Ecrivez vous

elisabetha

Je suis née d’une histoire d’amour. Mon père avait 20 ans de plus que ma mère.

Elle, belle fleur de soleil (marocaine) et lui(polonais ) perdu dans sa rêverie de survivant, éternellement coupable. Portant en lui « la guerre des autres ».

Ma mère au contraire était une femme exubérante, extrêmement charnelle, belle, autoritaire et explosive.

J’ai donc pris la sensualité de ma mère et la tristesse de mon père, d’où cette mélancolie qui façonne mon écriture.

De l’enfance j’ai connu le parfum des roses, la peur du noir et des serpents.

De l’adolescence je garde des souvenirs de romans, des rêves et aussi des regards d’homme très pervers qui me prenaient déjà pour une femme.

Quand mon père est mort, je n’avais que 19 ans. Ma vie intime a commencé après. Mon père était un gardien des mœurs de son temps : la virginité d’abord.

Ma vie d’aventurière a commencé vers 22 ans. Dans Paris. Avec ma cousine. Insouciante, jamais amoureuse. Ma cousine avait choisi les plaisirs de l’argent, moi celui des arts.

Et j’ai ainsi flirté avec quelques écrivains connus, dans des lieux mythiques de Montparnasse ou Saint- Germain.

Puis vint l’amour. Amour fou, passion absolu, pour un comédien qui récitait Apollinaire sur le pont Mirabeau, d’une voix rauque  à  laquelle toute mon âme appartenait.

C’est avec lui que j’ai découvert la « folie d’écrire ». Écrire pour lui, c’était juste comme Respirer.

Respirer pour lui c’était « jouer ». Jouer des pièces de théâtre, mais aussi des parties de poker, fumeur infatigable, funambule de la nuit que la mort a ravi si tôt.  « Vicky » portait en lui la tragédie de vivre.

 

Cette rencontre pour moi est restée unique. Après c’est une autre vie qui commence : rangée, constructive, travailleuse, maternelle. Sans manques mais pleine de trous, par lesquels s’infiltrait l’ennui.

Le reste est une histoire bizarre. Pourquoi la même année j‘ai du affronter un cœur  malade, des poumons  aux alvéoles détruites, et autre « diabète » qui m’ont définitivement livré à la médecine ?

De mes belles rondeurs, je ne garde rien. Seule une poitrine taille 95 bonnet C a su résister à l’ouragan qui m’a fait perdre plus de 15 kilos en 5 ans.

 

Difficulté à se reconnaître, gens qui vous regardent avec étonnement ou inquiétude, et pour moi un vrai dégout d’être maigre.

Il y a dix ans je m’étais écrit une lettre qui commençait ainsi : « Belle et rebelle » ces deux mots ne sont plus dans mon vocabulaire.

Mais j’ai encore l’envie d’être heureuse, de déifier les instants, les regards, la jeunesse que je croise chaque jour.

Me souvenir du passé et faire du présent une mémoire pour demain. C’est pour cela que j’écris ici ou ailleurs. Ne pas oublier mais aussi ne pas l’être des autres. Vivante, toujours sur le fil de l’émotion, entre sourire et mélancolie.

 

 

 

  • Cher balneon

    j'ai trouvé ton commentaire très gentil, comme un geste de tendresse.


    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Mon cher Paul

    ton commentaire est très complet et ton coup de coeur a donné une grande dynamique à mon texte. merci de ta fidélité.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Je n'aurai pas du écouter de piano en lisant votre texte, très beau témoignage.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Sans titre 21

    balneon

  • Bonsoir Élisabetha,

    Un texte magnifique qui tout simplement emporte mes larmes ! Savoir livrer un peu de soi, dans son intimité, avec tant de délicatesse, c'est bien ce que dit ta phrase : "Me souvenir du passé et faire du présent une mémoire pour demain." !
    Mille mercis à toi pour ce très émouvant témoignage écrit dans une rhétorique parfaite.
    Bravo, vraiment !
    Cinq petits coeurs et cdc pour moi !
    À bientôt de te lire.
    Bien amicalement.

    Paul Stendhal

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Icone avatar

    Paul Stendhal

  • merci stephan de ton commentaire tout en délicatesse! cet exercice de se raconter est assez fabuleux. Personne ici ne l'a raté, personne ne s'est raconté de la même manière non plus. Parfois je regrette de n'avoir point d'humour mais on ne peut pas(se) changer.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Oui prends soin de toi, de tes origines racines si "encrées" dans la phrase qui propose le partage. C'est un texte tout en émotions, finesse du non-dit pressenti. Bravo et merci d'avoir livré ainsi les grandes lignes de ta vie

    · Il y a plus de 10 ans ·
    La main et la chaussure

    Stéphan Mary

  • chouette! je suis rassurée sur mon essai. Je prends soin de moi et mon mari aussi.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Je trouve l'essai bien réussi. Une vie montrée dans ce qu'elle a d'important et d'émotions!
    Ne retirez pas de mots de votre vocabulaire please, même deux seulement! Apolline le dit bien: prenez soin de vous!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • t'es cool! peut-on être artiste et ne pas avoir souffert? Je crois que la réponse est non.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • aide moi marie à dire autre chose que merci. Ma mère s’appelait Marie. Et bizarrement toutes les Marie que j'ai rencontré étaient pleine de bienveillance pour moi(sur internet je parle) ailleurs j'en connais pas beaucoup.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Un texte écrit avec la passion qui t'habite, les émotions sont là !!!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    W

    marielesmots

  • merci. Comme c'est un essai, difficile de savoir ce que les autres en penseront. c'est encourageant(si vite).

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • C'est prenant, merci pour ce texte,

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Patriciasaccagi

    patrizia

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