Montre la.

Marcel Alalof

je contemple cette montre carrée, au verre galbé, aux aiguilles noires qui marquent le temps sur le cadran vierge de couleur ivoire, ses bords d'acier biseauté, son bracelet de lézard noir passé par les années, mais toujours présent.J'entends le tic-tac de son coeur, même sans la porter à l'oreille. Cette montre, c'est le temps et le temps c'est la vie. Je la vois encore au poignet de mon oncle, décédé depuis bien longtemps.Ma grand-mère qui  la portait après sa mort, me l'avait donnée quelques années plus tard, à charge pour moi de la remettre en état.

Je me vois, étudiant, faire le tour des horlogers de quartier pour la réfection du cadran d'émail à un tarif abordable, c'est-à-dire le moins cher possible.

Je me vois aux examens, aux entretiens d'embauche, avec cette montre au poignet, avec mon oncle au poignet, qui m'accompagnait pour me protéger, qui me portait bonheur.

Je me vois écoutant son tic-tac ,plus lent que les modèles récents, revoyant mon oncle photographié à l'Alpe d'Huez avec un gros pull-over clair,beige peut-être et la montre qui dépassait. Il m'a accompagné tout au long de mes études et tout a marché.  Et puis, un jour, beaucoup plus tard, j'ai senti qu'il était parti, qu'il avait rejoint le Paradis. La montre s’est arrêtée..

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