~7~ temps d'un été, de Paris à Beyrouth...~7~

ines-saade

PARIS- Station de métro Franklin Roosevelt


Première semaine de boulot achevée. J'ai l'impression d'en être à la centième ! Les journées se suivent et se ressemblent toutes dans cet hôtel trop chic pour moi. Je suis épuisé et blasé de ce boulot répétitif.

Ce week-end, mes amis me réservent un super moment. Une virée entre garçons pour aller me changer les idées. Direction Deauville ! J'ai toujours rêvé de voyager mais avec maman à assumer je n'ai jamais pu partir plus loin que Paris ! Alors ce petit voyage, certes ce n'est pas Cuba ou l'Ile Maurice, mais c'est peut-être le début de mon futur tour du monde qui sait ? Je n'ai que quelques minutes pour rentrer à la maison, récupérer mes affaires et dire au revoir à maman. Les garçons viendront ensuite me chercher en voiture.

   - Salut maman, je suis rentré !            

La maison est plongée dans un calme presque funeste…

   - Maman ?

   - ....

  - Maman, tu es là ? Qu'est ce que tu fais ?

Une angoisse s'empare de moi, je commence à fouiller frénétiquement notre petit deux pièces à la recherche de ma mère quand je finis par apercevoir son corps endormie sur une chaise au balcon. On dirait presque que son corps a rendu l'âme, c'est à peine si sa peau se soulève sous l'impulsion des battements de son cœur. A ses pieds, des dizaines de bouteilles d'alcool vides sont entassées, elle ne s'arrêtera donc jamais ? C'est cela être mère ?

J'aimerai plus que tout, la réveiller en lui criant tout ce que j'ai sur le cœur depuis des années. Lui demander de changer, de faire un effort juste pour moi, de me donner un peu de répit et un idée de ce qu'est une famille. J'aimerai entendre le son de sa voix, j'aimerai avoir son avis sur ma coupe de cheveux ou ma prochaine copine, mais à la place je n'ai que ce corps inerte, presque sans vie, ce regard toujours vide et ses paroles dans le vent, sans sens et sans conviction. C'est cette femme qui m'a donné la vie…et la merde, surtout.

Je me décide à la porter délicatement jusqu'à son lit. Je remonte la couverture sur son petit corps frêle, lui dépose un baiser sur le front et lui murmure que malgré tout, je l'aime. Je n'ai pour seule réponse qu'un petit grognement, j'imagine que c'est sa manière de me répondre « moi aussi je t' aime».

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 Quelques fous rires plus tard, nous voilà enfin arrivés à Deauville. Nous sommes quatre à débarquer sur cette plage de rêve.

Jad, Midou, Max et moi formons depuis l'école primaire « la bande des 4 ». On a grandi ensemble et on partage tout. Nos rares moments de joie comme notre lot quotidien d'embrouilles. Ce sont les frères que je n'ai pas eu.

Ce voyage me permet de faire le vide et oublier ma réalité. Mes 18ans me rappellent qu'il faut vivre, rêver et surtout aimer.

Je me laisse aller.

Je ris, je danse, je cris.

J'ouvre les yeux sur cette vie légère et insouciante qui m'était encore inconnue.

Je retrouve espoir en un avenir meilleur...

Plus loin, sur la plage, le soleil se couche. J'ai l'âme sereine et le cœur remplit de sourire. Le vent chaud vient caresser mon visage.

                                         Je suis vivant.

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