L'usage est mort ; vive l'échange ?

Gabriel Meunier

Paris à la fin du Moyen Age ; New York en 2000. Condensé de ce que vivent les habitants du monde ?
Détail d'un plan de Paris (fin XVème début XVIème)

curiosité émue
en regardant le dessin
chaque rue chaque place
chaque maison chaque porte
j'entends bruits cris chants silences
ressent l'écho des peines joies et desseins
peuple de jeunes vieillards mendiants et faquins
vie de chaque jour dedans dehors moi nous ils eux
tous là sans questionner regardent touchent de la main
petits métiers voleurs diseuses de bonne aventure
au loin des cloches sonnent pour grands prélats
ruelles venelles serpentent au gré des humeurs
du relief des rencontres d'hier ou l'an passé
humains gras affamés animaux malades
chanteurs charmeurs baladins malins
toutes chairs pour bonne chère
saines de corps et d'esprits
la roue tourne  retourne

fatalité de vie à trépas n'est pas long
tant de valeurs d'usage, s'usent, comme tous les usages

Plan de Manhattan 2000

neuf
vertige
New York
45ème avenue
ville des records
angles droits verticalité
la plus longue ? la plus chère ?
chiffres nombres calculs mènent le monde
jour nuit on ne sait vitesse flux incessant échanges
pour quoi ? pour aller où ? pour qui ?
pour faire des marchandises
pour les vendre à qui ?
des marchandises
vite emballées
vite chargées
vite usées
jetées

où ?
échange ! peu importe
* titre bien loin de toute poésie
ce n'est pas pour du fric
juste dire qu'avant
nous après nous
il y eut des gestes
il y eut des marches
il y eut des errements

loin

des yeux
du plein champ
du vent du froid du sec
du goût de tous les êtres d'ici
alors s'arrêter près d'une source
bien plus tard ce sera sans doute une fontaine
quelques traces d'ombres seront pour les jours à venir
on ne peut rien


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