il faut que je mange un truc, du pain , un timbre ou la bite d'une charogne

romualdmartin

poésie sur un quotidien
pendant que le chômage pionce, affalé dans le salon
ronflant comme une grosse merde que personne ne veut tuer
j'ai la banque à la porte
pas le bâtiment, ses sbires, clowns-fossoyeurs de rue
ils cognent, demandant du fric
un rein, la tirelire du petit ou une pipe
je les discerne à la fenêtre
assis dans un corbillard soviétique
les saloperies tapis derrière les vitre fumées
guettant si j'achète un timbre ou peut être de quoi bouffer
ils guettent mon fric, mon sang, mon foutre
une banque reste une banque
je les observe passer le coupe papier sous la porte
au cas, ou par bonheur, ils pourraient récoler des centimes
tombés par mégarde quand je les comptais pour écrire le futur
fait de nouilles, de pain ou de médicaments
et l'autre ronfle encore, se grattant les couilles
dans le sofa qu'on a pas
les patrons, eux, ils ne se pressent pas, ils sont dans leurs vacances
dans les emmerdes dictés par de bien plus grand qu'eux
alors j'ai fermé les stores, sans pitié, violemment
j'aime pas les caisses lugubres garées devant chez moi
j'ai allumé le néon et pris ma plus belle pose
la tondeuse est passée, les cheveux, enfin ce qu'il en reste
sont mort , éventrés dans l'évier
la barbe a suivi à quelques encablures
glissant nonchalamment jusqu'au siphon luisant
je regarde mon œil qui fane, ma face de prisonnier
éclairée d'un jaune pisse pas du tout hésitant
taulard d'un monde avec qui mutuellement
nous nous cassons les couilles
je vais me mettre du rouge à lèvres,
monter sur un vélo que j'ai pas
aller sucer des queues, fister ceux qui fournissent les gants
y a des bouches à nourrir et des plaisirs à vivre
y compris en prison.
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