L'autoroute A666

Boris Collin

Le premier jour tout s'est bien passé. Enfin bien c'est un grand mot, puisque ma fiancée, mon père, ma mère mon fils et moi étions en voiture, direction « la Bretagne ». Après s'être arrêté manger à un relais routier, la voiture est reparti. Mais, horrible problème, la famille s'aperçoit qu'un des parents manque. Et devinez quoi ? Le parent c'est moi. Vous l'avez compri, ma famille m'avait tout simplement oublié, me laissant, pour seuls moyens de survie : Six clopes, un portable sans batterie, un CD des Bee Gees et 2,66 euros. Et de ce fait j'allais devoir survivre 10 jours dans la plus horrible des jungles, l'autoroute.

Le deuxième jour, tout va commencer devenir horrible, puisque dès le début, un parent, me prenant pour un pédophile, m'a frappé. j'ai vécu dans la clandestinité la plus totale. Clandestinité qui me permis de découvrir l'univers des routiers gay. Routiers très sympathiques, bien qu'ils m'aient, à nouveau, frappé, et qu'ils m'aient en plus, volé mon album des Bee Gees, « Les goûts et les couleurs. »

Le troisième jour, j'ai découvert que la quasi totalité du relais, était recouvert d'affiches de police à mon nom. Apparemment ma petite altercation d'hier commençait à aller un peu trop loin à mon goût. De plus j'ai fait la connaissance d'un type tout à fait sympa : Claude le clochard, allias Clo-clo. Clo-clo qui allait m’initier au vol à la tire de grand-mère, et au vol à l'étalage. Discipline dans lesquelles j'allais considérablement exceller.

Le quatrième jour, je retrouvais la jeune femme qui m'avait indiqué cette route. Jeune femme que j'allais, par la suite espionner, épier, avant qu'elle ne me prenne la main dans le sac, et qu'elle ne me frappe. J'allais me réveiller seulement le lendemain matin.

Le cinquième jour, j'ai rencontré un groupuscule satanique sadomasochiste qui, après de longues délibérations, vont décider de me prendre pour chef « Encore une fois, les goûts et les couleurs » !

Le sixième jour, j'ai retrouvé mes amis les routiers, à qui on avait volé l'album des Bee Gees, ils vont me capturer, pensent que le groupuscule payerait ma caution. Chose qu'ils ne vont pas faire, et je vais devoir racheter ma liberté avec les deux cigarettes qu'il me restera et une troisième que j'avais filé à Clo-clo le clochard.

Le septième jour, je me suis rendu compte que l'album des Bee Gees volé le jour d'avant aux routiers, avait été dérobé par Clo-clo le clodo. Album qu'il à vendu à la secte satanique soda-maso.

Le huitième jour, la secte et les routiers me tenant pour responsable de toutes les embrouilles qu'il y a eu ses derniers jours, je me suis rendu compte que j'étais recherché par les flics, les satanistes, et les routiers gay.

Le neuvième jour, j'ai appris que la jeune femme qui m'avait conduit sur cette route, n'était autre que la fille de Clo-clo, c'est deux là, avaient monté une petite escroquerie visant à voler les voyageurs.

Le dixième jour, la police m'a retrouvé, et a appelé ma famille, les affiches étaient donc pour ça.

L'autoroute A666

Épisode 1

« Ça n'aurait jamais dû se produire ... Tout devait bien se passer, tout était organisé pour ... Mais finalement ... Rien ne s'est passé comme prévu. »

Nous étions le vingt-six juillet, ou peut être le vingt-sept, de toute façon on s'en fou, ça n'est pas important. Ça n'était pas important non plus que nous soyons cinq personnes dans une voiture, qu'il faisait chaud et que la climatisation « Vous vous en doutez certainement » ne fonctionnait tout simplement pas. Ce qui était important, réellement important, c'était que moi et ma famille, « pardon, ma famille et moi » étions sur la route des vacances, direction un petit village français, qu'un jour, un homme avait nommé Saint-Malo, en Bretagne.

Toutes les grandes vacances, fin juillet, c'était la même rengaine. Je n'ai jamais compris ce rituel de famille. Imaginez un peu, huit heures de route, en été, à cinq, sans "clime", avec Nostalgie à fond et tout ça pourquoi ? Et bien mes chers amis, pour la Bretagne ! Comme on dirait, « C'est pas l'homme qui prend la Bretagne, c'est la Bretagne qui prend l'homme ! Tin tin tin » Dans cette voiture, il y avait, mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs oh oh, ce serait le bonheur ! « ça aurait était drôle non ? » Non pour être exacte, il y avait ma compagne Lou, mon père, ma mère, et à l'arrière, assoupit dans un réhausseur, il y avait mon fils de quelques mois «  13 pour être exact » Eustache.

      -  Putain Boris, met le pied au planché ! A cette vitesse quand on arrivera en Bretagne, elle sera déjà engloutie par la mer.

Ça, c'était mon père. Vous vous dîtes certainement : « ba dit donc, quel vieux con celui-là ! » Bravo, vous avez raison, mon père est un vieux con. À en croire ce que disait ma mère, dans le temps, il était super sympa, « Si si, super sympa, c'est ce quelle avait dit ! » Mais apparemment, la vieillesse et une guerre, Dieu seul sait où, l'avaient transformé en ...

      -  Mais tu vas la faire avancer ta putain de bagnole 

... En vieux con.

      -  « On a tous dans le cœur des vacances à Saint-Malo, nianiania nia niania Louise Mariano 

Ça, c'était ma mère, elle était plutôt sympa, certes mais ses médicaments avait la fâcheuse tendance de la rendre ...

    -  «  Et les Beatles chantaient, un truc qui m'cole, encore, au cœur et au corps ! Vas-y Laurent !

... J'ai pas de mots pour ça.

Ma mère et mon père s'étaient rencontrés il y a des années de ça. À cette époque, mon père était dans l'armée, et était affecté au quarantième régiment de transmission à Thionville. Faire de la transmission, à Thionville, ça voulait dire, brancher des câbles, réparer le rétro-projecteur du maire, et faire des manœuvres, de la caserne, jusqu'au Mac Do. À cette époque, ma mère était livreuse de pizza, être livreuse de pizza à Thionville ? Ba je pense que ce travail est le même dans toutes les villes du monde, livreuse de pizza quoi. Vous vous demandez certainement : « Mais comment c'est deux là, ont-ils pu se rencontrer ? » La réponse est très simple, mon père était en « manœuvres » ma mère en livraison, il se sont rentrés dedans. Un, un contre un, entre une motocyclette contre une Jeep, je pense pas devoir préciser qui à gagné.

Et comme mon père en était déjà à son troisième accident en état d'ébriété, il a tout naturellement, était menacer ma mère à l’hôpital, pour qu'elle ne porte pas plainte. C'est tout ce que je peux vous dire. Après je ne sais pas par quel miracle, ils avaient fini par se mettre ensemble. « Un coup du destin j'imagine ! » Un coup du destin que je respecte énormément, puisqu'il est à l'origine de ma naissance.

Ah! vous avez dû le comprendre si vous suivez bien, je m’appelle Boris, Boris Collin ! Contrairement à ce que vous dîtes certainement, je ne suis pas un abruti, qu'on se le dise. D'abord par le passé, j'avais lu de très « bons » livres, tels que « Le grand Meaulnes, d’Alain Fournier » ou encore « La peste, de Camus » et autres très bons livres, dont la lecture était obligatoire au collège. « C'est bien Camus qui a écrit la peste ? » Enfin bref j’étais, ce qu'un dictionnaire de base aurait pu qualifier de « Cultivé ». De plus, j'étais écrivain. Écrivain raté certes, mais écrivain quand même, l'année dernière j'avais publié mon premier bouquin intitulé « Dead line, enfin presque » un bouquin tout à fait passionnant, étant donné qu'il ne parlait exclusivement que de ma petite personne. Mais pour vous rendre compte, il fraudait tout d'abord que vous l'achetiez « S'il vous plait ! » Aux dernières nouvelles il était en vente pour la modique somme de deux euros, ça pourra toujours vous servir pour caler l'armoire Louis XIV bancale de mamie. Au cas où vous vous poseriez encore la question, oui, je parle souvent de ma petite personne, à vrai dire j'en parle tellement que j'en écris des bouquins.

La petite blonde qui dort à ma droite est ma fiancé, Lou. Lou, pour vous la décrire, il faudrait tout d’abord que vous allumiez votre télé, « Si si faîtes-le » et que vous tombiez sur une série médicale dans le genre d’Urgence ou de Private Practice, enfin vous voyez très bien de quel genre de série je parle. Dans cette série vous pourrez y voir : Le patron qui refoule ses émotions, la petite nouvelle qui fait constamment des erreurs, le grand dadé abruti, le petit moche philosophe, et bien sûr, la dernière, la bombe, la femme pulpeuse, blonde aux cheveux courts, la femme moderne qui sait tout sur tout et qui dans la saison 5 ou 6 devra se trouver un deuxième travail comme avocate ou encore comme agent immobilier. Et bien cette femme c’était Lou, inutile de préciser que je vivais constamment avec un affreux sentiment d’infériorité, car je dois vous le dire, Lou était en plus, médecin.

Je sais ce que vous vous dîtes : « Qu'est ce qu'une femme comme Lou fait avec un gars comme moi ? » Et bien c'est une très bonne question, je n'ai jamais su pourquoi ! Habituellement, ce genre de femme sortait avec des avocats ou pourquoi pas des agents immobilier, des gars classes, friqués, et surtout étonnamment et incroyablement beaux. Incroyable qu'elle soit un jour tombée amoureuse de moi. D'autant plus que c'était un amour sincère, étant donné que Lou et moi avions eu un enfant, et qu'elle était de plus, enceinte à nouveau de six mois. Je m'étais çà sur le compte du « coup du destin. »

Et à l'arrière, comme dit précédemment, il y avait mon fils Eustache. Je me serai bien étalé sur trois-quatre pages pour vous le décrire, mais je pense être plus compréhensible, en vous disant seulement que : Eustache était tout ce que je n'étais pas, et tout ce que je ne serais jamais. Le fils de Lou quoi.

Moi, assis au volant du Renault Espace «  le vieux modèle ! » Je commençais à comprendre les grands écrivains dépressifs de notre histoire et je me demandais ce qu'ils auraient pu écrire au sujet de ce voyage. Imaginez un peu , « Bretagne Ivre » de Rimbaud, ou pourquoi pas « Spleen de Bretagne » de Baudelaire, j'aurais bien fait une métaphore sur un des écrits de Verlaine, mais malheureusement, à cette époque je n'avais encore jamais lu de Verlaine.

*

De l'autre côté du pare-brise, l'asphalte défilait. Le soleil, de ses rayons, faisait bouillonner le bitume et faisait même, par endroits, apparaître quelques flaques d'eau, illusion, mirage de notre incompréhension du monde.

À droite et à gauche, ces interminables lignes blanches, structuraient, rythmaient le trajet. J'esquissais un petit sourire à chaque fois que le rythme des lignes coïncidait avec le rythme de « Quand on arrive en ville » de Balavoine. Et moi, dans tout ça, je me rendais peu à peu compte que ce voyage me transformait en véritable petite poète à deux balles.

     -  Hum, j'ai dormi longtemps ?

Ma fiancée venait de se réveiller après une heure de sommeil. Une heure, seul avec mes parents pour seul compagnie.

    -  Non, t'en fais pas chérie, à peine une demi-heure.

    -  Désolé, j'ai abandonné mon rôle de copilote.

    -  C'est pas grave mon amour. Tu peux te rendormir si tu veux.

Oui, je sais, nous sommes très « niais » elle et moi.

    -  Non, j'ai suffisamment dormi.

Elle fouilla dans la boîte à gant, puis reprit :

    -  Il ne reste plus de café ?

    -  Non, désolé je l'ai fini, cette route me crève. Et en plus, c'est pas dangereux le café avec le bébé ?

    -  Non, bien sûr que non. Tu veux t'arrêter ? Histoire de faire une pause ?

    -  Non, t'en fais pas. Je veux d'abord dépasser le péage, histoire d'atteindre mon cotât de deux heures de route.

Elle rit, puis rétorqua, l'air amusé :

    -  Les hommes et leurs cotât. Au fait, ton portable n'a plus de batterie.

    -  Ouais je sais, je le mettrai en charge quand on s'arrêtera manger.

Trente-cinq kilomètres, à peu près deux mille lignes blanches, et trois chansons de Nostalgie plus tard, nous arrivâmes au péage de Saint-Lucien. Et c'est là, à ce moment précis, que tout a basculé.

Par un formidable coup du destin, le péage était incroyablement vide. Ce qui est « n'ayons pas peur des mots » Hallucinament inhabituel à cette époque de l'année. Après m'être arrêté au coté de l'habitat du péage, après avoir baissé la musique et descendu la vitre, je scandi un petit :

    -  Bonjour madame 

La femme qui s'occupait d'encaisser les automobilistes se retourna. Sur son décolleté, était suspendu un petit crucifix rose, à sa poitrine était accroché un petit badge sur lequel était écrit « Juanitta », je vous aurais bien décris le reste de son anatomie, mais je ne me souviens plus que de sa poitrine et de son décolleté, elle me répondit avec un :

    -  Bonjour

    -  Bonjour madame, je voulais savoir qu'elle était la meilleure route pour aller en Bretagne, Dinard par exemple !

Son regard s’écarquilla, elle porta sa main à son petit crucifix et reprit :

    -  Non !

    -  Non ?

    -  Non n'y allait pas ! L'autoroute A666 ! L'autoroute qui mène à l'enfer, l'autoroute de la morte ! El Diablo !

Ce que je me suis dit à ce moment là, devait certainement ressembler à ce que vous vous dîtes maintenant : « Vache, cette gonzesse est complétement cramée ! » Me retenant pour ne pas expulser un petit rire, je repris:

      -  Écoutez, je suis parfaitement d'accord avec vous, n'allez pas vous imaginer que je souhaite aller en Bretagne de mon plein gré. Néanmoins, pourriez-vous m'indiquer la route à prendre pour s'il vous plaît 

Elle prit une grande inspiration pour tenter de se calmer et rétorqua :

     -   Vous continuez tout droit sur 6 kilomètres et après vous prendrez la sixième sortie qui vous mènera à l'A666. Mais je vous le redis, n'y allait pas. Bien des gens ont emprunté cette route et personne n'en est jamais revenu.

    -  Ne vous en faîte pas, les dieux eux-même, n'arriveraient pas à m'empêcher de revenir de Saint-Malo.

Après avoir récupéré mon ticket, et après avoir payé les 12,6 euros nécessaires au passage du péage, nous reprîmes la route des vacances. Après quelques secondes de silence, je sortis spontanément :

      -  Vache, alors elle, elle était complètement, mais alors complètement cramée !

Lou et ma mère éclatèrent de rire. Mon père à l'arrière interrompit ce rare moment de joie et reprit :

    -  Ne dis pas n’importe quoi, c'est à cause du soleil. Elle a du mérite, au moins c'est pas comme toi. Elle travaille pour gagner sa vie... Elle !

    -  Merci Papa. Mais reconnaît qu'elle est partie loin dans son délire de A666 ! Elle s'est bien foutu de notre gueule !

Ma mère répondit, tout en jetant un bout de papier par la fenêtre.

   -   Non, non c'est vrai ! J'en ai entendu parler à la télé. Dans « enquête criminelle », ou alors « enquête exclusive » enfin, enquête quelque chose quoi. Si je me souviens bien, c'est l'autoroute de France où il y a eu le plus d'accidents !

Mon père eu un rire nerveu et reprit :

    -  T’inquiètes chérie ! Ton fils roule tellement lentement, qu'il pourrait heurter un semi-remorque de plein fouet, que le bout-de-chou à l'arrière, ne se réveillerait même pas.

    -  Merci papa.

**

6 kilomètres plus tard, nous arrivâmes enfin sur cette fameuse, cette célèbre A666, quand soudain ! Et bien rien, rien du tout à vrai dire. Rien de maléfique, d'étrange, d’ésotérique ne se produisit. Cette autoroute était une autoroute de base, une autoroute chiante et banale, faisant partie de la longue lignée des autoroutes chiantes et banales. « Vous vous attendiez à quoi franchement? » Une station d'essence maléfique ? Oh non, tient pourquoi pas un groupuscule sectaire religieux sadomasochiste ? Ouais, ça, ça serait carrément maléfique. J'avoue que j'y avais presque cru à cette histoire de route maléfique, « Qu'est ce que je peus être con des fois, faut que j'arrête de lire Stephen King. » Cette nouvelle confiance en moins fût si puissante que je ne pus m'empêcher d'augmenter le son de la radio. Cette dernière scandait :

« Nos-Tal-Gie ! Re bonjour, c'est une belle journée qui s'offre à nous en ce 26 juillet ! »

Ouais, nous étions bien le 26.

« On reprend tout de suite avec un morceau que j'adore:Highway to hell de AC/DC ! »

    -   Boris, baisse le son ! Tu vas réveiller le petit !

    -  T'en fait, quand il est endormi, y a pas moyen de le réveiller ! Et faut qu'il s'habitue à la bonne musique. Allez éclate toi maman ! J'adore ce morceau !

« I'm on the Highway To Hell ! Pin Pin ! Highway to hell, to hell, to hell, to hell »

Super, la radio ne marchait plus. Hallucinant, on peut écouter de la merde toute la journée, et c'est seulement lorsqu'il y a un bon morceau qui passe, que la radio bug ! Cette nouvelle me blessa tellement que je dus en faire part à ma famille, avec la classe et la prestance qui, depuis des générations, accompagnait les hommes de ma famille :

    -  Et merde !

    -  Boris, tu vois bien que ça ne marche plus, allez coupe !

    -  Oui maman.

« To hell, to hell, to... »

Après que j'eusse coupé la radio, plus aucun son ne se fît dans la voiture. Pas un souffle, un mot. Ce silence était terriblement gênant, si bien que je dus y mettre un terme :

    -  Bon, je ne sais pas pour vous, mais moi, je m'arrêterais bien

Lou fut la première à répondre :

    -  Ah ouais, bonne idée !

Suivit de très près par mon père :

    -  OK fiston mais après c'est moi qui prend le volant, tu roule comme ta mère.

Au moment où il lança cette phrase, un panneau apparut au loin, ce dernier disait :

« Aire et relais autoroutier à 6 km »

Je repris :

     -  Ba regardez, c'est parfait, il y a une aire dans 6 km, on va pouvoir manger un morceau 

***

6 km plus tard, nous arrivâmes au relais en question. Ce dernier semblait terriblement neuf, à croire qu'on l'avait construit la veille, voir dans la matinée. A côté de ce dernier, des dizaines de camions était stationnés, ces derniers bronzant au soleil. Nous trouvâmes une place, juste devant le bâtiment. Nous nous installâmes à une table, et nous avons acheté ses petits sandwichs triangulaires, qu'on trouvait dans n’importe quel relais routier

Une fois que notre repas fut fini, je me dirigeai à l'une des caisse :

     -  Bonjour mademoiselle, auriez vous un prise quelques part ? Que je puisse brancher mon chargeur.

Tout en mâchant son chewing-gum, elle m'indiqua d'un mouvement de tête les machines à café et reprit :

    -  Là-bas y'en a deux.

    -  Je vous remercie.

Une fois arrivé aux machines à café, je me rendis compte qu'il n'y avait aucune prise, enfin si, mais l'une des deux était raccordée à la machine à café, l'autre était recouverte de scotch. Je retournai voir la femme en caisse :

     -  Oui excusez moi, mais vous n'auriez pas d'autres prises

Elle me regarda une seconde, et avec toute la classe, l'assurance, et la gentillesse qui faisait de nos commerçants français, le fleuron de notre culture, reprit :

     -  Non.

     -  Merci, et au revoir madame

En m'éloignant j'entendis un petit :

     -  Ouais pareil.

Qu'elle conne celle là. Je retournai à la table où nous étions installés. D'ici, on pouvait voir la voiture de l'autre côté de la glace. Lou me fit un grand sourire et lança :

    -  Alors ? T'as pu brancher ton téléphone ?

    -  Non non, mais la caissière là-bas à l'air terriblement stupide, il devait y avoir trop de mots dans ma phrase je pense.

Mon père me lança un regard noir et reprit :

     -  Je t'interdis de l'insulter, les commerçants français ont une classe, une assurance, une gentillesse qu'on ne retrouve nul par ailleurs. C'est le fleuron de notre culture.

    -  D'accord, bon moi je vais faire un tour.

Lou m'attrapa le bras et reprit :

    -  Mon chéri, tu arriverai à nous prendre un CD pour la voiture ?

    -  Bien sûr ma chérie, je le prends dès que je reviens.

Je sortis, fis le tour du bâtiment, vérifiai qu'aucun membre de ma famille ne m'avait suivi, et sortis discrètement mon paquet, ce dernier était frappé de l'inscription « Pall Mall. » Je sortis une cigarette et l'allumai. « Qu'y a t-il de mieux au monde, qu'une bonne cigarette après avoir mangé ?  Exactement, rien. »

Une fois la cigarette terminée, je jetai un léger coup-d’œil, pour vérifier combien il m'en restait. Je chuchotai, plus pour moi même, que pour quelqu'un d'autre :

     -  6 clopes, faudra que j'en rachète à Dinard

Je re-contournai le bâtiment, tout en avalant un bonbon à la menthe pour masquer l'haleine. Avant d'entrer dans le relais, une voix m’interloqua :

    -  Bonjour jeune homme ! Une petite pièce peut être 

« Incroyable de trouver un clochard sur une aire d'autoroute non ? » je le regardai très brièvement, de la manière honteuse dont on regarde les clochards et lui sortis l'excuse passe-partout, qui marche à tous les coups. Le genre d'excuse que tout le monde utilise pour envoyer chier un clochard, tout en restant profondément poli, amical et respectueux.

    -  Désolé mon brave, je n'ai plus de monnaie

Une fois à l’intérieur, je me dirigeai vers le rayon CD, sur lequel était posé, soit un album de Johnny Hallyday, soit un album des Bee Gees. Qu'on se le dise, j'ai pris celui des Bee Gees, et retrouvai ma caissière très sympathique. Cette dernière prit l'album, quand elle découvrit le nom, elle me regarda l'air pensif, ce à quoi je répondis :

    -  C'est pas pour moi, c'est pour ma fiancée.

Une fois le CD en main, je me dirigeai vers la petite étagère sur laquelle était vendu les livres d'autoroute, tous les relais en ont un. Je sais ce que vous vous dîtes : « Ba dis donc, le gars il part en vacances à la plage, et il prend un bouquin. » Alors on va mettre les choses au clair, je ne pars pas en vacances à la plage, je pars à Saint-Malo. Saint-Malo, ça veut dire qu'il va faire moche tout le long de notre séjour et que l'eau sera à 12 degrés. Voilà pourquoi je prends un livre. Je pris deux bouquins au pif, pour en regarder la couverture, et décider le quel des deux j'allais me prendre :

    -  Alors, alors. Plouf plouf. « Le Théorème de Cupidon » de Agnès Abécassis ? Ou « La Mauvaise rencontre » de Philippe Grimbert, quel dilemme, que choisir.

Après m'être rendu compte qu'il ne me restait plus que 2,66 euros dans ma poche, et que, de ce fait, je ne pouvais m'acheter ni l'un, ni l'autre, je me rendis compte, tout de même, que ces 2,66 euros, me permettaient de me prendre deux cafés « Yes ! » Cette nouvelle perspective me fascina. « Ouais un bon café et on repart. »

Je me dirigeai vers la machine, cette dernière était frappée d'une feuille de papier sur laquelle était écrit en grosses lettres :

« En Panne! »

Cette nouvelle m'a, « Je dois vous l'avouer » Littéralement frustré. Je rangeai les 2,66 euros dans ma poche et rejoignis la table et là ! Et bien, personne, il n'y avait plus personne à notre table. La première chose que je me dis, fut : qu'ils avaient du aller aux toilettes... tous... et en même temps.

Je sortis du relais :

  -  Une petite pièce jeune homme ?

  -  Désolé mon gars j'ai pas envie.

Je savais pertinemment ce qu'il allait se passer. La famille aurait commencé à rouler, quand soudainement, elle se serait aperçu qu'il manquait un parent. Elle aurait fait demi-tour pour revenir au relais, pour chercher le parent qui manquait, et tout serait rentré dans l'ordre.

Du moins, je l'espérais. Car le parent en question, et bien, c'était moi.

« Vous l'avez compris, ma famille m'avait tout simplement oublier à un Relais autoroutier, celui de l'A666. Je me retrouvais seul, avec six clopes, un portable sans batterie, 2,66 euros, et un album des BeeGees !»

  • Boris, suite a la lecture de ton récit, une question trotte encore dans mon esprit et me laisse perplexe...

    ... A quand la suite ou prochain ouvrage ???

    Continue !

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Default user

    mac-deau

  • La suite...La suite !

    Monsieur Boris Collin, chapeau bas...
    C'est vraiment mon coup de cœur perso.
    On en veut encore, on en redemande :

    C'est fendant !

    J'ai même vraiment lu en chantant...
    C'est frais, c'est drôle, c'est nouveau.
    BRAVO !!!

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Default user

    cafe

  • Salut Boris....Quel plaisir cette lecture....une imagination débordante, et, à la fois un subtile jeu de suspense....J'ai adoré!!!!

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Default user

    duchesse-anne

  • Salut Boris Collin... J'ai fait toutes les solderies de la capitale pour trouver "Deadline, enfin presque" afin de caler une armoire normande personnelle, mais je suis toujours grosjean comme devant... T'imagines même pas les heures perdues !
    Quant au texte : un style qui vient de la planète mars, j'en ai pas perdu une miette ... et l'inventivité ! un grand coup de coeur

    · Il y a plus de 11 ans ·
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    sigismond--tartampion

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