Un(e) bon(ne) petit(e) soldat(e)

elcanardo

Mon esprit s’est embrumé quelques instants. Autour de nous, l’assistance est très attentive, silencieuse. La nervosité est palpable, tant et si bien que je ne sens presque plus la main de Camille dans la mienne, qui pourtant me harponne incroyablement fort. Je ne sens même plus mon bras. L’avocat a été très clair. Dominique a besoin de moi à ses côtés, à tout instant. Je ne dois à aucun moment laisser planer le moindre doute : « Domi n’a pas pu faire cela. Les faits qui lui sont reprochés ne sont qu’une machination ». Voilà le message à faire passer. Faire bloc, la réalité c’est celle que les gens vont voir dans les semaines qui suivent. Comment imaginer un seul instant qu’un homme de cette importance, de ce niveau intellectuel puisse risquer de tout perdre pour une futile et rapide partie de jambes en l’air de 7 minutes ? Non non, il n’est certainement pas si sot, Domi … (*).

Pousser les gens dans ce sens, les inviter à le croire, à en faire leur réalité, et la partie pourrait ne pas être complètement perdue. Je ne serais finalement qu’un instrument de réhabilitation pour mon très cher et (trop) chaud mari. Je serre les dents, comme trop souvent. Cet été s’annonce vraiment pourri. Lui, il est là, à quelques mètres devant moi. Il a l’air d’aller mieux. Son regard est un peu plus vif que ces dernières heures. Comment fait-il ? Il est là, impassible. Je sais qu’il bouillonne, qu’il s’impatiente. Toutes ces procédures, ces attentes, je le sais, cela l’exaspère. Mais voilà, cette fois, ce n’est pas lui qui tient les rênes. Je l’ai bien vu lorsque nos yeux se sont croisés. Il m’a à peine effleurer. J’ai le coeur brisé. Comment parler de tout cela ? Quand pourrons-nous le faire ? J’ai échangé avec lui dix mots tout au plus depuis que CELA est arrivé.

Le soutenir. Moralement et physiquement. Brave petit soldat toujours au côté de mon mari tombé de son piédestal depuis ce funeste 14 mai où il a été arrêté dans l’avion qui le menait à Paris. Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? Mon grand séducteur de mari devant l’éternel, mon « chimpanzé en rût » est presque indifférent à toute la scène. Les journalistes, les photographes, les femmes de ménage… c’est le grand déballage et cela ne fait que commencer. La honte, l’humiliation, la mauvaise presse, la pression, le passé… rien ne me sera épargné. Mais je suis forte, je me dois de l’être. Je l’ai déjà démontré par le passé : le scandale de la MNEF, la relation avec l’économiste hongroise du FMI, et toutes les ombres que nous essayons tant bien que mal d’occulter. Si je reste, c’est que mon diable de mari le vaut bien… Nous nous aimons d’un amour fort et ultime. Rien ne pourra le briser. Enfin… je crois…

Comment moi qui ai été une icône des années 80, l’une de ces femmes «jusqu’au bout des seins» que chantait Michel Sardou, de ces femmes qui voulaient tout – l’amour, la réussite professionnelle, les enfants – puis-je accepter de soutenir un homme suspecté d’avoir violenté une femme ? Comment moi, l’enfant choyée, l’ancienne star du petit écran, la riche héritière qui ai mis sans rechigner ma fortune au service de mon mari puis-je accepter d’avoir été ainsi trahie ? Trompée à la face du monde entier ? Au nom de l’amour… celui qu’il a toujours su me donner. Cette passion me détruira peut-être, mais je ne peux tout simplement pas la maîtriser. Comme j’ai déjà pu le lire dans certaines pages, oui, je suis prisonnière. Mais, je ne suis pas la prisonnière de ce système médiatico-politique que lui et moi échafaudons depuis de nombreuses et heureuses (si si !) années comme s’acharnent certains journalistes à l’écrire… Il aurait pu nous mener loin mon Domi, c’est vrai. Je le voyais tout en haut de l'affiche…

Je suis prisonnière de la passion. De mon homme, j’en suis folle. Qu’importe la direction, je vais le suivre, je ne peux me résoudre à autre chose.

Qui peut me sauver ?

Mon esprit s’embrume à nouveau….

(*) je décline toute responsabilité quant à la petitesse de l’un ou l’autre rare jeu de mots qui pourrait se glisser dans ce texte… moi ça m’amuse

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