les amants du pont de la guillotière

jide

PITCH :

Décembre, un combi Volkswagen s’ébranle avec à son bord un père et son fils.

Comme convenu deux mois plus tôt lors d’un déjeuner en tête à tête, Jacques, le père,  s’est engagé à tout dire.

Tout de sa vie, tout de leur vie. Démarrer du premier regard posé sur celle qui allait être leur épouse et mère.

Le monologue durera une semaine, juste parfois interrompu par son auditeur, son fils Denis, pour plus de précisions, plus de détails

Ils vont rouler à travers la France, Jacques déroule, se souvient, revit cinquante ans de vie de couple avec son lot de tumultes.

Il est étudiant en médecine, elle est à l’école d’infirmière… Il est un romantique dispersé, elle est une romantique déterminée.

Elle est son présent , Il est son avenir.

C’est l’histoire d’une vie à deux, parfois à plus si l’on recense les histoires parallèles, oscillant au quotidien entre le comique et le drame.

Les enfants poussent dans ce joyeux capharnaüm.

Mais c’est aussi le décryptage d’un demi siècle avec le mouvement perpétuel de ses modes et de ses certitudes.

Le roman sera donc construit en un long flash back entrecoupé de retour au présent, au voyage.

Une ballade gourmande et touristique par les petites routes de campagne. le récit sincère et sensible d’une aventure ordinaire,

avec à deux ou trois reprises, un chapitre assez court ou « elle » prendra la parole pour donner son ressenti , sa version.

Pas mal de scènes un peu cocasses, de situations comiques ou surréalistes ,  des blessures aussi reçues ou infligées souvent par maladresse, mais racontées par un héros toujours sympathique et lucide. Juste un homme…

Cinquante ans plus tard, il aime cette femme parfois détestée, plus que jamais, plus qu’au premier jour.

DEBUT :

 Une scène me revient, en avril 52, je crois. On est tous les deux avec ta mère à proximité d’un parc. Ca doit être le temps des lilas, parce qu’il déborde littéralement du jardin derrière nous et

l’atmosphère est saturée de ses effluves. Je la tiens dans mes bras, on se regarde,  on s’embrasse,  je ne sais pas pourquoi, l’ambiance, l’atmosphère lumineuse et odorante, mais je me suis senti ce jour là totalement en phase

Le printemps enveloppe la ville, Lyon resplendit. Il m’enveloppe un peu aussi et j’ai la sensation de resplendir aussi, en tous les cas dans ses yeux. Bien avant que Barbara ne le chante, c’est le temps des lilas qui m’inspire,  j’aurais pu dire « c’était le temps des serments d’amour,

Le temps des toujours, toujours… » A ce moment là , il y a déjà quelques mois que je suis avec elle, six mois peut être, mais je prends conscience à cet instant, je le ressens physiquement, que je suis totalement amoureux.

C’était vraiment super, super d’aimer et de l’être en retour, mais aussi parce que d’une manière générale, mes premiers temps à Lyon avait été d’un triste…. J’arrivais de Limoges ou j’avais fait mes trois premières années de médecine et là bas,

c’était différent, on était toute une bande et on s’éclatait, surfant sur la vague et savourant chaque seconde,  faisant durer plus qu’il n’est raisonnable cette euphorie qui nous avait tous saisis à la fin de la guerre.

A mon arrivée à Lyon, à l’automne 50, et pendant toute ma première année là, j’ai cru mourir d’ennui. J’allais de la fac au resto universitaire, de là à ma chambre, dans une ronde quotidienne routinière. Pas de vrais copains, pas de copines, ni petites ni grandes, le lyonnais est difficile d’accès. Il peut te cantonner au superficiel, à une courtoisie froide et juste polie, pendant très longtemps, parfois même à perpétuité. Quand aux lyonnaises, elles ne t’ouvrent pas le chemin de leur cœur et pas tellement plus facilement de leur lit sans que tu aies montré des semaines, voire des mois, patte plus que blanche, patte immaculée… A la rentrée universitaire suivante, en octobre 51, je commence péniblement à sympathiser avec quelques uns. J’ai deux groupes de potes, deux réseaux. Le premier est un trio que je compose avec  François et Pierre. Sans être totalement lourdingues, Ces deux là  ne donnent pas dans le raffiné, plutôt dans l’amitié rustique et sont, surtout Pierre, assez partants pour se prendre avec régularité, de terribles mufflées. Mais le rapport est simple , direct et je peux compter sur eux. Je dois leur rendre hommage, parce que s’ils sont des compagnons de bordée excessifs, ils sont aussi et surtout très sérieux, conscients de l’enjeu et m’aident à dépasser mon insouciance naturelle pour être efficace dans mes études.

Pierre pouvait très bien à rentrer à quatre pattes ou quasiment et se montrer dès l’aube, un travailleur infatigable. Ils m’ont aspiré vers eux et m’ont cadré, je leur dois beaucoup. Le deuxième groupe est mené par Boyer, celui par qui j’ai rencontré Suzon….

.Grand séducteur, cavaleur, porté par une très grande confiance en lui, il est évolue avec la certitude que la ville lui appartient. De se origines,  il et pied noir, il a la gouaille, le phrasé , la répartie, il est drôle et agréable compagnon. Sortir à ses côtés, c’est être sur que rien qu’avec les miettes, il y a de quoi faire un festin. A vouloir tout bouffer, Il passe à côté de tout et tu peux trouver ton bonheur juste en te mettant dans son sillage, juste avec les proies qu’il relache à peine goutées. Je me félicite aujourd’hui de cet éparpillement et de son manque de constance, tu comprendras pourquoi un peu plus tard. Déjà quand il te parle de l’Algérie, avec ses certitudes OAS, il peut te sortir des trucs aussi définitifs que «  L’algérie sera toujours française, ça peut exploser de partout, mais l’algérie, jamais ! »

Un exemple de sa grande lucidité qui nous concerne tellement qu’il a changé ma vie et qu’il a autorisé la tienne. Un jour de novembre 51, on se ballade avec ce groupe d’amis, Boyer en tête , il n’y a hors moi même aucune connexions avec les rustiques, je suis avec les uns ou avec les autres.  Nous trainons Place Bellecour, sans but précis, on est quatre ou cinq, le nez au vent, on se ballade. On laisse la rue de la République à notre droite et on continue en longeant la brasserie xxxx….

« Dad, excuse moi de t’interrompre, tu n’as pas un peu les crocs ? Avant que tu reprennes, on pourrait prendre le temps de se choisir un bon endroit pour diner… » Jacques consulte un guide, effectue un savant calcul mêlant vitesse moyenne et signes de civilisation, pour décreter que dans une heure  quand ce sera encore meilleur,  que la faim nous tenaillera vraiment, nous devrions croiser aux alentours de Montluçon et que là, une taverne alsacienne nous tend les bras. Il ajoute que ce premier repas sera une  sorte d’hommage à nos racines, parfait pour lancer ce voyage. « Parfait, alors qu’est ce qui se passe dans cette brasserie ?»…

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