Une empreinte

bleuelectrique

Cathy fixait le sol.

La lumière de l'aube dessinait son ombre.

Ses cheveux épais formaient une étrange silhouette qui ne lui ressemblait pas.

Ses mèches vibraient, et son ombre vibrait avec elles.

Cathy fixait le sol.

Tout était orangé.

Par moment, lorsqu'un nuage solitaire coulait dans le ciel bleu, son fantôme disparaissait.

Mais très vite il revenait et s'étalait de plus belle, recouvrant les mégots, les bouts de plastique et les crachats.

Cathy fixait le sol.

Le béton ne la dérangeait pas.

Délavé par le temps et le passage, il était tâché d'éclaircies, et à son tour il éclairait le paysage.

Face à Cathy, une vue imprenable sur la ville attirait les touristes du coin.

Mais Cathy, elle, fixait le sol.

Elle attendait quelque chose.

Elle aurait aimé fondre dans le béton, s'enfoncer dans le décor.

Elle voulait en faire partie.


Le soleil tapait de plus en plus fort, et avec lui les ombres devenaient de plus en plus distinctes.

Cathy voyait ses cheveux voler autour d'elle, autour de sa tête penchée, de ses épaules basses, et du banc usé sur lequel elle était assise.

Elle fixait le sol, son paysage à elle.

Elle l'adorait.

Elle adorait la force du bitume.

Son aspect rugueux, ses imperfections.

Le risque qu'il fallait prendre en allant vers lui.


Cathy ne pouvait pas tomber.

Elle ne risquait rien, car elle ne tentait rien.

Elle attendait, tout simplement.


Soudain, autour de sa silhouette, la lumière laissa l'empreinte d'un nouveau spectre.

Plus grand, plus fin.

Ses cheveux ne dansaient pas.

Sa tête était relevée, ses épaules hautes.

Il était debout.

Il était juste derrière elle.

Elle qui l'attendait.

Elle qui fixait leurs ombres.

Elle qui ne tentait rien.

Elle qui espérait.

Elle qui savait pourtant qu'ils ne feraient jamais partie du même décor.


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