Fleur morte
veroniquethery
Il me fallait donc m'allonger. Une fois de plus, je soupirais. Puis, m'abîmais dans la contemplation des tableaux qui ornaient les murs. Des aquarelles à droite : plantes dessinées avec délicatesse qui me permettraient d'oublier où j'étais. Se perdre dans les corolles allait m'occuper un bon moment. Cette constatation permit de me calmer légèrement. Une bouffée de liberté ! En face de moi, une bibliothèque en merisier. Sans mes lunettes, impossible de déchiffrer les titres. Quels types d'ouvrages pouvaient y trouver demeure ? Je ne connaissais pas assez le propriétaire des lieux pour émettre plus que des hypothèses. Sans doute quelques encyclopédies, si j'en jugeais par l'épaisseur de certains volumes. Bon nombre de médecine, vu son métier. Des ouvrages consacrés à l'art, pour épater la galerie de ses amis. Probablement peu de romans. Il devait préférer la réalité brutale aux fictions bovaryennes. Mon cœur s'agitait et poussa mon regard vers la gauche. Sur une commode imposante, une série de bocaux. Vides ! Désespérément vides. Comme les âmes de ceux que je côtoyais. Comme...
- Les ventres des femmes qui ont fait ce choix.
Sa voix est douce. Impitoyable, mais soyeuse comme la peau d'un serpent. Avez-vous déjà caressé le corps d'un reptile ? On l'imagine froid et rugueux, alors qu'il est si agréable au toucher. Un ton hypnotique. Je n'entends plus ce qu'il dit. J'entends une autre voix. Venue du plus profond de moi.
Mon bébé, petite fleur hivernale venue trop tôt. Pourquoi a-t-il fallu que tu veuilles naître ? Je n'avais rien à t'offrir. Le vase était brisé depuis si longtemps.
J'écarte les jambes, lentement. Ma jupe traîne déjà sur une chaise. Il s'approche de moi, se penche vers moi, glisse en moi. Le venin jaillit, m'inonde et je me noie dans cet océan de souvenirs :
Étreintes moites
Mon âme éteinte
Maman, où es-tu ?
Maman, pourquoi pars-tu ?
Maman, tu ne me vois plus ?
Papa est encore là
J'ai si mal. En moi.
Je me suis relevée. Le sang coulait. Un flot de vie qui s'échappe. Son regard étonné. Il ne me reconnaît même pas. Tant d'années écoulées. Son gros ventre béant. Vide comme les bocaux. Vide comme le calice qu'il a jadis saigné d'une fleur hivernale venue trop tôt. Bourgeon monstrueux. Rosier incestueux. J'ai tranché le cep des amours mortes.
Étreintes mortes Mon âme éteinte
Maman, où es-tu ?
Maman, ne t'en fais pas !
Maman, tu me verras
Papa n'est plus là
Tu auras si mal. Bientôt. En toi...
C'est bouleversant et tellement bien écrit...
· Il y a plus de 5 ans ·hypotypose
Je vous remercie.
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
kissous
· Il y a plus de 5 ans ·vividecateri
Bisous Vivi !
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Je reste sans voix !
· Il y a plus de 5 ans ·nyckie-alause
Parce que ça vous a plu ? Ou l'inverse ?
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Quand cela me déplait, soit je râle soit je me tais…
· Il y a plus de 5 ans ·nyckie-alause
Ah cool alors !
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Eh be, la qualité de tes derniers textes m'épate. De quoi titiller mon ego pour que je me remette sérieusement à l'écriture.
· Il y a plus de 5 ans ·petisaintleu
Merci du compliment !
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
triste et bouleversant
· Il y a plus de 5 ans ·margot27
Merci Margot !!!! Bisous mon amie !!!
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Terriblement émouvant !
· Il y a plus de 5 ans ·Louve
Merci
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Je rejoins Ade, bouleversant ...
· Il y a plus de 5 ans ·marielesmots
Merci ! C'est un sujet délicat et je suis heureuse d'avoir atteint mon but, d'après vos réactions
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery
Un texte fort et puissant sur un sujet délicat.
· Il y a plus de 5 ans ·ade
Merci beaucoup Ade !
· Il y a plus de 5 ans ·veroniquethery