idk

Rima Vya

En ouvrant les yeux ce matin, j'ai mis quelques secondes pour réaliser où j'étais, pourquoi mon lit avait perdu soudainement cette mollesse. Les quelques lumières qui filtraient à travers les rideaux me laissaient entrevoir ma chambre. J'en avais perdu toute notion. Les mois passés me semblent à présent déconstruits, comme gâchés par la stagnation de ce nuage gris et informe au-dessus de ma tête, auquel je me suis habituée sans m'en rendre compte. Me voilà assise de nouveau devant cet écran lumineux, à cogiter çà et là. Devant l'ombre de moi-même pour écrire enfin comment tout ceci m'est revenu en pleine face il y a seulement quelques jours. Où était mon esprit. Il semblerait qu'il se soit enfoui derrière un voile profond d'indifférence, un abject détachement vis-à-vis de ce qui avait pu m'animer quelques années auparavant. Il est devenu dur comme une pierre froide si bien qu'autour de moi, tout me semblait creux. Une foule de personnes qui ne pouvaient désormais plus m'émouvoir ou me transporter de haine. Le regard vague, je m'animais sans savoir où j'allais, portée passivement par le courant des autours. Mais voilà qu'arriva cette présence nouvelle. Arrivée soudainement sur le mécanique chemin qui s'allongeait devant moi, elle s'imposa comme le catalyseur d'une réminiscence, celle d'un passé presque oublié, resurgissant avec une intensité nouvelle. Je me plus à l'apprivoiser, m'égarer dans ses paroles jusqu'à ce que les maux soient remplacés par sa douceur... Je me suis sentie perdue, désarmée devant ce flot nouveau et vivant. Je m'en suis voulu de m'être laissée happer par la morosité tout ce temps. Ce confort dans lequel je berçais depuis des mois m'apparut d'un coup si malsain... Comme un corps de femme s'effeuillant langoureusement, la vérité se dénudait peu à peu ; je revivais. Et cette pensée me fit fuir. J'eue peur de découvrir quelque chose de plus profond, de tellement inattendue que l'édifice que j'avais pu bâtir jusqu'à présent s'en serait trouvé effondré. Fragile et lâche d'admettre que cela m'étreignait les entrailles. Mais au souvenir d'hier, je sais que l'avenir est incertain et traître, que jamais il ne me laissera goûter l'utopie des lendemains espérés. Laissons. Il ne faut plus s'égarer. Pensée lascive et entêtante. Je rêve des heures passées, à tes côtés. Je les imagine toujours plus douces à chaque fois, cherchant naïvement à me rapprocher de toi. Toi. Toi qui n'es pas là ce soir et qui m'est devenu soudain si lointain. Je songe et regrette les moments où j'aurai pu profiter de ta présence et que j'ai bêtement laissé filer pour m'isoler. Maintenant que je suis seule devant cet écran, j'attends inlassablement un mot de toi qui me ferait sourire et me dirait que tu penses à moi, que je ne fais pas encore partie d'un passé oublié. Mais tu ne m'écris pas, et l'espoir s'amoindrit sous ton silence. Je me sais irraisonnable et emportée. Je le sais mais je m'obstine à penser que les choses aujourd'hui ne sont plus les mêmes. Chaque fois, c'est une nouvelle histoire, n'est-ce pas ? Alors je me plais à fantasmer ta personnalité à partir des infimes parcelles de la réalité que j'ai pu entrevoir en toi. De là, naît toujours la déception, me suis-je dit... Sur ce trottoir baignant sous le soleil matinal à peine chaud, à demi réveillée. L'idée du manque avait déjà commencé à s'insinuer dans mon esprit. Et je n'ai pas eu la force de « courir » pour tenter de tout rattraper comme dans ces films... Pour tenter de te dire tout ça. Peut-être que j'aurais dû. Ce qu'il restera de tout ça, ce sont seulement ces quelques mots alignés, rédigés en pensant à toi.

  • J'ai lu tes 4 textes. Ils me parlent véritablement. Envieuse et touchée, je m'y retrouve. D'où l'abonnement. Merci pour ces mots, Marie.

    · Il y a presque 5 ans ·
    S l300

    colonelle

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