Les enquêtes d’Hercule Foireaux (31)

Hervé Lénervé

Chez Agatha Christie, on ne connait pas le meurtrier, il faut le découvrir. Avec Colombo, on connait le meurtrier d’emblée, il faut le confondre.

Avec Hercule on ne connait ni l'assassin, ni la victime, il faut tout inventer.

Dans les bureaux de la gendarmerie de Coulanges la vineuse, là où on fait la piquette de Bourgogne.

-         Hercule pourquoi t'acharnes-tu sur ce pauvre homme ?

-         Parce que je veux qu'il m'avoue son crime.

-         Mais aucune disparition n'a été signalée et aucun corps retrouvé dans la région.

-         Et alors ? Ce ne serait pas la première fois qu'on ne retrouve pas le macchabée. Mon flair ne m'a jamais trompé.

-         Tu oublies la fois où tu as accusé le maire de faire partie du KGB.

-         Ouais, d'accord ! N'empêche qu'il s'était fait sauter une contravention. Ce que j'ai pu prouver en le torturant. Il n'était pas clair le bonhomme, tout comme celui-ci… TU VAS PARLER, ORDURE !

-         Ecoute, je connais bien monsieur Marcel, il ne ferait pas de mal à une mouche et il est estimé par tous les villageois.

-         Ce que vous pouvez être naïfs, vous, les militaires ! L'estime est la couverture des coupables et mouche rime avec louche, comme toujours avec amour. Je n'en démords pas, cet homme a tué, tue et tuera encore et toujours par amour !

-         Mais qui a-t-il tué, à la fin ?

-         Eh, n'inverse pas les rôles, moi je suis le limier, je vous livre le coupable, à vous, hommes de terrain, de découvrir la dépouille de la victime, toute sanguinolente, baignant dans son jus, comme on dit.

A cet instant, un gendarme pénètre en trombe dans la salle d'interrogatoire, Hercule s'insurge.

-         Vous pourriez frapper avant d'entrer, quand même! Et si on était en train de frapper le suspect avant l'apéro, quand même ?

-         Excusez-moi, mais il y a urgence ! Mon capitaine, on a retrouvé la femme de Maurice. Elle est morte !

-         J'en étais sûr !

-         Quoi, ma femme, la Germaine est morte, mon dieu, mais comment ça, mais où est donc Ornicar ?

-         En Espagne et c'est Guernica, espèce d'inculte ! Allez ne fait pas l'innocent, AVOUE TON CRIME, ORDURE !

-         Mon capitaine, madame Germaine a été écrasée par le car de ramassage scolaire.

-         Tu vois Hercule, cela n'a rien à voir avec Marcel.

-         Pheufff ! la belle affaire, à qui va-t-on faire croire, qu'à son âge, la Germaine allait encore à l'école ? Ridicule !

-         Mon capitaine, elle courait après sa poule qui traversait la route nationale.

-         Et qui pourrait me dire pourquoi la poule voulait traverser la Nationale ?

-         Pour aller de l'autre côté, peut-être ?

-         Exacte ! Et qu'est-ce qu'il y avait de l'autre côté, sinon l'arme du crime. Des grains de blés. On voit, ici, tout le machiavélisme du bonhomme. Maurice savait que la Germaine aimait sa poule d'un amour zoophile. Il avait préalablement déposé les grains de blés en sachant pertinemment que les poules aiment le blé. Il lui suffisait ensuite de faire rouler le car à l'heure précise où la poule traverserait suivie de la Germaine et PLAF, le tour était joué, l'affaire dans le sac, la Germaine toute rataplatie.

-         Ok ! J'avoue tout, vous êtes trop fort ! C'est moi qui l'ai tué, car elle me trompait avec sa poule.

-         Hercule, je dois te présenter mes excuses, je ne te croyais pas, mais tu avais raison, une fois de plus.

L'affaire, n'est pas entièrement terminée, allez me chercher le coq, à présent, le marie de la poule pendant que je prépare la casserole. Je flaire une sale magouille de complicité, là-dessous.

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