La ville soupire

Scythe Crow

La ville soupire et exhale dans un formidable ronflement une mélodie acide faite de crissements de pneus, de froufrous d'ailes de pigeons, et de conversations monocordes.
Elle s'étire et ondule par les mouvements précipités d'une population hagarde.
Le pas pressé, les yeux fuyants. Ces regards en coin la troublent. Ses soupirs gonflent ses formes molles. Et la chair se tend, les muscles s'échauffent et se déchirent sous l'étirement des membres assiégés par le bitume craquelé.
Une seringue cherche sa veine, vaine tentative d'un paradis artificiel. Ville, femme d'artifices, elle fut cet oasis de béton armé. 
Et la molécule de plaisir circule de nouveau dans son organisme usé, par les paradis d'un millier, d'un million de regards qui n'existent plus.

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