L'abandon

bleuelectrique

Me voilà, tombant dans l'astre obscur de la maladie. Me voilà, faible et désemparée, acceptant ma condition d'enfant pourri gâté, d'être humain gavé de flux en tout genre, me voilà, recrachant la débilité de ce monde qui me paralyse.

Me voilà, face à moi-même, haïssant la moindre parcelle de ce reflet. Me voilà, avouant mon propre néant, ma faille, mon désespoir. Me voilà, perdue, figée, appelant à l'aide comme une vulgaire droguée réclame sa pilule.

Me voilà, terrorisée, priant je ne sais quelle lumière transcendante pour qu'on me ramène mon sourire. Je m'essaie au sourire, je me force à sourire. J'ai toujours été une bonne actrice. J'en paie le prix. Me voilà, seule avec mes jeux, jeux d'abus, jeux d'interdits, jeux d'ivresses, jeux de maux, jeux d'idées, jeux d'envies.

Me voilà, tremblante, pâle, la main pressée contre la douleur, les cris au fond des entrailles, lacérée, vidée, mais forte, toujours aussi forte car c'est ce qu'on a toujours voulu de moi. Me voilà, debout et pourtant chancelante, si seulement vous voyiez à quel point j'ai besoin d'aide. Mais je ne veux pas de votre pitié, épargnez-moi vos leçons, je les connais. Me voilà, avec ma foutue conviction de tout savoir de ces astres, me voilà, happée par la magie noire, me voilà, sorcière au cerveau crochu, aux yeux cernés, maquillée de ses plus beaux mensonges.

Me voilà, triste et fatiguée, de me battre, me battre contre mes démons depuis des années. Je hurle, ils n'ont pas voulu m'entendre. Je ne sais plus comment tenir ma garde. Je baisse les bras. Me voilà, prenez de moi ce qu'il reste.


Une épave, un verre brisé, des éclats de bonheur usé.

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