La Vida Loca #15 - Les Moleskines - Hors Paris

dyonisos

Carnet de Voyage numéro quinze – Hors Paris/ Barcelone #LaVidaLoca

Dans le Barcelone estival étouffé par la moiteur et l'insolence de la chaleur, il règne un vent de folie apatride.

Cosmopolite, vulgaire et bigarrée, la ville écrase autant qu'elle délivre ses visiteurs. Les nuits sont aussi chaudes que les jours, le temps se fait long et fugace à la fois, les putes africaines côtoient - quand elles ne sucent pas - les cadres dirigeants allemands qui dorment sur des oreillers fourrés de deutschemark. La ville est hors du temps, loin de toute considération géographique, elle existe là comme elle pourrait exister ailleurs, toute entière dédiée à l'art de la contemplation et aux plaisirs du corps, brûlée par l'air de la méditerranée.

Langoureuses et placides, les terrasses sont presque vivantes : elles portent en leur sein la vivacité estivale des voyageurs de passage, elles s'habillent des couleurs des peuples européens, elles sentent le porc séché et la friture des patates locales. Les tapas sont passés du statut de spécialité culinaire locale à un souvenir de vacances. Comme si je ramenais un WHOPPER d'un Burger King New-Yorkais pour offrir à mon frère à Paris.

Les ramblas sentent le souffre et la barbe à papa. Un pakistanais propose à la fois des chichis et de la MDMA. Les prostituées s'adressent même aux enfants. Du port Olympique jusqu'à la place de la Catalogne, les ramblas irriguent la ville de fiel et de vulgarité.

Comme la Sagrada familia, la ville laisse un goût d'inachevé : seuls les jours prennent fin et laissent place à la nuit. Rocambolesque nuit barcelonaise. Barcelone semble d'ailleurs toujours attendre que le jour s'endorme pour que démarre la nuit.

A Barcelone, la nuit, je mens. Je suis tantôt l'homme de sa vie, tantôt l'amant de sa nuit.

Je rêve en multicolore comme les mosaïques du Parc Güell.

Je vis plus vite, plus fort qu'à Paris. Je prends des poignées de sable pour me sentir vivant.

Je bois des bières en canette pour trinquer à la vie.

Je baise dos à la mer, en face des néons rutilants des boîtes de nuit.

Je trace des lignes blanches qui prennent l'odeur du jamon iberico.

Et ne me quitte jamais cette étrange sensation : ce sentiment de danger qui me murmure que je pourrai mourir ici sans même m'en rendre compte.

A suivre

Carnet de Voyage numéro seize – Gare De Lyon #LaMagieDesRencontres

Signaler ce texte