Le garde-chasse champêtre.

Hervé Lénervé

La tragique histoire du garde-chasse qui buvait plus vite que son ombre.

Allez, au hasard, c'était en Sologne parce qu'en Sologne, il y a beaucoup de chasses privées. Si tu ne heurtes pas un sanglier par heure en Sologne, autant te jeter dans la Vologne.

Donc, moi, je suis le narrateur, je plante, un peu, le décors et après je passe les mots aux personnages.

Donc, la Vologne, non, merde, la Sologne c'est un bois à droite, un bois à gauche, un bois au centre. On est emboîté de toutes parts. Donc Alber, parce que c'est son prénom, son nom aussi d'ailleurs. Oui, notre garde-chasse se nommait, Albert Albert. Ses parents devaient avoir un manque d'imagination ou des problèmes de mémoire. Bref, notre Albert (oui, soyons familiers tout de suite, puisqu'on va le côtoyer pendant un bon bout de chemin, autant s'attacher. D'autant qu'il est le seul personnage de l'histoire. Je sais, il va falloir s'y faire, car il a du caractère le bougre, surtout du mauvais. De plus, sa diction n'est pas bonne, son haleine aussi, oui cest vrai. Donc, quand il dit « Tu braconnes, toi ? » On entend « Swillouihftoi ! Il peut y avoir confusion. Ceci dit, deux coups de douze dans l'dos, ça ne pardonne pas. « Oui, le prévenu tentait de fuir, monsieur le Président. » A-t-il répondu aux policiers. Qu'autrement, il l'aurait tiré de face, comme tout le monde, bien sûr.

Ceci dit, je ne vais pas pouvoir tenir ma promesse de laisser la parole à Albert, car il s'est pendu à l'électricité, en prison. Merde, c'était bien la peine de s'attacher !

Ainsi se termine la tragique histoire du garde-chasse. Sur sa tombe en épitaphe est gravé : « Ci-git, Albert Albert, le garde-chasse qui buvait plus vite que son ombre. Une légende. » C'est long à graver.

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