Faire la cour, c'est long

Hervé Lénervé

Avant, une bonne cour se faisait durant trois à cinq ans.

Un fringant gentil-homme et une gente demoiselle avait pris pour habitude, de se promener le long du chemin de halage qui longeait le canal, sinon il ne servirait à rien.

- Mon amie, depuis le temps que nous nous fréquentons, je dois vous avouer, que je n'ai plus de souplesse d'esprit en votre présence.

- Pourquoi ? Je vous intimiderais, donc ? Dit la coquette d'une moue grâcieuse.

- Je le crains, en effet. C'est la raison pour laquelle, j'ai écrit un petit texte pour évoquer mes sentiments à votre égard. Je vais vous le clamer.

- Clamez ! Clamez ! Mon cher.

- Oh, mon amour, tenu au secret, caché au plus profond de mes soupirs, je pense à toi. Je pense à toi du réveil à l'endormissement. Après, je pense à une autre, dans mes rêves, pour me reposer un peu. »

Voilà, c'est un peu cru, je vous le concède, mais qu'en dites-vous ?

- Je me demande si vous ne seriez pas un peu épris de moi, par hasard ? Ponctua la belle, d'un petit rire de gorge qui mourut dans un sourire soleil.

- Attendez ma chère amie, je cherche dans mes notes. Oui, voilà.

« Je ne suis pas qu'un peu épris de toi. Je te prends tout entière, debout, assise, couchée, par devant, par derrière, par-dessous et plus si affinité. » C'est très cru, veuillez m'en excuser.

- Dois-je comprendre que vous ne me détesteriez point, moins que rien, mon amie ?

- Soyez plus claire, ma chère. Précisez votre demande, ma mie.

- Vingt-deux heures derrière l'église ! Et je ne suis pas ta grand-mère.

- Une minute. Mes notes. Voilà. « J'y serai, pile-poil, ma poule, chauffe ton cul, j'arrive ! » C'est très cru, j'en concède.

- C'est cool !

- Que de temps perdu avec toutes leurs conneries, quand même.

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