Enfance

Mélanie Courtois

Dans ces rues un peu désertes, flotte le parfum de mon enfance.
Et qu'elle sent bon cette fragrance aux subtiles notes de liberté, elle qui embaume mes souvenirs et la folie qui les anime.
Je me souviens de l'épicier, connu des enfants du quartier, de ces bonbons subtilisés cachés au fond de nos poches d'écoliers.
Des batailles d'œufs improvisées qui venaient colorer l'asphalte et faire partir nos rires d'éclats.
C'était le temps des papillons qui font valser les creux du cœur et des journées gorgées de douceur et d'été.
Dans nos errances quotidiennes, je nous revois sauter les murs, entrer en douce dans les jardins, goûter ainsi aux balançoires et au plaisir de l'interdit.
Sur la place que nous aimions tant, je regarde mes filles courir et des images soudain m'assaillent.
Comme celle de nous jouant aux pauvres, que nous n'avons jamais été, à faire la manche pour récolter un bout de pain et quelques pièces.
C'était début 90 et l'an 2000 semblait si loin.
En passant devant le terrain vague, qui de nos jours n'est plus si vague, je me rappelle de ces manèges, de ces tours d'auto-tamponneuses avec mon tout premier amour.
Je nous retrouve calepins en main, à espionner les maisons vides, à s'immiscer dans des endroits peu fréquentables pour des enfants d'à peine douze ans.
L'adrénaline, jamais la peur.
Je n'oublie pas toutes ces personnes apostrophées par l'insouciance, de la femme triste et sans culotte au vieil homme au béret gris.
De nos chahuts dans l'église, de ces sonnettes tirées cent fois, de nos premières cigarettes, premiers baisers, premières peines…c'est vous, c'est moi, c'est notre danse, c'est tous les charmes de mon enfance.
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