la petite fleur du brin d'ortie

Karine Géhin

Une pauvre petite fleur, triste et mal assurée,

Fragile sur sa tige, qui ne veut pas pousser.

Elle veut rester bourgeon, ne jamais s'étoffer,

Cachée par les fougères, elle se sent protégée.

Pourtant il fut un temps, où cette petite fleur,

Ondulait dans le vent, au milieu de ses sœurs.

Et déployait ses feuilles, encore pleines de rosée,

Fière de ses beaux pétales, tendres et veloutés.

Moi je ne suis… qu'un brin d'ortie.

Timide, craintif et disgracieux.

Je donnerais…ma pauvre vie

Pour faire revivre tes jours heureux…

Je ne peux endurer, de la voir dépérir,

De la voir sangloter, de la laisser mourir…

Chaque larme qu'elle verse, est comme un sécateur,

Aux vieilles lames rouillées, qui taillade mon cœur…

Je lui ai déjà dit, "tes épines vont pousser,

Laisse la sève te nourrir, tu vas te fortifier".

Mais ma fleur ne veut pas, devenir une belle plante.

Elle veut seulement crever, c'est son idée constante.

Moi je ne suis… qu'un brin d'ortie.

Timide, craintif et disgracieux.

Je donnerais…ma pauvre vie

Pour faire revivre tes jours heureux…

C'est par un soir de juin, sentant l'herbe fauchée,

Que ma fleur innocente, s'est laissé mystifier.

Elle était si naïve, qu'elle n'a pas remarqué

Le serpent venimeux, derrière l'œil enjoué…

Et il s'est amusé, se raillant de ses pleurs

Et il l'a massacrée. Ça a duré des heures.

Elle était comme fanée, lorsqu'on la retrouva

Elle était déchirée, son âme n'était plus là…

Moi je ne suis… qu'un brin d'ortie.

Fragile, en deuil et le cœur malheureux

Je ne peux plus donner ma vie,

Il n'y aura plus de jours heureux…

Ma fleur est morte hier.

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