L'esseulement

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L'ESSSEULEMENT.


 Les oiseaux ont tous fui, pas les migrateurs, non,

Ceux qui sont bien d'ici, alors que je suis d'ailleurs.

Ils ont fui comme au vent mauvais, on voit s'envoler

Les feuilles des arbres trop faibles pour les porter.

 

Un ou deux sont venus guigner à ma porte,

Juste pour voir si je survivais.

Oui, je survivais, et c'était sans doute là

Une faute grave, difficile à pardonner.

Pour eux qui n'étaient plus venus depuis si longtemps.

 

Ce que j'ai dû endurer nul ne le sait, ni le saura;

Ce n'était pas pitié, oh, non, tout le contraire,

C'était ma façon à moi de survivre au désastre.

Chacun fait bien comme il peut devant l'abîme.

 

Mais tous m'en veulent d'être encore là, seule,

Ils voudraient sans doute me voir disparaître,

Juste pour se rassurer. Un deuil en appelle un autre.

Et le second, au moins ne touche pas,

N'atteint pas les profondeurs de cette feinte amitié.

 

Fragile, oui, je suis fragile, mais qui s'en préoccupe;

Puisque j'ai l'indélicatesse d'être encore en vie.

Seule, oui, je suis seule plus qu'on ne peut l'être,

D'avoir perdu avec elle tout repère de vie.

 

                                           le 18 juin 2011.

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