Les mots qui tuent sont devenus faillibles

elisabeth-coquelicot

En entreprise, des espions insidieux imposent leur ton odieux : le club des

négatifs, « les mots qui tuent ».

Ces mastodontes déambulent dans les couloirs, à l’affût de leur proie comme des renards.

Certains hésitent encore à se rebeller mais cette fois çà y est, la guerre est déclarée !

Les « bons mots » se sont regroupés en association pour mieux lutter contre les névrosés et promouvoir l’éthique et la liberté.

Encore peu entraînés, leur geste est mal ajusté. Lorsqu’ils se rencontrent les deux bandes rivales ne sont pas à armes égales. « Les bons mots » se battent  à coup de « merci », « vous êtes performant », « je suis heureux de vous voir », « quelle bonne idée vous avez ! ». Forcément, ils ne font pas le poids face aux « mots qui tuent » qui emploient des ruses beaucoup plus obscures : « Vous ne trouvez pas que vous avez une mauvaise tête aujourd’hui ? », « vous n’atteindrez pas vos objectifs cette année », vous manquez de ressort et de créativité », « vos clients n’accepteront jamais », « tout est de votre faute, votre responsabilité est engagée », « le directeur vous a dans le nez ! » , « tout le monde s’accorde pour dire que vous avez un problème ».

Face à un tel déferlement de haine, « les bons mots » courent se mettre à l’abri, pris de doute par cette furie. Réunis en conseil, ils déterminent enfin une nouvelle stratégie… « Les bons mots » décident de s’allier à l’optimisme, car à lui, rien ne lui résiste.

Le pacte signé, « les mots qui tuent », ils s’en vont affronter.

L’optimisme en tête fait front, les autres derrière en rangs d’oignons.

La conquête est dans leur pas car l’optimisme ne craint rien, il ne connaît pas le trépas.

L’optimisme est heureux ;

L’optimisme est chatouilleux ;

L’optimisme est contagieux.

Effet assuré, effet garanti.

Les regards cessent de se poser sur ce qui asservit.

Avec l’optimisme tout est possible. « Les mots qui tuent » sont devenus faillibles.

Elisabeth FREUND-CAZAUBON

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