Voyage en état d'ivresse

pouet

Voyage en état d’ivresse :

J’étouffe la routine, ou l’inverse… Partir, rouler, voler, pour oublier. Oublier le quotidien qui défile inlassablement derrière mon écran. Monotonie que je digère par le biais d’une tasse de café, qui me permettra d’augmenter ma productivité, et terminer ce foutu dossier, pour mieux pouvoir me barrer.

Il m’entend le temps qui passe ? Aujourd’hui j’ai 25 ans. Cela fait cinq ans que je suis avec ma copine, attiré par son corps, comme un aimant. Actuellement, je transite avec elle dans un wagon de métro, boulot, dodo.

Je les vois mes souvenirs ! Mon cerveau repart cinq années en arrière, et m’inonde d’images de mon dernier voyage en tant que célibataire.

Nous étions partis un été avec 9 autres amis, uniquement des mecs !

D’abord un voyage de 15h serré dans deux voitures. Le trajet agrémenté de bières et de pétard. On passe par Venise à l’aller. 35 degrés, des pigeons, et des cons partout.

Je revois nos sourires gravés ! Le passage de la douane croate, avec du sheat coincé dans le caleçon. Une petite montée d’adrénaline, un entrejambe bien moite, et une ébauche de sensation.

Nous passâmes la première semaine dans une villa croate, en bord de mer à Split, nid à touristes. A vrai dire, c’était ce que l’on recherchait.

Une semaine passée sous intraveineuse d’alcool, à bouffer de la merde, vomir, sortir en boîte sur le front de mer, brancher les filles qui passent, et s’oublier dans ces corps qui me frôlent… Rien de malsain là dedans, pas de mal être derrière tout ça, juste des bons moments entres amis.

Pas vraiment de découvertes culturelles ni de rapprochement avec la population locale, si ce ne fut la rencontre avec un papy croate baragouinant quelques mots d’anglais et d’italiens. Un original, qui nous fit un barbecue splendide, à base de sardines et autres poissons congelés sortis tout droit du LIDL le plus proche. Il nous fit rapidement comprendre que ces poissons seraient dégueulasses mais les cuisinaient quand même. Deux jours d’arrêts de voyage, à évacuer par tous les trous.

Puis arriva la deuxième semaine. Un petit tour de Croatie. Chaque nuit, nous cherchions une forêt ou un champ sur lequel poser notre bâche et nos duvets, puis nous dormions tous côte à côte, à la merci des ronflements et de l’insomnie. Veilleuse naturelle, les étoiles brillaient biens trop forts au dessus de nos têtes. Plus de douches ni de toilettes, ce qui ne facilita pas vraiment les rencontres féminines.

Je sens son amour. Là, nous voyageons de nuit dans le métro romain, main dans la main. Nous sommes tous deux biens bourrés. Cela fait partie d’un rituel que nous avons mis en place. A chaque grande ville visitée, son parcours nocturne en état d’ébriété. Les couleurs sont alors différentes, les rues deviennent des labyrinthes emplis de pouvoirs mystiques, les gens sont sympas.

Je sens l’ivresse ! Tout à l’heure, nous étions assis tout au bout à droite de la fontaine de Trevi, une bouteille de vin rouge à la main. Nous refaisions le monde, entrecoupant ces débats d’ivrognes par des baisers langoureux. Je passais de longue minute à fixer la statue se trouvant à mes côtés, en tentant de trouver une signification à toute chose. Puis j’embrassais ma moitié. Puis une gorgée de vin. Que la lumière était belle, que la nuit était douce…

Je sens la sensualité et brûle d’excitation ! Nous marchions ensuite en zigzag sur le sol pavé, qui résonnaient à chacun de nos pas, cherchant désespérément une station de métro pouvant nous raccompagner à l’hôtel, où le lit douillet nous attendait, prêt à se faire maltraiter une fois de plus. La visite s’accrochait dans la nuit, nous traînant de quartier en quartier. Nous longions le Tibre, les rues éclairées par les lampadaires à l’éclat empli de romantisme. Quelque mois avant, c’était la Seine dans Paris,  encore avant la Vltava dans Prague, la Tamise dans Londres, et à chaque fois la même joie de se trouver ensemble sur ces terres inconnues, coupées en deux par un cours d’eau, comme une artère irriguant d’oxygène les organes de la ville.

L’espace de quelques jours, notre oisiveté est tolérée dans cette drôle de société…

J’apprécie l’odeur de la déchéance. Là, je suis dans le métro, agressé par toutes ces lumières beaucoup trop vives, et tous ces bruits de machine, concentré plus que jamais sur le nom de la station à laquelle nous devons descendre, luttant contre ma désorientation chronique due à l’alcool.  Sur ce point là, pas un pour rattraper l’autre. C’est d’ailleurs comme cela qu’à Prague nous nous étions retrouvés à cinq heures du matin du mauvais côté du fleuve, dans des quartiers plus que bizarres, à l’apparence plutôt glauque, mur gris, visages fermés, odeur de la pauvreté.

Le vin tape dans mes temps, je me sens bien, j’ai presque envie de descendre au hasard, et filer de nouveau dans ces rues inconnues avec elle…

J’entends l’angoisse, je ressens le stress ! Demain, ce sera le métro marseillais et je partirai au boulot, écœuré de devoir passer les trois quarts de mon existence à bosser et économiser pour pouvoir enfin faire ce qui me plaît, à savoir voyager !

Penser à tout ça, me fait dire encore une fois, qu’elle est là la vraie vie. Pas dans ce quotidien morose, qui nous vole les trois quarts de notre temps. Tout y est tiède, les émotions, les actions…

En voyage, tout prend un sens, tout résonne plus fort, les paroles, les accents, mes sentiments, mes émotions, mes souvenirs…

  • Réponse à Hélène Katsaras : Merci beaucoup!

    · Il y a presque 11 ans ·
    Default user

    pouet

  • Réponse à "Tiare" : J'essaye de mettre en place tout ça, mais ce n'est pas forcément évident de tout quitter, trop d'enjeux à la con qui me bloquent...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Default user

    pouet

  • Si tu penses sérieusement tes dernières lignes, alors n'hésite-pas. Donne-toi les moyens de vivre ailleurs, de découvrir autre chose. Tu ne le regretteras pas.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Pedro almodovar 2012 150

    tiare

Signaler ce texte