Formule fatale_

Isabelle Mannier

SYNOPSIS LSM épisode 1 « Formule fatale »

Le 6 mars 2010 un collier d'une valeur inestimable est volé au Sheik Abd Al Karim Al Saoud lors de sa présentation privée dans la suite impériale au sommet de la tour Burj Khalifa de Dubaï. La voleuse s'échappe en deltaplane et disparaît ainsi que ses deux complices. Pour Jack Spacey, directeur du secteur Europe de la CIA, il ne fait aucun doute que ce vol rocambolesque est l'œuvre de Lady Sin Marlone. Il poursuit cette arnaqueuse depuis plusieurs années, sans avoir réussi à prouver son implication ni à trouver son identité réelle.

Mais Spacey est limogé de la CIA pour avoir refusé de couvrir les histoires de mœurs d'un sénateur bien placé dans la course à la Maison Blanche.

Alors quand on lui propose de monter sa propre équipe pour mener des enquêtes sous l'égide de l'ONU, en toute indépendance et avec des moyens financiers conséquents, il décide de recruter des éléments en dehors du circuit officiel et les qualifications de LSM s'imposent comme une évidence.

Pour la convaincre, il se rend en Thaïlande où elle dispute un tournois de muay thaï. Et pour être encore plus convainquant il lui propose un marché : sa collaboration en échange de l'immunité de toutes les poursuites. LSM est-elle dupe de son bluff ? D'abord réticente, elle joue la dédaigneuse puis la séductrice et accepte finalement une première mission par goût de l'aventure.

L'équipe nouvellement constituée se rend à Genève où se tient une conférence sur l'avenir sanitaire de l'Afrique. LSM est chargée d'approcher le docteur Patrick Larrieu venu récolter des fonds pour son ONG qui distribue des médicaments génériques aux populations les plus défavorisées. LSM choisit une méthode d'approche très directe qui agace Spacey. Mais son efficacité est indéniable : Larrieu est sous le charme de cette sublime journaliste qui souhaite écrire un papier sur lui. Il lui propose donc de le rejoindre en Afrique. Au Zimbabwe, LSM se rend compte que Larrieu n'a pas que des amis. Au cours d'une excursion vers un village reculé dans la montagne ils sont enlevés par un groupe de trafiquants de diamants qui voit d'un mauvais œil l'arrivée d'étrangers sur leur territoire. Sin parvient à les libérer mais alors qu'ils s'enfuient c'est un groupe de mercenaires qui kidnappe le jeune médecin.

Spacey est prévenu par un ancien collègue : la CIA et le SVR russe s'intéressent de près à son client.

Ancien chercheur chez Weiser-pharma, le jeune médecin appartenait à une équipe chargée de mettre au point une molécule révolutionnaire capable de masquer d'autres molécules. Cette découverte pourrait permettre de détourner les brevets existants, de masquer des produits dopants ou même de transporter des virus mortels sans détection possible.

Mais des restructurations dans le groupe pharmaceutique ont poussé Larrieu à démissionner, emportant avec lui le secret de la stabilité de l'édifice moléculaire. Ses anciens employeurs sont certains que Larrieu veut monnayer son savoir-faire et eux-mêmes craignent de se faire voler leur découverte par la concurrence avant d'avoir pu déposer le brevet. D'autre part, les USA, la Russie et la Chine sont particulièrement intéressés par les implications militaires d'une telle molécule dans une éventuelle guerre chimique. Sans compter la menace terroriste que laisse planer une telle arme chimique. Et si le Mossad israélien avait anticipé la menace en supprimant l'inventeur ?

LSM va avoir fort à faire pour démêler cet imbroglio chimico-politique.

Aidée de l'équipe et de ses propres complices, Sin suit d'abord la piste russe. En effet le père de Larrieu était un transfuge de l'ex-URSS, revenu au pays après la chute du mur. Physicien, il travaillait dans des projets d'armement nucléaire secrets. Qui a-t-il trahi ? Sa mort dans un « accident » paraît suspecte à son fils. Souhaite-t-il le venger en offrant sa découverte à son pays d'origine ? Ou aux USA ?

Spacey contacte Iasov, un ancien agent infiltré au KGB. Grâce à lui, Sin retrouve Larrieu. Ils sont poursuivis par Talienko, tueur du SVR. Iasov les aide à fuir, puis tente d'éliminer Sin. Est-il un agent double ?

De son côté, Weiser-pharma fait monter la pression sur l'équipe de Spacey : le contrat avec l'armée américaine doit être signé dans trois jours, il leur faut absolument la formule pour déposer le brevet avant.

Méfiante, Sin prend les choses en mains : elle fait le ménage parmi tous les agents qui poursuivent Larrieu et l'accompagne à la banque Suisse où il a caché la formule. Mais la banque est attaquée par une armée de truands chinois qui enlève Larrieu. Sin reçoit alors un ultimatum : la vraie formule contre la vie de Larrieu.

Sin monte une arnaque pour le sauver et confondre le laboratoire : ce sont eux qui font monter les enchères en jouant sur tous les tableaux, la formule n'est pas stable.

Finalement LSM et Larrieu profitent de vacances bien méritées sur une île paradisiaque. En jouant dans le sable, il a une inspiration. Qui peut rapporter gros.

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PORTRAIT HEROINE

(Extraits des dossiers secrets de Jack Spacey, CIA).

Identité réelle inconnue.

Prénom  :

Sin (Sinead ?).

Porte le titre de Lady Marlone depuis l'acquisition en 2005 du domaine de Marlone, comté de Cumbria, Écosse. Anoblie par la Reine d'Angleterre, semble avoir ses entrées dans la haute société et la jet-set (annexe 1). Liaisons supposées avec des stars internationales acteurs(trices) chanteurs(ses) ( non vérifié).

Éléments d'identification :

Analyse biométrique faussée car empreintes digitales falsifiées, données rétiniennes conduisent à de multiples fausses identités (annexe 2). Fichier Interpol : néant.

Taille : 1m70. Race blanche type européen (slave ou scandinave ?). Yeux verts (?). Corpulence moyenne (plutôt fine et musclée, voire athlétique).

Selon descriptions des différents témoins : racée, distinguée, pulpeuse, sensuelle, animale, fatale, renversante, une bombe, carrément bonne (sic).

Mais aussi : banale, normale, rien à signaler une nana comme les autres (?) (détails annexe 3). Particulièrement douée pour le changement d'apparence.

Données biographiques disponibles :

En cours de vérification.

Pistes évoquées :

Lien avec la secte « L'immédiate sérénité » dont le gourou Maha Sariputra, (John Ed Pittman) s'est évaporé avec plusieurs millions de dollars après le suicide collectif de soixante-quinze membres de la secte, novembre 1999. ( parenté avec une des victimes ? Lien personnel avec Pittman ?).

Lien avec la mafia russe (cf Irina Volskaïa dossier SVR Ivan Gorski). Supposément fille de l'ex-apparatchik Fédor Balkov (annexe 5 section Natacha Vlatine) dont la Bentley a été bétonnée au fond de la Volga en août 2006. Supposément maîtresse de Youri Staliov dit « le tsarévitch » pendu dans une armoire d'un bordel SM de Stuttgart (dossier CIA Al Sullivan). Supposément maîtresse de Tatiana Kaliatine dite « la rouge »(annexe 7).

Lien supposé avec le duc de Marlon dont elle a racheté le domaine et le titre (annexe 1 et dossier MI5 John Mac Cartridge).

Lien supposé avec un acteur français, un milliardaire allemand (annexe 4 filiation).

Formation :

Diplômes d'universités sous des identités variées.

Parle couramment 5 langues : français, anglais, espagnol, russe, allemand. Bonnes connaissances en arabe et en chinois mandarin.

Licence de pilote avion et hélicoptère, parachutisme, parapente (annexe 6 section Dubaï).

Arts martiaux, a participé et remporté plusieurs compétitions de niveau mondial sous diverses identités (annexe 2).

Manie parfaitement les armes, excellente tireuse, a certainement reçu une formation en explosifs.

Revenus :

Aléatoires (annexe 1).

Profession :

Indéterminée.

Nombreuses arnaques niveau international visant truands ou hommes d'affaires véreux (annexes,5,6,7). A prouver..

Complices :

Irina Volskaïa directrice des ballets Volskov, née Igor Volskov (dossier).

Tao et Lala contorsionnistes (dossier).

Important réseau (annexe 7).

Caractère :

Méthodique, rigoureuse, volontaire, intrépide, fiable, aventurière, vénale.

A RECRUTER EN PRIORITE.

 

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SCENE ACTION

Au cent cinquante neuvième étage de la Tour Burj Khalifa, l'agent James Flint était nerveux. Pourtant tout se déroulait très bien. Les cinquante invités semblaient aussi ravis de l'ambiance que du magnifique panorama qu'offrait la plus haute tour du monde sur le ciel sans nuage et les gratte-ciel de Dubaï. Quant au sheik Abd Al Karim Al Saoud , il tressautait de plaisir sur son fauteuil doré à l'or fin spécialement renforcé pour supporter son double quintal. Sur le plateau en or massif d'une table basse reposait le clou du spectacle : le collier d'une sultane au nom imprononçable et dont la légende se perdait dans les confins de l'histoire. Mais pour Flint savoir que la valeur du truc était inestimable et directement liée à la suite de sa carrière suffisait à provoquer de grosses gouttes de sueur qui mouillaient le col de sa chemise. Heureusement l'attention générale était focalisée par les danseuses.

Deux d'entre-elles surtout se lancèrent dans un numéro de frôlements qui attira tous les regards. La plus petite se coulait au rythme de la musique tandis que l'autre tanguait au-dessus d'elle en une caresse lancinante.

Le sheik bavait, Flint lui-même avait du mal à lever les yeux du spectacle.

Puis la petite se dégagea d'un coup de rein pour se lover sur la table basse. Sa taille fine vint emprisonner le plus gros diamant du collier dans son nombril pour l'emporter d'un bond. Un Oh admiratif s'éleva de l'assistance, tandis qu'elle jouait à rouler les joyaux sur ses abdominos. Flint crut que le sheik allait avoir une attaque. L'autre danseuse fit alors trois pas, laissa tomber sa robe et, nue comme la convoitise qui brillait dans tous les regards, revint se coller contre sa partenaire pour lui voler les diamants d'un mouvement de lèvres.

Les applaudissements éclatèrent.

Puis ce fut le chaos.

Par la suite, Flint revivrait des millions de fois l'enchainement machiavélique de la scène : la première danseuse tournant une roue humaine qui écartait la foule ravie, puis la baie vitrée éclatant en une gerbe de verre tandis que l'autre danseuse plongeait dans le vide en un saut de l'ange parfait.

Une bourrasque dévasta l'appartement dépressurisé. Dans la panique, Flint vit la fille emporter les lattes de rideau transformées en ailes de deltaplane. Il jura, eut l'horrible certitude que sa carrière s'envolait aussi. Il hurla dans son portable. Surgi d'une terrasse voisine, l'hélicoptère de la sécurité prit aussitôt la fugitive en chasse .

― Tuez-la mais n'abîmez pas mon collier ! couinait le Sheik.

Les ailes glissaient sur la ville, portées par les vents. Le rotor vint menacer ce fragile équilibre.

Sin amorça un nouveau virage, l'F-28F à ses trousses. L'air cinglait son corps seulement vêtu du précieux collier. Par chance, les courants aériens la rabattaient vers la ville, compliquant la poursuite pour le Falcon.

Ils entamèrent un ballet affolant. Si l'engin s'approchait, elle repliait les ailes pour perdre de l'altitude. Ils slalomaient entre les buildings, chaque virage menaçant la toile ou les pales. Les tourbillons mécaniques étaient plus puissants, mais les ailes plus maniables et elle parvenait in extremis à s'échapper dans une chute vertigineuse qui lui soulevait le cœur.

Enfin elle reconnut son but.

Crispé sur ses jumelles, Flint vit le panneau publicitaire se dresser devant eux et la fille plonger. Il ravala un ultime juron : une des pales heurta le cadre et la course prit fin dans une gerbe qui illumina le ciel de Dubaï.

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SCENE EROTIQUE

Jack Spacey mordait son sandwich en guettant le moniteur. Il faisait une chaleur d'étuve dans le véhicule de surveillance garé sur l'aire des camping-cars, au bord du lac. L'hôtel était à deux cent mètres. Autant dire que Marlow jouait en électron libre, ce qui n'était pas rassurant en soi.

― Cible en visuel, fit justement la voix de Sin, parfaitement claire. Hmm, il est encore mieux que sur les photos !

Le ton agaça Spacey qui demanda à Ray hors micro :

― Tu es sûr qu'on ne peut pas nous intercepter ?

― On utilise une longueur d'onde que seul un chien pourrait percevoir. Et je doute qu'il cafte.

L'émetteur était greffé dans une boucle d'oreille et le tympan agissait comme amplificateur. On lui avait déjà expliqué, mais cette première mission rendait Spacey nerveux.

― Ok, lança-t-il. Début de phase d'approche. Et pas de blague !

― Relax, susurra Sin, je prends les choses en mains.

Un peu trop ironique. L'écran afficha alors son message piraté sur le portable de la cible. Spacey faillit s'étrangler en le lisant.

« J'ai envie de vous ».

Le docteur Patrick Larrieu sentit un frisson de surprise parcourir son échine. Il était engoncé dans son smoking et son nœud papillon le gênait. Son regard quitta le portable pour parcourir l'assemblée réunie dans le hall de réception. Une centaine de femmes en robe de soirée s'égayaient parmi autant d'hommes en smoking, soit beaucoup trop de possibilités. Il but une coupe de champagne avant de demander :

« Qui êtes-vous »

Une femme le frôla, blonde, pulpeuse, accompagnée. Elle s'excusa d'un rictus.

« Erato »

La muse de l'érotisme. Il ajusta les plis de sa veste d'une main fébrile et ne put s'empêcher de sourire. Voilà qui égayait une soirée plutôt ennuyeuse. Un bras se glissa sous le sien, il tressaillit délicieusement.

― Cher docteur Larrieu, vous êtes magnifique. Soyez mon cavalier !

La comtesse Van Haspen avait quatre-vingt ans et une fortune qui lui permettait une générosité non négligeable. C'était aussi l'une des organisatrices de la soirée. Il lui accorda donc son plus charmant sourire. Elle l'entraîna parmi l'assistance pour présenter son œuvre dans des termes élogieux :

― Un des plus grands espoirs de la science et de l'humanité. Un homme de bien. Un saint !

Il tâcha de répondre aux questions qui fusaient tout en jaugeant son public féminin. Trop âgé, pour la majorité. Parmi ces dames minaudant avec lui, aucune ne parut assez hardie pour être sa muse.

« Froid » confirma-t-elle. Pris au jeu, il commença à lorgner les décolletés, les courbes. Son regard caressait les dos largement dénudés, la chair blanche et offerte des poitrines. Il s'échauffait sur des hanches jeunes et appétissantes, les messages le grisaient :

« Glacé ».

« Polaire ».

Parfois une main palpait son dos, se perdait sur sa cuisse. Il se retournait alors trop vite mais échouait sur un regard surpris, pas toujours féminin.

Soudain il fut près du but :

« Brûlant ».

Son érection tendit la flanelle trop fine. Une voix susurra à son oreille :

― Je suis à vous docteur.

Elle était sublime, affolante, le poussait déjà derrière une porte dérobée.

Sin mesura sa victoire d'une simple caresse. Il bandait, la dévorait des yeux. Elle se colla contre lui. Il l'embrassa furieusement tandis que ses mains soulevaient sa robe. Il la pénétra aussitôt. Elle lui mordit la langue et se cambra pour accompagner son rythme. Il était puissant, animal. Ils jouirent dans un même souffle, silencieux et triomphal.

― Ça pour une phase d'approche, commenta Ray.

― La ferme ! aboya Spacey.

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