Lever de soleil sur le Popo

Dominique Arnaud

Quand les Aztèques, peuple du Soleil, observaient son lever sur le Popocatepetl, ils devaient éprouver cette exaltation que ressentent encore les hommes d'aujourd'hui, fascinés par tant de beauté incandescente, et inquiets de ces fumeroles et sombres nuages de poussières volcaniques crachées quasiment en permanence par le second sommet du Mexique à la silhouette si emblématique.

Après l'avoir vu enneigé dans la lumière vespérale, nous le retrouvons, aux matins du printemps, dans son habit de lumière, cachant de son flanc énorme le disque de Phébus ; bien que le jour soit déjà éclos, l'astre est encore dissimulé, pour quelques secondes, par la fameuse montagne conique. Il en jaillit soudain à une vitesse telle, particulière aux tropiques, que l'œil humain ne s'en protège que trop tard et en reste ébloui.

Le temps, pour Phébus, de s'installer de plus en plus haut dans l'azur, et bientôt d'inonder la Terre de son rayonnement de vie et de mort, nourrissant et consumant à la fois plantes, bêtes et gens. Le temps, pour la divinité de feu, de réveiller la stridulation des insectes. Et de présider à la sieste sereine des grands cactus défiant son souffle de dragon...

En la fraîche altitude de la montagne, les vautours planent indolemment sans y brûler leurs ailes noires dont les solides rémiges n'auraient pas lâché Icare.

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