YL5 rencontre COMPLICE

Langue Française

Complice

Les complies étaient déjà loin et la nuit tombée sans bruit, Ulysse avec sa miss, qui aimait tisser, escaladait le mur d’enceinte de l’entrepôt des vêtements Complices.

Ils s’étaient rencontrés quelque temps auparavant sur le site d’écriture onaimelesmots, le blog complice des auteurs, elle avait vu en lui son alter ego, et lui reconnut en elle son complément. 

Au lieu d’assurer leur cours de latin au lycée Lheure  pour l’un, et ses heures de cours particuliers de grec ancien pour l’autre, ils passaient le plus clair de leur temps à écouler des histoires dans la veine de la série  noire, mais leur dévorante passion commune les avait conduits au chômage.

Désirant se rencontrer physiquement, ils s’étaient donné rendez-vous pour une première, dans le complexe municipal abritant deux salles de cinéma, en vue d’assister à la projection du dernier film de Frédéric Mermoud avec Gilbert Melki : Complices.

« Tiens, c’est drôle de voir ce film dans un complexe » Dit Ulysse. « C’est vrai quand on sait que le mot complice vient du bas latin complex » répliqua-t-elle affichant un sourire entendu.

Une connivence totale s’installa rapidement, débouchant sur une fin de soirée pas compliquée, avec des corps alliés et mêlés qu’on plisse sans supplice.

Mais rapidement désargentés, ils adhérent à l’idée de vivre les nouvelles qu’ils compilent en ligne, voulant jouer les monte-en-l’air pour devenir compagnons de vol.

Idéalistes, ils voulaient comme Robin des Bois et Saint-Martin (pas Yves) vêtir les plus démunis, en pillant les dépôts d’habits, tout en refourguant une partie de leurs larcins pour survivre.

Et les voila associés dans la préparation d’un premier casse sans aide ni expérience, qu’ils accomplissent sans problèmes sur le papier, en imaginant déjouer tous les services auxiliaires assurant la sécurité de leur objectif. Pensant être tels les affranchis, affiliés au milieu, car ils connaissaient un vague fourgue honnête, ancien élève du lycée devenu recéleur, ils se lancent plein d’espoir direction Les Ullis, zone industrielle Henri Salvador, rue Allende.

A peine le mur franchi, ils sont poursuivis par le compagnon à poils de l’affidé à la sûreté, et les comparses aux fonds de culotte déchirés par les crocs du Médor réveillé, filent sans demander leur reste, que le chien savoure complimenté par son maître baillant.

Ils décidèrent alors de coucher leurs aventures qui séduisirent un éditeur.

Ils devinrent célèbres et réalisèrent leur souhait fondant les vêtements du cœur pour habiller à l’œil les descendants des sans-culottes dans le besoin.

Et comme professait en 1957 Vladimir Jankélévitch (1903-1985):

« La fausse situation au contraire est une société clandestine, une société noire qui se trahit en signes d'intelligence et clins d'œil complices. Tous deux nous nous doutons de quelque chose. Je te comprends, et je sais que tu me comprends, comme tu comprends toi-même que tu es compris. »

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