et après 25 ans d'exil, encore une gène et une hésitation, comme une sensation de flagrant dèlit d'intrusion , une sensation étrange d'ètrangere , comme on dit expatriée , enracinée, déracinée, immigrée , intruse, délocalisée. La plaie est béante , je ne sais pas pourquoi à cet instant prècis je tremble de l'intérieur, le vent souffle fort, je flanche, la vague m'emporte et je manque d'air, si, bien sûr je je le sais mais je ne veux pas le savoir, "d'oú je viens? heu, je viens de chez moi, enfin de ma maison car j'ai une maison comme tout le monde, qui est dans un quartier qui a une adresse, vous voulez savoir ou j'habite? pas très loin d'ici ,je suis venue en voiture ou peut être à pied " Sinon je viens de loin et mon esprit est toujours ailleurs, avec les personnes que j'aime et qui m'aiment, ceux qui ferment la plaie d'un simple regard, ceux qui jalonnent mon chemin de randonneuse émerveillée par la beaute des autres, ceux qui me reconnaissent et que je reconnais au grès des rencontres hasardeuses, ceux qui me permettent de poser une pierre puis une autre, ceux qui guident mes pas, qui me font venir de quelque part pour aller encore quelque part. Pour moi les lieux n'ont pas de nom ou alors ils s'appelleraient Amour, Reconnaissance, Tendresse, Bienveillance, Sourires. Peu m'importe d'où je viens, oű je vais, les rues sont des visages aimès, mon seul pays est l'Amour. Je vois bien que je ne répond pas à votre question, que je vous laisse sur votre faim, mais je n'ai pas d'autre réponse. J'en ai mis du temps pour le comprendre, il m'a fallut tant de jours qui succèdent aux nuits qui succèdent aux jours pour me sentir en confiance, pour enfin aimer, pour me confier, pour m'ouvrir, pour me laisser aller, pour me donner telle que je suis, et pour donner , il m'a fallu plus de 20 années qui sont passées comme une sieste d'été pour me réveiller et réaliser que j'ai tant à dire, à transmettre, à partager avec les uns et les autres et j'ai décidé de ne plus répondre à cette question car entre la ville qui m' a vu naitre, me construire, m'aimer et celle qui m'a vu grandir encore plus, me découvrir , m'aimer un peu plus et renaître, je ne fais pas de choix car je les aime mes deux villes d'un amour sans nom J'ai autant de reconnaissance à l'une qu'à l'autre pour des raisons différentes. Aujourd'hui j'ose assumer les deux et me sentir chez moi dans les deux, j'appartient aux deux, je me sens aussi de défendre les deux même si elles sont un peu bancales, malades, souffrantes, boiteuses, elles ne souffrent pas forcément des mêmes maladies ,je soutiens les deux car en ètendant mes bras je construis un pont entre leurs rives et j'en suis fière. Parce que je connais les faiblesses, les failles, les doutes de l'une et de l'autre et que j'ai décidé d'être avec elles et non contre elles, de ne pas les laisser de côté, de leur tendre la main tantôt à l'une , tantôt à l'autre et de m'insurger contre quiquonque qui leur voudrait ou en dirait du mal et serait malveillant . De me battre contre toute personne qui contribuerai à leur faillite. Je suis en veille pour les deux. Alger, Montpellier, Je vous aime.

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