La main de la discorde

Hervé Lénervé

Je vais vous raconter la terrible histoire de l’homme aux trois mains.

Généralement, des mains, on en a une paire et généralement aussi, elles s'entendent bien. Il faut dire qu'elles se connaissent depuis l'enfance. Elles sont complémentaires, « L'une visse, l'autre tient. » Mais rajoutez en une troisième et elle foutra la merde. « L'une visse, l'autre tient, la troisième dévisse. »

Voici le nœud du malheur de notre homme aux trois mains.

Au début, il avait trouvé l'idée originale et pratique de se faire greffer une main d'appoint. Utile en toutes occasions et être un surhomme, ça plait toujours aux filles.

C'est vrai, que souvent au quotidien, nous avons tous souhaité avoir une main de plus, heureusement que les bons génies n'existent pas ou sont sourds comme des pots, mais pas de fleurs.

Donc, depuis la venue de cette intruse, plus rien n'allait droit, en allant de guingois.

Le chirurgien l'avait pourtant prévenu. « Moi, je greffe. Ensuite, voyez avec la neurochirurgie pour le câblage.

Il n'y a pas été.

Je ne lui jette pas la pierre, je n'y serais pas allé, non plus. Mais nous aurions eu tort, tous les deux, car une main qui agit à sa guise, de sa volonté propre, c'n'est pas propre. Et ça casse la vaisselle, ça déchire les rideaux, ça fait des doigts d'honneurs aux pompiers, bref ça vous fout un bordel monstre dans votre vie. Au point où le doute d'avoir fait une grosse connerie s'immisce insidieusement dans votre esprit.

Mais, je compatis, je compatis, je m'identifie, à tort ! Car moi, je ne suis pas passé sur le billard pour pouvoir piquer incognito une pomme sur le marché. Donc, moralité :  

Ce mec à trois mains, était trop con !

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