Le grand dîner

Le grand dîner

Je suis allée, à l'aurore et joyeuse,

Jusqu'au marché, la lune en lumignon,

Bien décidée à vivre une goûteuse

Soirée à deux, dans un décor mignon,

Où j'envisage un menu croquignon.

Bach ? Haendel ? Soie ou satin ? Dilemme

Ne supportant aucune hâte ou flemme.

À ce souper je ne saurai surseoir

Mais tout dépend de mon choix pour le thème.

          Oh ! viendrez-vous dîner chez moi ce soir ?

J'ai pris au ciel sa nappe floconneuse,

D'un bleu tendresse, ourlée au point bourdon,

À la douceur de l'aube vaporeuse,

Des sentiments, un zeste d'abandon

Pour exaucer les vœux de Cupidon.

Dans du cristal, j'ai mis un peu de crème

De passion, du parfum de bohème,

Une bougie au creux d'un ostensoir

L'or d'une flamme à ternir toute gemme.

        Oh ! viendrez-vous dîner chez moi ce soir ?

J'ai préparé dans une étoile creuse

Du pain d'amour aux fleurs de liseron

À saupoudrer, cette nuit merveilleuse,

De baisers fous arrosés d'un girond

Et capiteux « Domaine d'Oseron ».

Le cœur battant, des câlins je parsème,

N'osant goûter une fois pénultième.

Je pose enfin mes plats sur le dressoir

En attendant les fruits de mon noème.

          Oh ! viendrez-vous dîner chez moi ce soir ?

Envoi :

Mon Valentin, mieux qu'un simple poème,

J'ai composé cette table suprême,

Mais il me tarde enfin de nous asseoir ;

Dans le four gonfle un gâteau de « je t'aime »

          Oh ! viendrez-vous dîner chez moi ce soir ?