Jacques et son maître

Hervé Lénervé

Pas d'idée, pas d'ana, les curés dansent.

- Maître, qu'y a-t-il après la vie ?

- La mort, Jacques.

- Et après la mort, la vie, alors.

- Oui. Mais pas pour toi.

- Et pourquoi pas moi ?

- Parce que tu ne le vaux pas bien et parce qu'il faut laisser la place à de nouvelles générations qui seront renouvelées pour être plus adaptées. Il faut accepter sa mort, elle est féconde.

- Certes, mais un mot n'explique rien s'il n'a pas de sens sur lequel s'accrocher. C'est vous qui me l'avez appris.

- La mort, c'est la mort, on est mort, quoi ! Pas la peine de s'accrocher à en faire un plat.

- Donc, pour vous, maître, la mort n'est rien que la mort et inutile d'en faire toute une histoire.

- Oui. C'est bien synthétisé. La mort c'est comme quand on dort.

- Vous voulez dire hors de conscience.

- Oui. Rien ne peut plus me toucher, je suis mort. Je suis en position de sécurité.

- Vous touchez, dans le sens de vous émouvoir, maître ?

- Je pensais plutôt aux tuiles qui tombent inopinéement sur la gueule des pauvres gens innocents.

- Donc, maître, vous ne croyez pas au Paradi, ni aux Enfers ?

- Non. C'est plus confortable de ne croire en rien. On ne peut qu'être surpris.

- Mais quand même, se dire, qu'après moi, il n'y a plus rien. Même pas un petit bout d'âme qui traîne quelque part. C'est dur à concevoir.

- Quand tu n'étais pas né, Jacques. Tu étais mort.

- Bien sûr, puisque je n'étais pas moi.

- As-tu souffert de ne pas être ?

- Non, je ne m'en souviens pas.

- Et bien, quand tu seras mort, Jack, tu ne te souviendras plus d'avoit été, toi, pareil. Tu retourneras à l'état de néant, d'où tu es venu. Heureux d'avoir ajouté ta pièce à l'édifice de l'évolution de l'Humanité.

- Ah, et il faut payer, en plus !

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