Cachemire & Soie

louise-boulay-rimbault

Synopsis : "Ils vivent parce qu'ils se cherchent et les soleils tomberaient en poussière si l'un d'eux cessait d'aimer."

Chapitre 1 

S'il leur plaît


S'il te plaît, embrasse-la. Elle ne veut que ça. Lise a toujours ce qu'elle exige alors hâte-toi. Zut à la fin. Quand elle te voit, elle a envie de te sauter au cou. D'arracher ta chemise. Ton jean. Tes baskets. Elle bouillonne. Elle n'en peut plus. Elle a envie de toi. C'est devenu incessant. Excitant. Jouissif. Là, vous buvez un verre à la terrasse du Saint-Flaceau. Tous les deux, seuls. Le ciel est magnifique. La chaleur, enivrante. Tu lui parles. Elle ne t'écoute pas. A vrai dire, tes problèmes d'appart, tes nouvelles platines, tes jevaisàLondreslasemaineprochaine , elle s'en fout. A moins que tu ne l'invites. Oui. A moins que. Mais rêve pas Lise. Pas maintenant. Pas tout de suite. Vous irez quand vous serez mariés, deux enfants, appart à Paris, avec votre golden retriever adopté depuis deux mois. Lise a tout prévu. Normal.

Pour le moment, elle n'a plus qu'à attendre. Elle se contente de le regarder et de rêvasser. Elle pose sa main sur sa joue. Elle remet sans cesse en place ses nouvelles Nina Ricci achetées hier. Le soleil lui fait mal aux yeux. Elle ne boit pas son sirop de citron. Elle s'amuse avec le touilleur rose en forme de cœur. Elle le regarde toujours. Elle croise et décroise ses jambes bronzées avec le nouveau Clarins. Lise se retient. Elle se mord les lèvres de ne pas pouvoir crier à Charles : « Ecoute, je suis célibataire, CÉ-LI-BA-TAIRE. T'attends quoi pour faire le premier pas ? » Non. Trop violent. Autre possibilité : (en se levant brusquement, s'asseyant et écartant les jambes sur les genoux de Charles) « Dépêche-toi Charles, je vais craquer ! Baisse ta braguette ! Déshabille-toi ! Jette moi ce foutu jean ! » Han. Trop vulgaire. Non, un simple  Je t'aime Charles  suffirait. Plus discret. Plus efficace. Mais Lise est timide, elle n'osera jamais lui dire. Dommage.

Lise le connait depuis trois ans grâce à sa meilleure amie. Lise est seule depuis des mois. Lui aussi. Jamais le courant n'a été aussi parfait entre eux. Ils sont amis. Rien de plus. Pour Lise, c'est compliqué. C'est devenu évident le jour où il l'a raccompagnée chez elle. A 6h30 après une soirée arrosée. Trop arrosée. Elle avait bu. Elle pleurait. Elle ne savait pas pourquoi. Enfin si. Charles était là. Mais pourquoi tu fais ça Lise. Arrête. Alban n'est qu'un con. Oublie le. Il avait raison. Elle l'avait oublié. Charles l'avait portée. Il avait enlevé sa robe Vanessa Bruno. Il l'avait allongée, elle s'était endormie. Le lendemain elle s'était réveillée, elle avait traversé l'appart en petite culotte pour le trouver. Il était là, dans la cuisine, pressant des oranges. Elle l'avait surpris. Ils s'étaient souris. Pas un mot. Rien. C'était la première fois qu'elle ressentait un picotement dans le bas du ventre.

Lise est jalouse. Elle ne supporte pas que Charles traîne avec d'autres filles. Même si elles sont déjà engagées. Ca l'énerve. Ca lui fait mal. Mais Charles n'y peut rien. Il ne sait pas. Le pire c'est quand elle voit des photos de lui avec des belles nanas et des commentaires douteux. Une catastrophe. Ne l'approchez pas. Charles est à moi. Allez ouste du balais ! Non mais pour qui se prennent ces pétasses ?! Toute façon, Lise c'est elle la plus belle avec son châtain foncé, sa frange irréprochablement bien coiffée, son 1m75, et ses robes en soie signées Pucci. Et toc. Mais  ces jours-ci Lise a peur. Elle ne veut pas que Charles en rencontre une autre. Elle ne veut pas le laisser filer. Mais elle ne peut pas lui dévoiler la vérité. Trop réservée pour ça. Alors elle angoisse et s'allume une Vogue. Oh kiss me. Lick your cigarette. Then kiss me. You know. You know. You know that yes I love. Si Charles lui annonce un jour qu'il est en couple, Lise se tue. Pour de vrai. Pourtant.

*

S'il te plaît, embrasse-le. Il n'attend que ça depuis des mois. Depuis qu'il t'a rencontrée. Quand il te voit, il a envie de te toucher. De t'embrasser. Il explose. Il est fou de toi. Il a envie de toi. C'est devenu une obsession. Une excitation. Une jouissance. Là, vous buvez un verre. Il t'a invitée. Tu lui manquais, il voulait te voir. Il te parle mais tu ne l'écoutes pas. C'est pas grave, tant que tu es là. Il voudrait faire des tas de choses avec toi, partir à Londres, t'emmener avec lui. Allez viens darling. Mais il préfère attendre. Tu viendras. C'est sûr. Mais pas maintenant. Pas tout de suite. Il a prévu tout ça dans dix ans. Quand vous serez fiancés. Avec une petite fille. Et votre chien. Ou non, pas de chien.

Pour le moment, il se contente de la regarder. Il est attentif et surveille ses moindres gestes. Ses moindres mouvements. Il la trouve belle. Ses yeux. Son nez. Sa bouche. Ses lèvres. Sa poitrine. Ses jambes. Tout. Il a remarqué qu'elle fait de plus en plus attention à elle. Pour lui plaire ? Pas bête la guêpe. Aujourd'hui il porte sa chemise préférée. Une Zadig & Voltaire achetée il y a trois semaines. Il aimerait qu'un jour Lise lui arrache. Ou lui enlève. Plus délicat. Il s'imagine souvent avec elle. Elle s'assiérait sur ses genoux et lui crierait : « Dépêche-toi Charles, je vais craquer ! Baisse ta braguette ! Déshabille-toi ! Jette moi ce foutu jean ! » (un Hilfiger Denim entre autre). Grr. Excitant. Non il préfèrerait un  « je t'aime Charles». Mais il sait qu'elle est timide. Jamais elle n'osera lui dire. Au café, il la voit jouer avec son touilleur. Elle a toujours eu cet esprit bon enfant. C'est ce qu'il aime en elle. Elles te vont bien ces nouvelles Ricci. Traduction, tu es très belle. Lui aussi a une nouvelle paire, des Carrera. Lise les adore. Il marque un point.

Il la connait depuis trois ans grâce à sa meilleure amie. Il est seul depuis longtemps. Lise aussi. Jamais le courant n'a été aussi idéal entre eux. Ils sont amis. Rien de plus. Pour Charles, c'est difficile. C'est devenu évident le jour où il l'a raccompagnée chez elle. Vers 6h30 après une soirée arrosée. Elle avait bu. Mais pourquoi tu fais ça Lise. Arrête. Il n'aime pas la voir dans cet état. Il l'avait portée jusqu'à sa chambre. Il l'avait déshabillée et allongée. Elle s'était endormie. Il la regardait. Le matin, elle s'était réveillée. Charles lui avait préparée un petit-déjeuner. Elle l'avait surpris dans la cuisine. Elle était en petite culotte. Accoudée à la porte. Là. Sublime dans son ensemble pastel Erès. Elle lui avait souris. C'était la première fois qu'il ressentait un picotement dans le bas du ventre.

Charles est jaloux. Il n'aime pas voir Lise fricoter avec d'autres garçons. N'essayez même pas, vous n'êtes pas son genre, et puis quoi encore ?! Ca le rend nerveux. Ca le rend agressif. Mais Lise n'y peut rien. Elle ne sait pas. Comme cette soirée passée au Social Club. Un garçon l'avait approchée de trop près. Lise avait discuté avec lui. Pris son numéro. C'était trop. Toute façon, Charles c'est lui le plus beau avec son 1m80, son blond foncé, sa mèche impeccablement bien lissée et ses pulls en cachemire signés Melinda Gloss. Et oui, les autres peuvent s'en retourner, ils n'ont aucune chance. Ces temps-ci, Charles a peur. Il ne veut pas que Lise en rencontre un autre. Il ne veut pas la perdre. Il pense tout lui dire. Chiche ? Mais il ne sait pas sa réaction. Alors il angoisse et s'allume une cigarette. Oh no, no you girl never know how you make a boy feel. S'il apprend un jour que Lise est en couple, Charles se tue. Pour de vrai. S'il savait. 

Chapitre 2

Arrêtez-les


Lise vient à peine de toucher à son verre. Elle veut faire durer l'instant. Elle boit goûte par goûte. Elle boit lentement. Elle fixe Charles des yeux. Elle soutient son regard. C'est à celui qui décrochera le premier. Lui. Gagnée.

  Les gens autour d'eux font des va-et-vient. Lise a l'impression d'être seule. Qu’avec Charles, bien sûr. C’est comme si le temps s'arrêtait. Mais le temps passe. Et Lise veut rester avec lui. Qu'avec lui. En plus, elle doit filer dans 45 minutes. Oh non ! Dis Lise, t'as réussi alors à avoir ton job ? Oh, ça. Elle ira travailler chez un ami à son père. Un homme qu'elle soupçonne mafieux, sans grand intérêt, pouvant débattre sur n'importe quelle chose inutile qu'il puisse exister. Monsieur est avocat, tuvoisquoi,cen‘estpasn‘importequi. Elle ne le supportera pas. Elle le sait. C'est perdu d'avance. Mais Charles sourit et la rassure.

Lise lui demande ce que lui fera. A son tour de répondre. Elle aime jouer l'indifférente alors qu'elle sait ce que va faire Charles. Si si. QUOI ? TU VAS PARTIR UN MOIS EN AUSTRALIE ? Ca, elle ne le savait pas. Mais ce n'est pas encore sûr. Ouf. Elle espère. Lise ne peut pas s'imaginer l'attendre un mois déprimant sur son canapé Zara, seule au milieu du salon décoré de Warhol, digne du goût d'une ancienne femme du monde : sa mère. A ce moment précis, Lise réalise qu'elle ne veut pas que Charles parte. Ce serait dur. D'accord, il y a facebook, msn, skype, twitter et elle en passe mais non. Rien n'y fait. Charles doit rester. Un mois d'attente. D'un retour calculé et pointé sur son agenda. Lise arrête de sourire. Elle enlève ses Ricci. Elle les pose sur la table. Elle a le regard perdu. Je vais m'ennuyer sans toi. Le jeu n’est plus drôle.

*

Charles écoute Lise. Il y a de plus en plus de monde autour d'eux. Il aimerait que les gens se figent. Ne laissant que Lise et lui. Evidemment. Il s'amuse avec son regard. Il se sent pénétré. Ils se fixent. C'est à celui qui décrochera le dernier. Elle. Perdu. Il doit partir dans trente minutes. Il ne veut pas. Il veut rester avec Lise. Qu'avec Lise. Trente minutes c'est si peu. Ca passe si vite. Arrêtez le temps. Il vous en conjure. 

Lise blablate. Elle le fait rire. Elle lui explique qu'elle va travailler chez un ami à son père qu'elle déteste par dessus le marché cet été. Elle l'imite. Je suis sûre qu'il n'est pas net, qu'il cache quelque chose. Tu devrais le voir avec son accent. Un vrai clown. Un abruti. Charles trouve Lise rigolote. Son second charme. Il la réconforte. Elle ne travaillera pas souvent avec lui. Qu'elle ne s'inquiète pas.  Et puis vient le moment crucial. Celui que Charles redoutait. Il devait le dire à Lise. Je risque de partir six mois en Australie. Il ne pouvait pas lui cacher. Cette phrase résonne mal. Lise a l'air étonnée. Deux secondes de blanc. Elle est perturbée. Charles l'aurait-il touchée ? Mmm, à suivre. Lise le prend mal. Un point de plus pour Charles. Ce voyage serait bénéfique et orgasmique certes mais il ne verrait pas Lise, et ce serait dur. Six mois, ça passera vite. Oui. C'est ce que se dit Charles. 

Chapitre 3

Aie

Lise a fini son sirop. Elle ne décroche pas un mot à Charles. Tu es obligé de partir là-bas ? Elle n’entend même pas la réponse de Charles. Elle se lève. Elle prend son sac Roberta Di Camerino. Elle ramasse ses affaires : foulard Charvet, bloc-notes de chez Colette, clés de l'appart. Charles se lève à son tour. Il a l'air confus. Lise est susceptible. Peut-être trop. Ils se font la bise. Cette bise que Lise déteste tant. Elle se retourne et disparaît vers l'avenue de la République. Là où elle vit. 

*


Charles doit filer. Ca y est. Lise se lève avant lui. Elle prend son sac et ses affaires. Elle a l'air furieuse. Charles comprend. Il prend son casque. Il remet le fauteuil en place. Lise lui tend la joue, il lui fait la bise. Cette bise qu'il hait tellement. Elle se retourne et s'éclipse. Charles réfléchit, il reste un instant immobile et sait, il sait pourquoi Lise est contrariée. Elle ne veut pas qu'il parte. C'est évident. Il sourit. Heureux. Il monte sur sa Vespa, l'allume et se dirige vers le XVI ème. Maintenant, il sait.

Chapitre 5

Et pourtant

Ce qui devait arriver est arrivé. Charles ne l'a pas embrassée. Il ne s'est pas bougé. Rien. Nothing. En plus il se permet de partir six mois en Australie, lieu de rencontre de la haute communauté surfeurs bronzés et poufs blondes teintées type Paris Hilton, niaises, incultes, stupides et. Stop. Censuré. Pincez-la. Elle rêve. Lise finit sa cigarette. Elle rentre dans l'appart. Elle pose son sac dans l'entrée. A côté des plantes. Du bureau. Personne n'est là. Elle va dans le salon. Elle prend et regarde une photo de sa mère. Elle lui ressemble. Elle repose le cadre. Elle tire les rideaux. Elle allume les lampes. Elle écoute Aaron. Elle a une boule dans la gorge. Elle s'allonge. Charles en a rien à faire de moi. Ca se voit. Elle pense qu'ils resteront amis. Et faire comme si de rien n'était. Elle ne pourra pas le supporter. Elle craque.

*


Charles traverse Paris. Il rentre chez lui. Il aimerait voir Lise. Encore. Toujours. Il veut lui dire qu'il a compris. Qu'il ne tardera plus. Ce soir, il mixe au Panic Room. Il espère que Lise viendra. Qu'elle le regardera fièrement et l'applaudira comme elle le fait si souvent. Mais il a peur qu'elle ne vienne pas. Qu'elle soit fâchée. Qui ne tente rien n'a rien. Il se lance. Il lui écrit. Rejoins-moi ce soir au Panic R. Je veux que tu viennes. Il attend une réponse. Elle lui dit qu'elle ne peut pas. Mais demain si tu veux, au Casa Loca, heure habituelle. Charles arrive à sa fin. Le cœur qui bat à cent à l'heure. 


Oh !  PS : Lise revoit Charles demain. Elle arrive à sa fin. Son cœur n'a plus mal au cœur. 

Chapitre 6

Présentations

Je m'appelle Lise. J'ai dix-huit ans. Je suis à la fac. Professions des parents ? Mon père répare votre corps. Mère ? Vous l'avez vue dans deux ou trois films un soir, à 20H50, alors que vous n'aviez que ça à faire de regarder la télé. Mais si. Souvenez-vous. Date de naissance ? 27 juin 1991. Retenez cette date. Elle est importante. Problèmes médicaux ? RAS. Fume ? Hum hum. Oui. Caractère ? Exigeante. Timide. Réservée. Rigolote. Compliquée. Souriante. Colérique. Attachante. Loisirs ? Charles. Bon d'accord. A mon âge, ça peut surprendre qu'une jeune fille en train de se démaquiller dans sa salle de bain avec son Dr. Hauschka puisse penser à lui. A Charles. Mais mettez-vous à ma place. Je suis si bien quand il est là. Tout devient si simple. Si évident. Vous vous demandez comment on s'est rencontré peut-être ? Non ? Ne faites pas les innocents. Vous en mourez d'envie. Je le sais. C'était il y a trois ans. J'étais avec une amie, Romane. On faisant les magasins. C'était en hiver, il faisait froid. On se dirigeait pour prendre un chocolat chaud, et là, Romane s'arrête. Elle va faire la bise à quelqu'un. A un de ses amis. Beau. Grand. Yeux bleus. Voix virile. Gentil. Poli. Je lui souris. Il me répond. Oh Lise, voici Charles. Charles, voici Lise. On se regardait sans rien dire. Comme si plus rien ne comptait autour de nous. On s'est revu plus tard. A des soirées. En boite. Chez Romane. On blablatait sur msn. On est devenu proches. Et puis il y a eu cette soirée où j'ai craqué. Où j'ai su. Je ne vous raconterai rien. Demain sera THE rendez-vous. Il veut me voir. Il me l'a écrit. Je ne laisse rien au hasard. Il veut me dire quelque chose. Devinez quoi. Je réfléchis à ce que je vais porter. Difficile de choisir. Là, je suis en petite culotte et débardeur. Il est 23H00. Je verrai ça demain. Je file dans ma chambre écouter Pony pony Run run. Le sourire aux lèvres. Le cœur léger. Heureuse comme jamais. 

*

Je m'appelle Charles. J'ai dix-neuf ans. Né le 22 août 1991 à Paris, cette ville est mienne. Je mène ce que l'on appelle un train-train parisien. Je vais où j'en ai envie. Je fais ce qu'il me plaît. Ne vous inquiètez pas. Je ne suis pas un de ces enfants gâtés. Un de ses fils à papa. Et vous savez pourquoi ? Non ? Hin hin. Je vais vous le dire. Ne bougez pas. Parce que Lise. Je pourrais passer des heures à parler d'elle. Lise. Lise. Lise. Je l'ai rencontrée il y a trois ans. Par l'intermédiaire de sa meilleure amie. Elle m'est apparue jolie. Mince. Naturelle. Discrète. C'est plus tard en la connaissant de mieux en mieux que je l'ai sue fascinante. Elle m'a assagi. Alors que des gens vivent pour l'argent, la gloire, l'orgueil, moi je vis pour Lise. Tout n'est rien sans elle. Je l'aime. C'est comme ça. Je peux surprendre. A mon âge, beaucoup pensent qu'être amoureux rend cucu. Ou niais. Moi je trouve ça beau. Lise sinon rien. Un point c'est tout. Je la connais par coeur. Je sais ce qu'elle adore. Me voir, par exemple. On se complète tous les deux. On se ressemble. Et demain. Demain je pourrai l'embrasser. La toucher. Car demain. 

Chapitre 7

Et puis ...

9H30. Lise est réveillée. Son jour est arrivé. Charles, attends-la. Elle approche de son but. Elle ne sait pas comment décrire l'état dans lequel elle se trouve. Emballée ? Excitée ? Nerveuse ? Heureuse ? Elle est comme toutes ces jeunes filles aux soldes. Impatientes. En furie. Mais elle, ses soldes c'est Charles. Pas besoin de bagues Armani, ni de débardeur Pinko pour son bonheur.

Elle a choisi. Elle va porter sa robe BGN rouge en satin de soie, avec ses sandales Tita March. Elle devrait lui plaire habillée comme ça vous ne trouvez pas ? Mais elle ne veut pas non plus lui faire exploser sa braguette. Imaginez le scénario. Ca gâcherait tout. Lise sait ce qu'il l'attend. Elle se voit avec Charles. Assis tous les deux encore une fois. Il s‘approcherait d‘elle et. Le moment le plus délicieux. Mais avant, Lise doit déjeuner au Vénézia avec Romane. Pour fêter sa promo à Lisaa. Elle sait que ce repas sera interminable. Mais ça ne fait rien. Tant qu'elle sera avec Charles dans les heures qui suivront.

*

Charles est rentré tard. Il n'a pas beaucoup dormi. Il est fatigué. Hier soir, il a mixé. Il était avec ses potes. Il se sentait bien. Il pensait à Lise. A aujourd'hui. A tout à l'heure. Ils doivent se voir au Casa Loca. Il veut lui dire tout ce qu'il sait car il sait que c'est à lui de commencer. De faire le pas. Il le fera. Juré.Il se tient debout dans sa chambre. Devant son armoire. Il porte seulement son boxer Calvin Klein. Il se demande ce qu'il va porter. Une chemise. La Ben Sherman. La plus belle. Il est 12H30. Il ne doit pas traîner. Il doit se préparer. Il faut qu'il aille avant chez son père récupérer sa guitare oubliée. Mais il veut voir Lise maintenant. Tout de suite. Il ne veut pas attendre. 

*

14H. Lise a hâte. Elle n'a plus que deux heures à tenir. Deux heures qui lui paraissent être une éternité. Elle voudrait s'anesthésier tant l'excitation monte en elle. Mais non, après, elle ne pourra plus voir Charles. Mauvaise idée.Au Venezia, tout s'est bien passé. Elle n'avait pas faim. Elle se sentait gênée de n'avoir rien presque commandé. Mettez-moi un gaspacho, ça ira. Quand on est amoureux, on ne mange pas beaucoup vous savez. Là, elle accompagne Romane aux Galeries pour l'aider à acheter un porte-monnaie. Un calvaire. Le rose Vuitton ou le cuir Longchamp ? Mais Lise s'en moque Romane. Elle veut que tu te décides. Que tu choisisses. Elle veut partir au plus vite pour rejoindre Charles. Ne la rend pas de mauvaise humeur. Ce n'est pas le moment. Merci.

*


15H. Charles accélère. Il double. Il freine. Il s'arrête. Il redémarre. Il va de plus en plus vite. Il tourne à gauche. Il va tout droit. Il veut arriver le premier. Il veut que Lise ne voit que lui quand elle arrivera. Seulement lui. Un carrefour. Priorité à droite ? Il passe ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Il oublie tout. Son casque l'étouffe. Tant la jouissance monte en lui, il voudrait ne plus respirer. Mais non, c'est une mauvaise idée Charles.Il accélère encore. Et puis il ralentit. Il se gare. Il retire les clés. Il les met dans sa poche. Il enlève son casque. Il regarde son portable. Il est en avance. Il porte son casque à son bras. Il s'allume une cigarette. Il va s'asseoir sur un banc. Que personne ne le dérange. Il veut rester seul et ne penser qu'à Lise. Qu'à tout à l'heure. Ne prêtez pas attention à lui. Merci.

*

15H45. Lise doit y aller. Ca y est. Elle laisse Romane. Elle lui dit que ça va aller, que tout sera parfait. Lise a confiance. Elle se sent stressée. Elle sait que Charles sera déjà là. Elle touche et fait tourner sa bague Kenzo dans sa main. Elle marche vite. Elle approche. Il est là. Il l'attend. Elle lui sourit. Il s'avance. Face à face. Et.


 Chapitre 8

... Zut

Et c’est sous ce ciel magnifique, cette chaleur enivrante que  Lise et Charles se tenaient debout. Lise avançait vers lui. Elle venait à lui. Lentement. Lui l'attendait, les mains dans les poches et la regardait fixement. Il pensait ce qu'il pense toujours : c'est la plus jolie. C'est quand Charles a tendu sa joue que Lise a reculé. 


Oui et alors ? Lise ne voulait plus de cette amitié. Ce qui est normal. Elle voulait plus. De l'affection. De la tendresse. Charles aussi en réclamait. Et s'il vous plaît, ils se sont embrassés. La suite ne nous regarde pas.


Ces deux là ont mis du temps à se comprendre. Un jour, Lise osa dire à Romane qu'elle se sentait idiote d'avoir réagi si tard. Charles lui, osa lui avouer qu'il avait peur qu'ils restent de simples amis. Cette amitié ne les auraient emmenés nul part. Vous vous en doutez.

P.S : Lise attendra Charles pendant six mois. Six mois ce n’est rien, ça passe si vite.


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