Ladies Paname

organdonor

Hélène est de retour sur paris après quelques années d’absence. Depuis un mois maintenant elle a repris une petite galerie d’art, près de la rue Montorgueil, qu’on lui a offert de diriger. Comme tous les matins, elle passe à la boulangerie chercher son croissant, et parcours les quelques rues qui la sépare de son travail à pied, en rêvassant. Une fois sur place, elle se fait un café, range méticuleusement son comptoir et ouvre le courrier matinale. Une fois que toute est en place, elle ouvre la porte pour les clients.

Anna vit depuis quelques mois dans le quartier. Elle travaille rue des Rosiers dans une petite boutique d’habits, dont elle est la gérante. Comme tous les matins, elle se réveille à côté d’une inconnue dont elle essaie de se rappeler le nom. Elle fournit le petit déjeuner et sort sa chienne,  Vulve, boule de poils hirsutes aux allures de batard chic. Une fois la ballade terminée, elle se douche, s’habille et se dépêche de se rendre à son boulot.

Selon le même rituel, Anna emmène Vulve faire ses besoins dans la rue de la galerie d’Hélène, et Vulve ne saurait s’arrêter autre part que devant la porte de la galerie afin de faire sa petite affaire. Chose qui amuse particulièrement la tenancière des lieux.

Mais quand la jeune femme de la galerie manque un rendez vous après avoir marché dans la déjection canine, le petit jeu prend une autre dimension…  Entre disputes, insultes et préjugés, va naitre entre ses deux femmes une profonde histoire d’amour.

 

Autour d’elles vont graviter une galerie de personnages. Nico, le meilleur ami d’Hélène, dépressif notoire. Sophie, la bonne copine d’Anna et de Nico, toujours prête à se mêler de tout pour trouver une bonne raison de vivre…

Chapitre 1 :

Des draps en pagaille bougent dans un mouvement de va et vient et des gémissements parcourent la pièce. La cadence augmente et les gémissements deviennent des cris puis tout s’arrête. Une tête émerge du monceau de tissu, puis quelques secondes plus tard, une autre. Les deux femmes sont en sueur et ont l’air tout à fait ravies. L’une d’elle, Anna, regarde sa montre et se lève du lit, toute nue, puis se dirige vers sa machine café design et s’active à en faire couler le divin breuvage. A son passage, sa chienne, Vulve, lève la tête, regarde sa maitresse passer, et se rendort. Une fois le café coulé, elle apporte les deux tasses sur la petite table et sort un paquet de gâteaux au chocolat. L’inconnue se lève du lit, s’habille et vient s’assoir au bout du lit, face à la table. Préparation et petit déjeuner se font dans le silence. D’une part, car Anna n’a pas la mémoire des prénoms, d’autre part, car elle se fout éperdument de ce qu’une femme aurait à dire après une nuit aussi torride.

Ce matin c’est encore le même dilemme pour Hélène, croissant au beurre et aux amandes, ou croissant nature, certes moins gras, mais tellement moins bon aussi. De nature raisonnable elle finit par se décider pour le croissant nature, et s’en félicitera en montant sur son pèse personne. Une fois sortie de la boulangerie, elle range sa monnaie dans son porte monnaie et le croissant dans son sac à main, le tout en exécutant quelques pas de danse, pour éviter le jet d’eau de l’ouvrier de la ville affairé à nettoyer le trottoir sans se soucier de tout éventuel badaud de passage. Elle se rend à sa galerie d’art, qu’on lui a offert de gérer à son retour sur paris il y a maintenant quelques semaines. Une fois sur place, elle ouvre la grille, récupère le courrier glissé sous la porte, entre, se dirige dans la réserve, pose ses affaires, se prépare un café et le déguste avec son croissant, debout dans le fond de la réserve, en se perdant dans ses pensées. La jeune femme de la galerie s’affaire ensuite derrière son comptoir. Elle sort son tiroir de caisse, sort les billets, les différents papiers, les prospectus, passe une chiffonnette dans les différents compartiments et replace méticuleusement le contenu initial. Elle vérifie ensuite la mise en place de chaque toile, de chaque chaise, plante, table… ainsi que sa tenue. Elle finit par retourner la pancarte indiquant l’ouverture de la galerie, et s’affaire ensuite à la lecture du courrier matinal. On sent que les gestes sont quotidiens. Puis elle attend, assise sur sa chaise et guette par la vitrine son spectacle quotidien. 

Anna sort tant bien que mal de son immeuble, avec dans une main : la laisse de sa chienne, boule de poils hirsutes, aux allures de batard chic, qui tire comme une folle et son portable, et dans l’autre, ses clés et son sac à main, le tout dans un équilibre précaire. Avec force contorsions, elle finit par mettre son portable sur son oreille et entamer sa ballade matinale, ainsi que sa première conversation téléphonique, avec sa mère. On se demande qui promène qui. Vulve parcours les trottoirs en tirant frénétiquement sur sa laisse, pendant que sa maitresse essaye de suivre sa conversation téléphonique…

Anna

Non maman, pas avant de lui avoir dit…

Vulve passe entre deux poubelles, et sa maitresse, le bras tendu par la laisse, tente de les contourner… en vain.

Anna

…que tu voulais de faire des injections derrière les oreilles !  

Elle passe non sans mal entre les deux et manque de trébucher dans Vulve qui s’est soudainement arrêtée. De peur Vulve se met à courir et Anna lâche un…

Anna

VULVE !!! Tu fais chier !!

Deux jeunes femmes aux allures de fantasmes nocturnes arrivent face à Anna et Vulve, qui tire toujours sur sa laisse. La maitresse est toujours au téléphone. La chienne passe à vive allure entre les deux femmes, obligeant Anna à faire de même. Tout en gardant son téléphone à l’oreille, elle essaye de faire bonne figure. Les deux femmes, ravissantes, ne peuvent s’empêcher de sourire, puis se retourne pour regarder Anna, qui les regarde aussi, de façon explicit.

La boule de poils s’arrête enfin devant la porte de la galerie et s‘accroupit pour faire sa crotte. La jeune femme soupire, raccroche son téléphone et sort un sac à crotte.

Anna

Vulve ! Tu ne peux pas essayer un autre endroit ? On va avoir des ennuis à force !

Elle ramasse la crotte du chien qui tire sur la laisse.

Anna

Eh ! Oh ! Tu permets que je nettoie derrière toi !

Elle continue son chemin, jette le sac dans une poubelle et reprend son téléphone.

Hélène n’a rien manqué de la scène et sourit, l’air amusé.

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