Deux-mille treize

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Neuf-heures du matin,la liumiére du jour transperce l'épais rideau de ma chambre et me sort progressivement de mon sommeil.Mes paupières lourdes peinent à s'entrouvrirent mais finissent par s'ouvrirent pleinement.Je suis désormais complétement réveillé, la nuit s'en est allée discréte mais chargée.La fraicheur de ce jour qui vient de naitre m'invite cependant à garder le lit un peu plus longtemps et le silence qui l'accompagne renforce en moi cette coupable envie. Un silence de fin du monde,nullement inquiétant,un silence de début de quelque chose,un silence en attente de quelque chose.

A cet instant je pose mon regard sur le calendrier fixé par un clou au dos de ma porte,je peux lire la date qui s'affiche en gros caractére gras.Nous sommes le premier jour du premier mois de l'année 2013. Pour les non superstitieux c'est une belle année qui s'annonce d'autant plus belle que nou devions ne pas en etre, les oracles ayant prévu l'apocalypse pour 2012, il faut croire qu'ils se sont égares.Je songe alors à cette phrase qui souvent me hante: Pour certains la fin du monde a lieu tous les jours.La formule semble étrange mais cette idée n'est pas aussi bizarre qu'elle parait.Avec le recul je me remémore les évènenements qui se sont déroulés ces deux dernières années et le printemps Arabe est celui qui me vient le premier à l'esprit avec son cortège de dictateurs délogés de leur trone sur lequel ils pensaient régner pendant des siécles et des siècles.Je pense à tous ces martyrs tombés au nom de la libérté au premier d'entre eux, dans une bourgade de Tunisie,celui dont le corps enflammé fut l'ame de cette révolution,celui dont le sacrifice aura permit de faire jaillir l'idée de liberté dans des contrées supposées imperméable à ces idéaux.

Alors peut etre que la fin du monde a vraiment eu lieu. Nous serions dans ce moment de transition entre la fin et le début.

1er janvier 2013.1er jour d'une année nouvelle, d'ordinaire à cette heure j'entends résonner les voix encore pleine d'énergie de mon père et de ma mère mais ce matin rien ,seulement le silence.Sont'ils encore couchés ? Trainer au lit n'est pas leur genre. Peut etre sont ils sortis discretement afin de me laisser dormir ,d'habitude ce n'est pas comme ça! que se passe t-il ?

Je sens que le temps est venu de quitter le confort de mon lit et de partir à leur recherche. Je déambule dans le couloirs mes pas me mènent dans le salon .il est vide! je m'approche de la fenetre et pose ma tete sur la vitre dans un geste machinal. Dans la cour de l'immeuble dont les contours déssinent un hexagone les feuilles forment un tapis que le vent tourbillonnant soulève et dépose en des arabesque harmonieuse.

C'est drole jamais depuis des années je me suis senti aussi bien. La nuit m' réparé m' a reconstruit .J e songe alors à cette convalescence , dur pénible mais fertile aussi :j'ai découvert l'écriture la poèsie surtout, un monde que j 'imaginais inaccessible ; La poèsie , on y peut réussir que si l'on a quelque talent et un peu souffert, j'ai beaucoup souffert !

Aujourd'hui cela me semble loin dérrière moi, très loin toutefois je ne me sens pas encore en capacité de faire face à une absence prolongée de mes parents et celle ci m -inquiète, en ce premier jour de l'année je suis seul , comme abandonné par ces etres qui me sont chères ,mon esprit se trouble ,une grande confusion m'envahit mais je commence à comprendre ce qui se passe. L'impensable l'inconcevable est arrivé! j'ai cessé d'etre ! Je ne suis plus! Alors ce serait ça le départ: un immense sentiment de paix,l'absence de douleurs, le silence de fin du monde. Les oracles ne s'étaient pas trompés.La fin du monde a bien eu lieu,en tout cas la fin du mien et de tant d'autres peut etre ? Quand cela s'est-il produit? Dans quelles circonstances? J'imagine m'en etre allé pendant mon sommeil, mais mon esprit demeure, il lutte encore ! sans mon enveloppe charnelle cette charogne de souffrance, je suis encore prèsent.Invisible aux yeux des hommes. Ce lieu qui m' a vu naitre me donne la force d'etre toujours là, toujours là, mais ou là ? Peut etre dans cet entre deux qui précède le grand départ ? Je sens que la réalité qui m'entoure va s'effacer bientot et que tout va disparaitre pour commencer à nouveau.

Mais maitenant je pars ... je vois mes parents, ils se tiennent à quelques mètres de moi  je les ai rejoint ou peut-être est-ce eux qui m'ont dans ce qui serait l'autre monde . Avec tout ce que j'ai enduré j'espère au moins avoir gagné le paradis ! c'est étrange car je les vois faire de drôles de gestes et me parler mais je ne les entends pas, aucun son ne sort de leur bouche , toujours ce silence, cependant je peux lire sur leur lèvres , sur celles de mon père: "Bou" , " bouclettes" , " boules quiès " je souris et m'empresse d'ôter les boules de cires que j'avais enfoncés profondément dans mes oreilles juste avant de dormir. Non de fin du monde il n'est pas encore question , je me sens bien et heureux d'être toujours vivant.

 

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