Les tentations de Tiguida

Pascaline Alleriana

J’ai pris un bain ce matin dans la même mousse qu’hier. Ma baignoire est bouchée et elle n’est pas la seule. Plus d’eau chaude au robinet ! Jaloux de me voir chevaucher le rebord de la baignoire pour la désengorger, mon cumulus s’est arrêté net. Je le relancerais bien d’un coup de popotin, mais je n’ai pas de liaison équipotentielle dans ma salle de bains. Cela revient à dire que je suis à court de capotes : très risqué de l’approcher dans ces conditions.

En kimono de dentelle (mon corps s’y voit comme un fœtus à l’échographie) je file allumer mon ordinateur. Mon ventre rencontre en premier les ferrures de mon bureau Louis XV. A cet endroit, je mesure 90 cm ; pareil ou presque qu’à la poitrine et aux hanches. « Faut 30 cm d’écart entre la taille et le bassin », m’a fait la responsable de l’agence de mannequins Rondissime. Et quand je lui ai précisé que ça me tentait de poser tous nichons dehors, elle m’a rétorqué : « Un 95 C n’intéresse personne. Passez aux prothèses si vous envisagez cette carrière. »

J’ai beau avoir hérité de mon appartement en bord de Seine, j’ai de l’ambition. Et des principes. Face à ma messagerie, j’approche ma bergère en soulevant mon déshabillé. Mes doigts glissent sur l’accoudoir, puis sur mes lèvres tiédies par le bain. Un rayon de soleil me caresse le postérieur et mes poumons, gonflés à bloc, dépassent le mètre de circonférence... Dans le miroir au-dessus de la cheminée, une fille aux yeux très noirs est en train de se toucher comme une actrice de porno. Une claque sur les fesses, vlan ! Elle baisse les yeux, rougissante dans sa tenue de courtisane.

Ma voix devient catégorique : « Tiguida, je ne veux pas que de la silicone fasse la une du net et me balance ensuite à la nécropole ! » Par ailleurs, je suis amoureuse de mes seins : ils m’ont permis d’intégrer l’école de cinéma Visuélin. Luc (c’est le directeur, je l’adore) les a matés dans mon bustier ampliforme. Puis il m’a complimenté sur mon intelligence qui me fait débourser 8 000 euros pour apprendre à écrire un scénario. Oui, les cours d’acteur et de réalisateur affichaient complet.

Maintenant, mon compte bancaire va tirer la tronche si je ne trouve pas de job d’appoint. La semaine dernière, j’ai postulé dans un salon de massage. Ah, voici la réponse ! Négative… L’entretien s’est bien passé, pourtant : j’ai hydraté un client en crémant mon derrière et je l’ai fait jouir rien qu’avec mes orteils. Cela dit, je n’aurais pas dû sauter le dragonnier pour montrer la solidité de mon périnée. Une branche s’est cassée d’un coup. Et le client a filé se rhabiller.

Un autre message s’affiche. De Luc. Il a reçu un appel à projet pour une web-série érotique et il attend mes idées là-dessus. C’est un scénario à 40 000 euros ; je toucherai 20 % de la somme s’il décroche le contrat. Il est vraiment généreux, Luc : avec ça, j’aurai de quoi refaire ma salle de bains ! Vite, je me rends sur Viedirecte pour lui répondre en vidéo. Agrippant le dossier de ma bergère, je me pince les tétons à travers mon kimono. Je soupire longuement, puis je susurre : « Plus bas, au prochain épisode… »

Grrr, j’ai oublié de lancer la webcam ! Tant pis, je résume ma performance par écrit et je l’expédie sur son mail perso, luc@toronet.fr. Il me retourne aussitôt mon message, avec ce commentaire : « Ne sois pas bouchée. » C’est un amour, Luc : il a l’intuition des dieux. Mes soucis de baignoire et de cumulus m’étaient sortis de la tête. Mais sur le net, on a rendez-vous avec le monde entier, donc sûrement avec un plombier et un réparateur de chauffe-eau.

Les parties à trois ne me déplaisent pas : la dernière fois, c’était avec un aspirateur et une corbeille à linge, pour dépanner Luc sur un tournage de pub. Elle vantait les qualités d’un désodorisant d’intérieur. L’aspirateur a reniflé l’air, puis mes aisselles et il m’a basculé dans la corbeille à linge, tellement ça sentait bon autour de moi. Le tournage s’arrêtait là, mais j’ai entouré l’appareil de mes cuisses avec tant de conviction qu’il s’est remis en marche. Il m’a sucée à vitesse variable : un pur bonheur !

Luc a dû m’épier. Je m’en mords les lèvres. Pas question de rejouer cette scène sous les projecteurs. Ce serait tellement mieux dans mon débarras, parmi les serpillières, les éponges abrasives et les flacons de détergent… Vlan ! Le rouge aux fesses, je me retrouve à surfer sur des sites vantant des furets, des pompes à vide, des anodes anti-corrosion. Que du sado-maso, non ? Ce fil de métal est assez long pour baiser, ligoter et fouetter en un tour de manivelle. Ce piston à pression doit étirer les mamelles comme celles des femmes nourrissant des quintuplés. Et ce tube fuselé : sert-il à perforer l’intestin ou l’œsophage ?

Je ne suis pas très gentille dans ce domaine : un seul homme (avec son outillage) doit pouvoir réussir à satisfaire tous mes fantasmes. Or la pompe (aspirant mon postérieur) a enflammé mon imagination : je fonce sur les annonces de services et je repère un robuste Luc qui préfère qu’on l’appelle Lucas. Un dépanneur domestique : « Tous travaux, de la chasse d’eau au tableau électrique. Ecrire à luc@rotonet.fr. » Cambrée sur ma souris, je lui décoche un message abrupt pour éveiller son envie de me sonder l’arrière-train : « Prière de venir instamment déboucher ma baignoire et relancer mon cumulus. Des poursuites seront engagées dans le cas contraire. »

Entre les mails de Luc et de Lucas, franchement, il y a de quoi se tromper. Bien sûr, ça m’est arrivé. J’ai bousculé le directeur de Visuélin sur la question des furets et j’ai envoyé au dépanneur mes idées sur la série érotique. Ni l’un ni l’autre n’a manifesté de surprise, alors j’ai continué. Il me fallait ce contrat.

A Lucas (dans ma tête, c’était Luc), j’ai transmis texte et photos, pour qu’il cerne bien mon épisode. Les tétons pincés à travers le kimono, c’était mon élément déclencheur. Si l’on passe aux péripéties, cela donne… Ah, j’ai toujours des difficultés sur ce point, car ce serait frustrant qu’une autre fille s’envoie en l’air sur mon scénario. Afin d’être indispensable au tournage, je vais mettre Tiguida en scène. Je croise son regard dans le miroir de la cheminée : elle est en train de penser harnais en velours, tétons de vinyle et bandeau sur les yeux, elle veut se laisser zébrer le ventre par les pointes de son agave !

Doucement mais fermement, j’écarte les cuisses. Elle fait de même. Je lui jette une œillade, puis je me pénètre la chatte du pouce. Je me caresse jusqu’à ce qu’elle glisse du dossier, la bouche arrondie de désir. C’est alors que j’ai craqué : j’ai passé la langue sur les feuilles acérées de ma plante. Ses égratignures me font perdre la tête… Vlan ! Fesses écarlates, je resserre la ceinture de mon déshabillé. A genoux devant l’ordinateur, je compose ce pitch et je l’expédie : « Après avoir pris un bain, Tiguida n’a plus d’eau chaude. Elle soupçonne son cumulus de flancher volontairement. En déshabillé, elle recherche un dépanneur sur Internet. Face à l’urgence de la situation, elle prend des poses lascives (fichiers joints). »

J’ai mis ma webcam en mode photo et j’ai réalisé les clichés suivants : épaule découverte, main serrant la nuque, seins pincés. C’est alors que j’ai eu faim. Je suis partie dans la cuisine et quand je suis revenue, assiette de fruits, yaourt et théière sur un plateau, ses mails crépitaient sur mon écran. Il voulait en savoir davantage, avant de se déplacer.

Je le tiens, mon ange au cul lavande (la couleur de ses jeans). Il a bien lorgné sur mon décolleté, avant de m’accepter à Visuélin. Il veut voir mes nichons comme il donne ses cours. A distance. Sans se fatiguer. Mimer les scènes délivre la bonne tonalité, selon lui. Très certainement. Mais pour lécher mes lolos, il devra se pointer ici ! En attendant, je vais lui donner un aperçu du reste par vidéo.

Il n’a pas mis longtemps à se rendre sur Viedirecte. En tournage, il n’arrive pas à frôler un derrière ; sur le net, son côté baiseur s’est affirmé tout de suite. Tiens, il a masqué l’objectif de sa webcam : il doit aimer bander les yeux. Sa voix est beaucoup plus grave qu’en vrai... La faute à ce logiciel pourri. Je changerai d’ordinateur quand j’aurai décroché le contrat. Bien, j’y vais à fond. Faut que je lui vende mon scénario !

Mon kimono faisait un peu léger : je l’ai troqué contre des bas, un porte-jarretelles et une nuisette. Au moment d’enfiler une culotte fendue, j’ai réfléchi. C’était prématuré de câliner devant lui les ferrures de mon bureau. Je me suis glissée dans un string ficelle, puis je suis retournée m’asseoir au salon, face à la webcam.

J’ai attrapé mon yaourt et des gouttes sont tombées sur mes cuisses. Je les ai étirées du doigt, en remontant vers mon ventre. Ensuite, j’ai sucé mon index avec application. Sa voix m’encourageait : « Mouille… » J’ai attrapé la bretelle de ma nuisette entre les dents et j’ai tiré jusqu’à ce qu’elle cède. Alors je me suis caressé l’épaule avec une fraise coupée en deux. De ma langue, j’ai effacé les traces du fruit. Il disait : « Putain… » Je me suis inclinée et j’ai laissé mes mains explorer mon anus, comme elles le font à chaque fois qu’un homme me contemple. J’ai commencé à abaisser mon string et c’est à ce moment qu’il s’est déconnecté.

Il s’est excusé plus tard par mail : une panne de batterie. Mais il passe demain, sans faute. Je lui ai suggéré de venir dans sa tenue habituelle (j’ai hâte de faire courir mes lèvres sur son cul lavande). Ce rendez-vous pris, j’ai relancé le dépanneur Lucas (et ma missive a atterri sur la messagerie de Luc). J’y suis allée un peu fort car mon minou me démangeait : « Des coups de fouet sauront-ils augmenter votre ardeur à déboucher ma baignoire et relancer mon cumulus ? » Il n’avait pas réagi à ma première demande. Cette fois, il a répondu : « Ça vient, ça vient... » Tant mieux : j’aurai plaisir à découvrir son furet.

Dans le miroir de la cheminée, Tiguida a dégagé ses nichons de la nuisette. Elle les a soupesés, palpés et secoués en me tirant la langue. Ensuite, elle s’est pincé les tétons jusqu’au sang. Mes yeux très noirs l’ont remise d’aplomb. J’ai récapitulé : le directeur de Visuélin rapplique demain et pas question de louper ce contrat ! Aller à l’essentiel, donc : un jupon de tulle et mon serre-taille en satin. Un bandeau sur mes yeux (ça le mettra à l’aise) et des scènes improvisées dans chaque pièce de mon appartement.

On n’a pas dépassé le couloir… Sans regret. Quand il est entré, il m’a lancé : « Combien ? » J’ai pensé qu’il parlait de mon tour de poitrine. J’ai cherché ses mains à tâtons et je les ai placées sur mes seins nus. Il en tremblait tellement que j’ai cru qu’il avait froid. Du pied, j’ai refermé la porte. Ses doigts s’imprimaient sur mes nichons. J’ai senti que j’avais le dessus : « C’est un scénario à 40 000 euros. On veut le contrat, on l’aura. On va tourner les premiers épisodes pour décrocher ce budget. Je fais l’actrice, toi l’acteur, un pote nous filme et côté sous, on divise la somme en trois. »

Alors il me parle d’un copain mécano qui a un caméscope, puis il me demande ce qu’il y aura dans la série. Il me caresse les tétons en même temps. Son geste me fait fondre : « Suce-les… » Sa bouche s’active. Sa tête appuie fort. Peu à peu, je recule jusqu’à la console dont j’adore le marbre ancien. Comme il est poreux, il a gardé l’odeur de tous mes prétendants. Je renifle du cambouis sur ses doigts (sa voiture a dû tomber en panne). Il me pétrit les seins sans relâche. Il les lèche aussi comme un fou : s’ils étaient en sucre, ils n’auraient pas tardé à disparaître.

De mes orteils, je défais sa braguette et je lui masse les couilles avec la plante des pieds. J’en profite pour lui tirer la queue. Il se dégage. Alors je boude en arrangeant les plis de mon cerceau de tulle. Il se rapproche et je plonge sa tête entre mes cuisses, puis sous le tissu : « Mords-moi… » Ses dents se referment sur ma chatte. Je talonne son arrière-train et il devient sauvage. Il broie mes lèvres, il me cogne le ventre. Je chavire de bonheur. Ensuite, je me penche sur le marbre pour lui présenter mon anus : « Défonce-moi… »

Il a cherché dans ses poches de quoi se gainer, puis il m’a enfilée d’un geste. J’ai poussé un cri féroce et je lui ai griffé les cuisses. Ses mains se sont abattues sur mes fesses, elles ont repoussé mon jupon par-dessus ma tête : il est tombé sur le sol et mon bandeau avec. J’ai senti mon derrière se réchauffer sous ses coups. Il s’est trop vite arrêté, alors je me suis retournée. J’ai vu la mallette pleine de joints, d’écrous et de tuyaux coudés. J’ai contemplé ses bras velus, son visage aux sourcils noirs. J’ai cligné plusieurs fois des yeux et il a rajusté son pantalon. Son jean taché ne lui faisait pas du tout le cul lavande de Luc.

Il m’a donné une poignée de main : « Lucas, dépanneur domestique. » Comme il n’avait pas de pompe à vide, j’ai pris un air soucieux. Mais je lui ai montré la salle de bains. En un rien de temps, il a relancé mon cumulus et débouché ma baignoire. C’est là que j’ai eu une idée : je suis allée chercher ma vieille ventouse dans le débarras.

Il rassemblait ses affaires quand il m’a vue revenir, les seins bondissant par-dessus mon serre-taille. Je me suis mise à danser collé-serré avec le portemanteau et il nous a bientôt rejoints. J’empoignais les patères, tout en massant son jean de mes fesses. Son entrejambe s’est durci et il s’est déboutonné. Quand j’ai senti que son caleçon était tombé sur ses pieds, j’ai mouillé sa queue avec ma chatte. Il a plaqué ses paumes sur mes nichons et il les a malaxés comme il voulait. Son odeur de cambouis et de tuyau sale me montait à la tête. Heureusement, il s’est essuyé les doigts sur mon serre-taille, avant de m’ouvrir l’anus. Et là, j’ai dit : « Ça fait partie du deuxième épisode. »

Pas de problème, il est d’accord pour la web-série. Il pose sa mallette sur la console et je lui tends la ventouse en grimpant sur le marbre. J’écarte les fesses et il me pénètre avec le manche. Sans sourciller. En même temps, j’attrape son tube de graisse. Je l’enduis des couilles au gland et il se vide plusieurs fois dans mes mains. Il n’a pas quitté sa chemisette. Je glisse une clé à molette dans sa poche de poitrine et je la lèche en faisant des empreintes de graisse. Ensuite, je m’allonge sur la console et je l’entoure de mes cuisses. Prête pour le climax. Il y va à fond, avec la ventouse et la clé à molette sur ma chatte et mes tétons. De plaisir, j’envoie valser sa mallette au sol, puis on enchaîne sur une nouvelle idée.

Deux jours après, Lucas est revenu avec son pote mécano et on a tourné tout ça. Les producteurs ont adoré : je vais leur livrer cinquante épisodes de trois minutes pour 40 000 euros. J’ai transmis le pilote à Luc par mail (sans me tromper, cette fois). Il en délire de joie : « Hé, Tiguida, ça s’est bien débouché ! On se voit ? » La semaine prochaine, par vidéo sur Viedirecte. Lucas prendra une pompe à vide pour me sucer devant la webcam. Je porterai mon bustier ampliforme : je prendrai tout mon temps pour le dégrafer…

Alors je dirai à Luc que j’ai remporté le contrat à sa place.

Pascaline Alleriana

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