Du pouvoir des institutions

Lotüs Zoppa'leïnh

Lors d’une Assemblée dominicale, à une époque lointaine où tous les êtres humains connaissaient l’abondance et la paix, un Sage scientifique qui étudiait les mouvements des Astres a expliqué avoir vu que quelque chose de brutal allait se passer, bouleversant notre civilisation toute entière jusqu’à une époque encore indéterminée. Nous étions tous naïfs et heureux de vivre ; notre peuple possédait la connaissance du ciel et une carte précise des mers, savait créer des énergies et des champs magnétiques très intenses qui suffisaient à assurer l’agriculture, les transports ou encore la communication. Nous avions une culture très étendue et notre science dépassait ce que nous savons aujourd’hui; quant à notre Liberté, elle ne ressemblait en rien à ce qui se fait communément appeler de la sorte de nos jours.

Aussi, personne ne le crut quant à son annonce de décadence… et une lune plus tard, lorsque nous entrâmes dans l’ère du Grand changement, personne ne se rappela les paroles du sage, qui lui, déçu de si peu de considération devant sa science infaillible, avait plié bagages, pris sa navette pour on ne sait où. Plus tard des hommes affirmèrent qu’il nous regardait depuis le mont Sinaï, gravant des tablettes portant dix commandes de première nécessité, présageant déjà que l’humanité aurait à présent besoin de règles rigides… Ces mêmes hommes qui se nommèrent justement Grands Prêtres, Prophètes ou encore Empereurs, dans le but –et c’est ce qui fut développé pendant les siècles succédant à cette Ere nouvelle- de régir le comportement mauvais de l’humain, et de le sauver de lui même.

Ainsi, le jour du solstice d’hiver, un berger du nom de Joseph faisait paitre son troupeau de chèvres au beau milieu des épines dont elles raffolaient, non loin d’une branche du Nil reconnue et célébrée pour son limon fertile qui recouvrait la rive une fois l’année, faisant ainsi renaître tout un écho-système. Comme il avalait goulument le contenu de sa gourde de lait au miel, il aperçu quelque chose qui scintillait dans une crevasse en contrebas.

Il crut tout d’abord qu’il s’agissait d’un de ces icosaèdres retrouvés par des hommes à divers points du globe, caractérisés par leur importante force magnétique : Le plateau de Gizeh et ses alentours avaient déjà été ratissés dans le but de déterrer le dôme qui aurait permis de connecter entre eux tous les points d’étendues d’énergie électromagnétiques, ce qui aurait eu pour conséquence de créer un pont dimensionnel permettant une circulation extrêmement rapide et efficace.

Les yeux scintillant de même à l’approche de l’objet non-identifié qu’il avait cru reconnaitre au loin, Joseph s’approcha en s’assurant de la stabilité du sol avec son bâton de berger. Se faufilant avec peine entre les parois rigides de la grotte, il parvint néanmoins à s’introduire dans la petite cavité. Au sol, le berger fut surpris de ne pas découvrir la ressource escomptée ; devant ses pieds enveloppés de cuir de vache se trouvait une petite malle en or massif. A l’époque dont nous parlons, ce genre de métaux n’étaient utilisés que comme conducteurs de courant et servaient simplement de matériel tout à fait banal, utilitaire. Cependant la forme pyramidale du coffre l’intriguait d’autant plus que la partie supérieure de l’objet était nettement détachée de sa base.

 Prenant une profonde inspiration, il ouvrit l’étrange boîte et y découvrit, incrédule, une liasse de papiers qui semblaient être des copies de copies d’eux-mêmes, tous de la même épaisseur et de la même blancheur atypique. Y étaient rangées, en première page, des lettres proportionnées par une machine –sans aucun doute ; voici ce qui était écrit : Manuel de mécaniques monétaires modernes. Le berger, abasourdi, prit l’ouvrage avec lui et le ramena chez lui le soir venu. Il se plongea alors dans la lecture attentive du précieux document découvert, et comprit, au fil des lignes, qu’il s’agissait ni plus, ni moins, d’un moyen de contrôler le monde. Alors, il eut la malveillance d’espérer acquérir ce pouvoir, de créer ce que l’on appela plus tard le profit : son appétit de posséder et de contrôler grandit dans son esprit corrompu, jusqu’à faire de lui non pas un homme comme il en est à la naissance, innocents et purs ; mais le prototype de l’omnipotent animal doué de conscience et d’anticipation qui assurent son règne dans la chaîne alimentaire. Une sorte d’Homme qui n’aurait dès lors qu’une aspiration : assoir son pouvoir sur ses congénères. Ainsi naquit l’argent, qui donna par la suite naissance à la religion puis à la monarchie, jusqu’à notre décadent XXIème siècle, fissuré par l’infâme conditionnement comportemental des gens, allant même jusqu’à l’aliénation mentale par la dépendance au Système.

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