La Fin Des Idoles #24 - Les Moleskines - Dans Paris

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Qu’est-ce que j’y peux si je suis pd ? Aurais-je choisi à dessein de ne pas aimer les femmes ?

Carnet de voyage numéro vingt-quatre – Saint Paul - #LaFinDesIdoles

Mon père et ma mère, je les ai toujours perçus comme un modèle familial vertueux. Le symbole même de la famille canonique, heureux parents d'une portée de trois enfants bien élevés, prêts eux-mêmes à perpétuer l'espèce. Ecrasé par la force de ces deux icones, de ce modèle parental qui fait écho à la bienséance sociétale, j'ai mal au cœur quand s'agitent lors des manifs pour tous les pantins d'un Dieu qui rejetterait certains de ses moutons parce qu'ils ne broutent pas la même herbe. Etre pd relève encore d'un défi solitaire et ça reste une charge lourde avec laquelle un pd doit marcher.

 

Qu'est-ce que j'y peux si je suis pd ? Aurais-je choisi à dessein de ne pas aimer les femmes ? Devrais-je comprimer mes incompressibles désirs pour me fondre dans une société qui exige ma mise en conformité ? Si loisir m'avait été donné de choisir ma sexualité, je n'aurais pas fait le choix d'être pd : vivre un amour qui n'enfantera pas, être condamné à vivre une vie à deux sans donner de petits enfants à mon père et subir la souffrance de m'exclure du modèle historique.

 

En étant nu contre un homme, je n'ai pas la volonté de détruire la Famille. Je n'éprouve pas de jouissance à me marginaliser. Aujourd'hui encore, tant que s'exciteront les imbéciles pétris dans leur croyance perfide et malhonnête, qui vivent dans leur tour d'ivoire, encore prisonniers du siècle dernier, je me sentirai dans l'obscurité dans un pays qui va finir par éteindre ses Lumières. J'aurai peur de dévoiler qui je suis de peur d'être bafoué.

 

Et pourtant, j'en croise parfois dans mes sorties nocturnes des pères de famille anonymes qui la nuit s'affranchissent de la morale qu'ils brandissent la journée. Le marais est plein de ces gentlemen qui désertent leur lit conjugal pour assouvir leurs indicibles désirs. Homophobes le jour, et pd la nuit. La raie sur le côté, le doigt sur la braguette, Stéphane est de ceux-là. Papa de deux petites filles, mari qui oublie de satisfaire sa femme, il est de tous les défilés et lutte ardemment contre les droits des autres et notamment des pd. Et pourtant, dès qu'il a bu un verre de trop, il m'inonde d'appels et de sms afin d'assouvir son irrépressible envie d'hommes.

 

Carnet de voyage numéro vingt-cinq – République - #TesPleinsEtMesVides

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