Le temps arrêté

Aurélie Tudare

On est constamment sollicités par notre travail, notre vie de famille, nos amis et nos activités. Et pourquoi s'en plaindre ? On vit à 1000 à l'heure, on enchaine les rendez-vous, les rencontres, toujours un peu partout à la fois pour donner du temps de soi. On prend plaisir à courir, à montrer qu'on est occupés avec un planning surchargé. Moins on a de temps, plus on serait donc important. 

Mais un jour on se dit qu'on aimerait bien se poser un peu et juste respirer. 

Le questionnement arrive alors et l'on se rend compte que c'est en fait se reposer qui se fait sentir. Le besoin de ne pas s'activer, de ne pas courir, ne plus regarder dans tous les sens.

Arrêter ce bouillonnement physique qui agite autant l'esprit, arrêter d'être là par peur de manquer quelque chose par son absence, arrêter de dire oui par angoisse de ne plus être à la page, arrêter de vouloir tout faire en même temps. 

Arrêter de courir.
Se mettre à marcher. 
Respirer.
Reprendre son souffle.
S'arrêter de marcher.
Etre immobile.
Contempler le vide. Le vide en soi, ce temps arrêté.

Comprendre alors que courir c'est combler. Combler la peur du silence, qui vient embrasser l'écho de notre solitude sur terre et de l'insignifiance de notre présence. 

Regarder la réalité de notre voyage. Accepter notre état. Contempler le vide et regarder en soi. Prendre habitude de cet état, c'est aussi se reconnecter à soi, tel que l'on est sur Terre. 

Et de là nait le plaisir du temps retrouvé. Celui qui nous appartient, celui que l'on s'accorde en pleine conscience. Par le manque de temps nait la conscience de sa préciosité et de l'impermanence de la vie. 

Profitez en tant et dites vous que tant que vous aurez des matins, vous aurez du temps.

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