Le "tison" se rallumera-t-il ?

Herve Ayemene

En amour, souvent, on tangue. Mais tout dépend de nos valeurs et principes de vie...

Tout commença par la réception d'un message Facebook, celui de Maxime, son ex, qui ne faisait pourtant pas partie de ses contacts… Valérie tiqua. Maxime était son premier amour et celui qui lui avait fait vivre son premier chagrin d'amour. Avec lui, elle avait vécu des moments d'insouciance et de bonheur avant de sombrer dans une longue période d'errance et de désespoir. Elle avait tellement aimé Maxime que la rupture brusque qui survint, après deux mois de relation la dévasta, bien qu'elle fût la responsable de leur séparation…

            « Bonjour Valérie, qu'est-ce que tu deviens ? » Tel était le message laconique de Maxime. Valérie se demandait ce qu'il lui voulait, vingt ans après leur séparation. Vingt années au cours desquelles elle s'était souvent demandée ce qu'il devenait, mais surtout s'il était heureux et s'il avait réussi à se construire une vie familiale. Certains jours, elle se disait que c'était peut-être un peu de Maxime qu'elle recherchait dans les deux hommes qu'elle avait connus après lui, surtout à travers Serge, son mari. Sur Facebook, elle avait auparavant retrouvé la trace de Maxime mais n'avait pas osé entrer en contact avec lui car elle était consciente de l'avoir profondément blessé durant leur relation. Cette fois, les choses étaient différentes. C'était Maxime lui-même qui tentait de renouer contact. Alors elle se décida à lui répondre. Elle lui retourna sa salutation, lui donna brièvement de ses nouvelles, puis profita pour lui demander pardon pour tout le mal qu'elle avait bien pu lui faire par le passé, étant donné qu'elle n'avait jamais plus eu l'occasion d'en discuter avec lui. Elle ressentit un grand soulagement lorsque Maxime lui dit qu'il lui avait pardonné depuis belle lurette et que, pour lui, c'était de l'histoire ancienne. Par la suite, elle le questionna sur sa vie pour savoir ce qu'il devenait et surtout s'il était heureux. La réponse arriva très vite, brève mais exhaustive. Maxime était marié et était père de deux enfants. Il vivait à Bingerville, une ville jouxtant la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan où Valérie résidait. Il avait travaillé pour des entreprises privées en tant que transitaire. Et maintenant, il était à la tête d'une entreprise qu'il venait de créer avec des amis dans le domaine de l'export-import. Par ailleurs, il passait ses temps libres à écrire. L'écriture était pour lui, non seulement, une passion, mais également, un moyen d'évasion. Il indiqua à Valérie le lien de son blog sur lequel il avait plusieurs de ses textes. Celle-ci découvrit des poèmes de révolte et d'autres qui étaient relatifs à l'amour. Elle fut impressionnée par le talent de Maxime.

Pour finir, il la rassura que tout allait assez bien pour sa famille et lui. C'est alors que Valérie lui fit savoir qu'elle aussi était mariée et avait deux enfants. Elle était professeur d'éducation physique et sportive dans un lycée à Abidjan. Maxime l'assura qu'il était content de l'avoir retrouvée. Elle en fut flattée.

Les jours qui suivirent, ils échangèrent de tout et de rien jusqu'à ce matin où Maxime lui envoya une photo souvenir d'une de leurs sorties en amoureux. Valérie reconnut l'endroit où cette photo avait été prise : la Bibliothèque municipale de Grand Bassam. Elle se souvint du fameux weekend qu'elle avait passé dans cette ville en sa compagnie. Ce fut une mémorable sortie. Il avait été si attentionné, si aimant… Elle regretta presque ces moments passés. « Si seulement je n'avais pas merdé, nous serions probablement encore ensemble », se dit-elle, nostalgique. Du coup, elle eut envie de le revoir …

- Que fais-tu, ce weekend ? lui demanda-t-elle, directement.

- Rien de spécial, répondit-il. Pourquoi ?

- Ce ne serait pas mal qu'on se revoie, lâcha t-elle.

- Cool ! Ça me fera vraiment plaisir, s'empressa de lui faire savoir Maxime.

Cette éventualité de rencontre enchanta tellement Valérie qu'elle se mit à sourire de toutes ses dents. Rendez-vous fut pris pour le samedi, c'est-à-dire trois jours plus tard. Elle proposa que leur rencontre ait lieu à Bingerville. Mais lui préféra Grand Bassam et ce serait à lui de choisir le lieu où ils se verraient et les lieux où ils passeraient du temps ensemble… Ils retinrent donc Grand Bassam.

Valérie l'épouse de Serge était sur un nuage. Elle souriait toute seule dorénavant chaque fois qu'elle pensait à Maxime. Le flamme originelle de leur amour devenu tison allait-elle se rallumer ? Valérie le souhaitait et espérait que Maxime fût dans le même état d'esprit qu'elle. Le lendemain matin, lorsqu'elle se connecta à Facebook, elle se rendit compte que Maxime lui avait envoyé par message un beau poème. Dans ce poème original, Maxime avait quasiment relaté leur histoire dans un enchaînement de rimes. Ce poème inédit lui fit un effet particulier. En même temps qu'il ravivait le douloureux souvenir de leur séparation, il apparaissait comme le rappel de voluptueux moments…

De la culpabilité qu'elle ressentait, elle se surprit à se croire à nouveau digne d'être aimée par Maxime. Valérie semblait s'autoriser à vivre une nouvelle aventure sentimentale avec ce dernier. Avait-elle oublié qu'elle était une femme mariée et une mère de famille comblée ?

En fait, elle tenait surtout à savoir ce qui avait poussé Maxime à lui écrire. C'était le principal projet qui lui trottinait en tête. Et deux questions en particulier lui taraudaient l'esprit : Maxime l'aimait-il toujours ? Avait-il vraiment oublié la souffrance qu'elle lui avait infligée ?

Elle repensa un moment à la situation d'infidélité dont elle s'était rendue coupable avec le meilleur ami de Maxime : laquelle situation fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et qui précipita la rupture définitive de leur relation. Au demeurant, elle s'efforça de ne plus y repenser. À quoi bon se torturer l'esprit ? Personne ne pouvait remonter le temps pour refaire l'histoire… Le samedi, soit deux jours plus tard, ils se reverraient. Que se passerait-t-il ? Seul l'avenir le savait …

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