La voix de ceux qui n'en ont pas

Poètes, avec tes mots berces ceux qui ont froid.

De ceux qui n'en ont pas, fais entendre la voix.

Que les écrits qui naquirent de bout de tes doigts

Inspirent toujours les loups qui aventure cherchoient.

Que les dits loups osent un jour suivre leur voie

Sans y rencontrer d'effrayants chevaux de Troie.

De l'espérance pour ceux qui ont perdu la foi

En eux, en tout, en la vie, en je ne sais quoi.

Pour les enfants, les jeux, l'innocence et la joie,

Peu importe qui ils sont et ce en quoi ils croient.

Qu'ils jouent aux p'tits soldats, que leurs armes soient en bois,

Qu'un jour on leur apprenne A.B.C, 1.2.3.

Qu'aux filles de 9 ans on n'passe la bague au doigt.

Que ces quelques mots puissent un jour franchir les lois

Pour ceux qui n'ont pas le formulaire 203.

De vivre ici, qu'on s'le dise, ils n'ont pas le droit,

Malheureusement, pour eux cette vie n'est pas un choix,

Qu'ils soient Roumains, Maliens, Mexicains ou Danois.

Pour l'espérance des petits pêcheurs d'anchois.

Puissent-ils face aux chalutiers géants faire le poids.

Que sans plus tarder aux ouvriers de Thanh Hoa,

Les patrons offrent le mieux payé des emplois.

Barde, rappelles nous ceux qu'on oublie parfois,

Les Palestiniens qui des bombes sont les proies

Et les Tibétains qui s'opposent aux Chinois.

Mon ami, puisses-tu faire que des millions d'yeux voient

Les mains des dictateurs d'où les cadavres choient,

Les forêts que l'on rase pour en faire du bois

Sans se soucier du futur des singes et des boas.

Tout ce pétrole déversé dans l'eau que l'on boit.

Orateur rimbaldien, tes vers vivent en moi.

Ils hurlent comme des chiens qui dans la nuit aboient,

Contre ceux qui de l'intolérance sont rois,

Ces chers monsieur Vanneste et monseigneur Vingt-Trois.

Dis-moi ces gens-là, ceux qui ont l'esprit étroit.

Ne savent-ils donc pas combien c'est beau d'être soi.

Que tes mots chez tes lecteurs provoquent l'émoi.

Agites ton crayon, que la poésie soit !