Retour aux sources de la route

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Retour aux sources de la route


Déjeuner sur table


"J'aime pas la foule"

Isaure, quatorze ans, jette un regard hargneux à son petit frère, qui bavouille dans son siège auto, à ses cotés.

"Oui, ma chérie" lui répond distraitement sa mère qui guette une place libre sur le parking du relais de l'autoroute A666. Son père s'est contenté d'un sourire amusé, habitué qu'il est à ses réparties acides.

Ils ont enfin réussi à trouver une place et à s'extraire du véhicule surchauffé, puis ils ont bravé la foule de vacanciers estivaux ayant le même but qu'eux : manger un morceau et se rafraichir un peu avant de reprendre la route.

Le déjeuner est morne, dans une ambiance bruyante, trop chaude, avec une adolescente maussade et un enfant en bas-âge. Tenir une conversation étant illusoire, chacun se concentre sur la nourriture en attendant le moment de quitter la table. Finalement, alors qu'Isaure joue avec les dernières frites qui accompagnaient son hamburger et que sa mère finit de donner sa compote à Benoit, son père se lève en annonçant qu'il retourne à la voiture pour vérifier le niveau d'eau. Ses dernières paroles sont :

- Prenez-moi un café et je vous retrouve dehors, du coté de l'aire de jeux, ok?

Et il part sur un sourire éclatant et un signe de mains. Si sa femme ne lui adresse qu'un sourire et un regard rapide, sa fille le suit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la foule.

- Iz, prend mon portefeuille et vas nous chercher deux cafés, s'il te plait. Et prend-toi ce que tu veux. Et on se retrouve devant l'entrée.

- Ce que je veux ?

- Oui, ce tu veux, tant tu le payes en liquide.

Malgré elle, Isaure laisse échapper un sourire qui n'échappe pas à sa mère. Faire des blagues nulles a toujours été la spécialité de sa mère et à laquelle Isaure est incapable de résister en dépit d'une crise d'adolescente dans toute sa splendeur. Elle quitte la table à son tour, affrontant la foule du coup de feu de midi. La table est aussitôt prise d'assaut par une famille affamée qui n'attend même pas qu'elle soit débarrassée.

Un quart d'heure plus tard, à l'ombre d'un arbre, Benoit joue avec sa mère et Isaure joue du pouce sur son portable en mangeant une glace. Mais rapidement, elle se lasse et se lève.

- Maman, je vais à la voiture chercher ma console.

- D'accord, ramène ton père.

- Ok.

Quelques minutes plus tard, elle est de retour, seule.

-  Maman, la voiture est fermée et j'ai pas vu papa.

-  Quoi?

-  Je n'ai pas vu papa à la voiture. Et j'ai pas mon jeu.

Un pli de contrariété est apparu au coin de la bouche de sa mère. Après avoir réfléchi quelques secondes, elle se lève et attrape son sac à main.

-  Bon, j'y vais, reste avec ton frère.

-  Oublie pas mon jeu.

Arrivée à la voiture, la mère des enfants commence par faire le tour du véhicule en scrutant les alentours, espérant repérer son mari en train de fumer une cigarette en douce ou de passer un coup de fil. Puis elle s'installe devant le volant et ouvre le capot, mais avant même d'aller le soulever, elle réalise que si son mari avait fait le même geste avant elle, il aurait trouvé le sparadrap vagabond collé au levier. Il est bleu, c'est celui qu'elle a collé sur le doigt de son fils l'avant-veille. Un sentiment désagréable commence à s'insinuer dans sa poitrine. Il n'est pas là.

Rien ne semble avoir été déplacé dans la voiture. Elle récapitule, il a son portefeuille avec tous ses papiers, ses cartes bancaires, du liquide, les clés de la voitures, les médailles, son téléphone portable, sa montre. Il a très bien pu recevoir un appel de son boulot et avoir eu besoin d'une borne WI-FII. Ce ne serait pas les premières vacances interrompues. Toujours assise dans la voiture, elle hésite sur ce qu'elle ressent devant cet imprévue. Isaure n'en serait pas fâchée et Benoit … Benoit s'en ficherait probablement. Elle soupire en attrapant la console de jeu. Elle serait soulagée. Faire demi-tour maintenant est une perspective réjouissante.

Elle prévient sa fille qu'elle va faire le tour du relais pour trouver son père. Pour une fois, Isaure ne se plaint pas de garder son frère : son père a enfreint une règle qu'il a lui-même instauré pour les voyages, à savoir, prévenir dés qu'il y a un changement de programme, même minime.

Pendant que sa mère s'éloigne, Isaure serre nerveusement son portable, hésitant à appeler directement son père. Tout en chantonnant une chanson à son petit frère, elle surveille les alentours, comme d'habitude.

Pendant ce temps, sa mère fait le tour du relais dans la foule décroissante. Elle ne le trouve nulle part. Elle finit par essayer de l'appeler et tombe directement sur sa messagerie.

Entre temps, l'attention d'Isaure a été attirée par une grosse Espace. Elle l'a garde à l'œil parce que les trois adolescents qui en sont descendus l'observent discrètement. Elle concentre son attention sur son petit frère, espérant décourager leur intérêt naissant. Mais ils s'approchent nonchalamment, deux garçons et une fille d'à peu prés son âge.

- Salut.

Isaure leur répond d'un signe de tête. Les deux garçons sont tous sourires mais la fille affiche un air ennuyé. Ils s'installent sans cérémonie autour d'elle.

-  C'est ton petit frère ?

-  Ouais.

-  T'es de corvée mioche, c'est pas cool.

Elle hausse les épaules, mal à l'aise.

-  Moi, c'est Nicolas, lui, c'est Marc et elle c'est Catherine. Et toi?

-  Iz.

-  C'est pas un nom, ça. C'est quoi ton nom?

Le ton agressif de la fille hérisse tout de suite Isaure. Elle se redresse et plante son regard dans celui de Catherine pour lui répondre avec une pointe de défi :

-  Isaure. Isaure Martin

-  Allo, ici Isaure Martin, professeur Klein, je voulais savoir si, par le plus grand des hasards, vous n'auriez pas appelé mon mari pour résoudre un de ces insolubles problèmes qui nous ont déjà gâché les vacances ?

-  Non, madame Martin, je vous assure que cette fois, nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour ne pas interrompre vos vacances. Et nous lui avons aussi juré de ne pas l'appeler même si nous avions besoin de lui! Pourquoi? Il y a un problème ?

-  Non, pas du tout, mais vous savez ce que c'est, dés qu'il s'approche d'un ordinateur, j'ai peur de ne plus revoir avant trois jours. Ho, si vous pouviez éviter de lui parler de cet appel, je vous en serais infiniment reconnaissante, pour … vous savez, la paix des ménages…

-  Bien sur, madame Martin, et j'avoue qu'après vous avoir si souvent enlevé votre mari, je ne peux pas vous tenir rigueur de cette petite pointe de défiance.

-  Je vous remercie, et bonne chance pour vos projets.

-  Au revoir et bonnes vacances.

Après avoir raccroché, Isaure Martin rejoint précipitamment ses enfants. Dés que la jeune Isaure aperçoit sa mère, elle commence à ranger les affaires de bébé et quand que les trois jeunes comprennent pourquoi, ils rejoignent leur voiture.

- Maman, il faut changer le monstre ! papa n'est pas là?

- Non, je ne l'ais pas trouvé. je m'occupe de Benoit.

Toutes deux inquiètes et préoccupées, elles se dirigent rapidement vers l'espace Bébé. Isaure mère s'y engouffre avec son fils, laissant sa fille faire le guet.

Elle déballe le sac à langer, le bébé, lui essuie les fesses, se laissant guider par les automatismes. Au moment de jeter la couche sale, elle croit entendre un bruit venant de la porte et pendant quelques secondes, elle la fixe des yeux. Puis elle se tourne vers son bébé, et pousse un hurlement en faisant un bond en arrière. Un jeune homme est assis sur la table à langer, une grenouillère à boutons entièrement déboutonnée sur les genoux.

- J'ai failli avoir une attaque ! Tu choisis bien ton moment pour ça !

Benoit hausse les épaules en examinant ses bras et ses jambes.

- On n'est pas encore arrivé ?

A ce moment, sa sœur entre en catastrophe et voyant son frère s'exclame :

- Et merde ! Maman, on est repéré!

- Quoi encore !?

- Maman, un employé de la station nous a regardés quand on est entré ici, si tu ressors sans bébé, il va s'en rendre compte !

Isaure mère se sent dépassé. Sa fille est au bord de l'hystérie malgré son ton contrôlé, son fils vient de prendre quinze ans d'un coup et son mari a disparu sur l'autoroute A666, mieux connu des sorciers et magiciens sous le nom de Rupta Maleficarum.

- Qu'est-ce qu'il se passe au juste ? où est papa ? j'ai au moins … seize ou dix-sept ans !

- Papa a disparu, on est repéré et il y a des types chelous qui m'ont parlé sur l'aire de repos!

- Pas d'affolement! Iz ! calme-toi tout de suite !

Isaure mère essaie de reprendre le contrôle de la situation et cherche une explication rassurante.

- Ton père doit nous faire une blague ou il a eu un truc urgent à faire et il va revenir tout à l'heure.

Sa fille la regarde comme si elle avait perdu l'esprit.

- Mais non, maman, papa ferait pas ça! papa me laisserait pas sur la A666 avec mon dysmorphisme, et Benoit, avec son paradoxe temporel … il nous aurait jamais fais ça.

Sa lèvre inférieure tremble sous l'effet de la panique et des larmes imminentes et sa mère doit se rendre à l'évidence : la situation est grave. Elle respire un grand coup et prend sa fille dans ses bras pour la rassurer.

- D'accord. Je vais d'abord m'occuper de l'employé.

Puis, elle s'écarte, s'étire et se concentre quelques secondes avant de tisser son sortilège. Elle entrelace ses mains devant elle, étire ses bras à l'horizontale, paumes vers l'extérieur, puis, abaissant les bras, elle fait surgir, d'un geste fluide, une chainette dorée de ses manches pourpres, écartant les mains, elle créé un berceau de chat où tintent une dizaine de médailles étincelantes. Le regard éteint et les yeux voilés de pourpres, Isaure récite silencieusement tout en créant des figures improbables de ses longs doigts blancs. Dés que ses lèvres cessent de bouger, Benoit lui dit prudemment :

- Maman. Vêtements.

Les lèvres pales s'agitent encore, puis elle relace ses mains ensembles, replie ses bras sur sa poitrine, faisant disparaître la chainette. Elle détache ses mains et tend à son fils une pile de vêtement impeccablement plié et surmonter d'une paire de chaussure.

- Bon, va te changer, personne ne posera de question sur un bébé, maintenant.

En l'attendant, Isaure mère plonge la main tout au fond de son sac et sort une boite à bracelet carré et la tend à sa fille. Isaure fille croise résolument les bras sur sa poitrine et détourne la tête.

- Ça sert à rien, je sais pas m'en servir.

- Tu maitrise le plus important alors prend-le.

-  J'en veux pas.

-  Iz, ce que tu veux ne compte pas. Il faut que tu aie tes médailles sur toi, parce que je ne sais pas ce qui passe mais ça se passe sur la 666, alors tu prends tes médailles et tu arrête tes caprices.

Isaure finit par prendre la boite. Elle la tourne entre ses mains avant de se décider à l'ouvrir. A l'intérieur, sur du satin blanc, il y a une chaine dorée à laquelle sont attachées trois médailles dorées. Elle finit par se décider à prendre la chainette et à l'enrouler autour de ses deux poignets. Elle serre les mains devant elle, paume contre paume, puis les décollent en partant du bas. Quand ses majeurs se séparent, la chaine a disparue. Benoit les rejoints, tout vêtu de noir, son tee-shirt présentant un intéressant motif de tête de mort sur fond de tibia, avec dent de vampire dégoulinantes de sang et tas d'os sinistre en frise.

Les deux Isaure l'observent attentivement.

- Super tee-shirt, maman, mais est-ce que t'essaye de faire passer un message?

Les deux femmes froncent les sourcils, la fille parce que la colère est sa réaction de prédilection, la mère parce que le message du tee-shirt ne vient pas uniquement d'elle.

- Bon, ce n'est pas ici qu'on trouvera votre père alors on va sortir discrètement d'ici …

-  Maman, je peux t'appeler Izi ? j'ai … l'intuition … que ce serait mieux, juste pour l'instant, jusqu'à ce que … pour l'instant, quoi.

-  D'accord, si c'est une … intuition. Iz et moi on sort et dés que la voie est libre, on tape sur la porte et tu nous rejoins.

Quelques minutes plus tard, ils sont tout les trois à une table du relais pour faire le point mais l'ambiance est morose et silencieuse.

- On pourrait appeler la police.

- Il est adulte, ils attendront au moins quarante-huit heures et puis … ce serait attirer l'attention sur nous.

-  Il n'y a pas une police magique spéciale pour la A666 ?

-  Pas que je sache. Mais ça fait longtemps que j'aie coupé les ponts. Ils ont peut-être changé depuis.

Le ton acide d'Izi n'a pas échappé à ses enfants. Après avoir échangé un regard avec sa sœur, Benoit se décide à poser les questions qui fâchent.

- Euh, pourquoi on fait ce voyage déjà ?

-  Réunion de famille, il est temps que vous fassiez connaissance avec vos grands-parents et bla et bla et blablabla.

- Ouais, ça, on avait compris, mais pourquoi tu as accepté de faire ce voyage, maintenant ?

Elle ne répond pas.

- Izi, il faut qu'on sache, il y a peut-être un rapport avec la disparition de papa.

- Non, je ne pense pas, sans lui je ne serais pas venu. Ma famille veut vraiment que je revienne. C'est pour ça qu'ils sont restés en contact avec lui pendant tout ce temps.

-  Même pas un amoureux transi qui en profiterait pour se débarrasser d'un rival ?

-  D'une, on est loin d'y être et deux, on craint mon courroux quand on est de mon sang. Mais on va commencer par refaire le tour, ensemble.

-  Pourquoi faire ? t'as pas bien regardé la première fois ?

-  Iz, ce n'est pas le moment de le prendre sur ce ton. A moins que tu n'ais une meilleure idée peut-être ?

- Maman, tu pourrais faire un peu de magie pour localiser papa, qu'on en finisse.

Izi plisse le nez et détourne le regard.

- Ce n'est pas si simple. Il est intraçable. Nous le sommes tous les quatre. Je ne voulais pas que ma famille me retrouve, alors j'ai fait en sorte de ne pas être localisable. Et j'ai étendue cette protection à votre père quand je l'ai rencontré. Et puis à vous.

- Comment t'as pu nous cacher ça? On est un peu concerné, quand même. Ne pas être repérable par magie, ça fait quand même une sacrée différence pour affronter ta famille de sorcier, que tu déteste en plus!

Izi se tait, empourpré de honte, parce que sa fille a raison et que cacher une information de cette importance fait partie des habitudes auxquelles elle a renoncée en quittant sa famille. Isaure est furieuse, Benoit réfléchit.

Si Izi se concentre sur ses mains, Isaure regarde méchamment la salle, comme si elle cherchait un exutoire à sa colère. En réalité, elle vérifie que personne ne s'intéresse trop à eux. C'est la mission que lui a confié son papa, quand son petit frère a manifesté les premiers signes de son paradoxe temporel en passant de nourrisson à petit garçon sans prévenir. C'était sa mission de grande sœur et c'est devenu un automatisme. Et justement …

- L'employé de tout à l'heure, il nous regarde encore.

Benoit jette un regard en douce :

-  Non, c'est Izi qu'il regarde.

-  Comment ça?

-  Il regarde Izi en particulier, il se fiche de nous deux. C'est un regard de mec.

-  Qu'est ce que t'en sais?

Benoit hausse les épaules devant l'agressivité de sa sœur.

-  Aujourd'hui, j'ai dix-sept ans, y a des trucs que je pige mieux que toi.

Sa sœur lui fait une grimace hargneuse.

-  Tu es sur de toi?

-   Assez sur, je vais chercher un coca, pour être vraiment sur.

Il profite de l'attente à la caisse pour contempler la salle d'un air nonchalant et revient vers leur table en passant devant l'employé.

Une fois rassis à leur table, il appuie ses doigts sur ses tempes d'une façon peu naturelle avant de faire son rapport.

-  Non seulement je suis sur, mais j'ai une … intuition très mauvaise à son sujet. J'ai aussi son prénom.

- Quelle genre de mauvaise … intuition?

-  Sanglante.

Izi plisse le nez, son intuition sanglante n'est peut-être qu'illusion, mais … un homme s'intéressant à une femme seule avec deux adolescents, ce n'est pas tout à fait la même chose qu'un couple avec enfant. Elle hésite mais elle aussi a perçut l'intérêt de l'homme et elle n'a pas d'autres idées. Izi envisage donc sérieusement la possibilité qu'un employé de station service ait fait disparaître son mari dans le but de s'en prendre à elle. D'expérience, elle sait que dans ce genre de lieu de passage, on escamote facilement un bébé, alors une femme adulte qui s'en va … et qui fait attention aux voitures qui partent ou restent? Et si son fils a raison pour son intuition sanglante, l'hypothèse est à envisager. Et il y a un moyen déplaisant de la vérifier.

-  Il y a un moyen déplaisant d'en savoir plus. Le Ciel Rouge. C'est un sortilège qui permet de se déplacer entre les plans de la réalité et de voir à travers.

-  A travers quoi ? maman?

-  A travers tout, il faut juste se concentrer pour voir au bon endroit. Et le ciel devient rouge, ça file une migraine terrible. Bon, je vais aux toilettes le lancer puis j'irais voir ce sir.

Benoit retient sa mère.

- On reste ensemble. Si tu t'isole maintenant, il risque de s'en prendre à toi.

-  D'accord, je le lance dehors, et vous restez à mes cotés. Et pour des nigauds, nous allons passer.

Isaure sous le ciel rouge regarde les bâtiments vibrer à travers les gens qui passent, ont passé, passeront. Elle sent ses enfants à ses cotés et les herbes folles qui s'accrochent à sa robe pourpre. Trop d'herbes vives et mortes à la fois, trop de bâtiments déstructurés.  Elle ferme les yeux pour se concentrer sur sa proie, le chasseur nommé Paul. Elle rouvre les yeux sur ses mains et devant elle le relais transparent ne vibre plus. Elle s'avance royalement, sa fine silhouette moulée dans sa longue robe pourpre qui met sa peau d'un blanc de marbre en valeur. Elle s'approche lentement du relais et regarde à travers les murs. Le bâtiment est plus vieux qu'il ne semble. Au sous-sol, subsiste une pièce carrelée que Paul passe à la serpillère. Comme plus tôt quand elle l'a vue faire le même geste devant les toilettes. Isaure cligne des yeux pour mieux voir les couleurs, et c'est du sang rouge qu'il lave, du sang qui couvre les murs, qui couvre le sol, et tranquillement il passe les franges de son balai sur ce sang, encore et encore. Mais il est aussi dans la salle, guettant une proie facile et belle, sournois et discret. Elle cligne encore des yeux, étendant le champ temporel. Elles commencent à défiler, des jeunes femmes minces aux cheveux sombres, qui se sont arrêtés pour faire le plein ou boire un café et qui ne sont jamais repartis. Comment est-ce possible que nul ne sache qu'elles sont venues ici? A ce moment, elle le voit à la caisse, devant une jeune femme brune. Un petit tour de passe-passe avec la carte et aucune banque ne peut prouver où elles ont fait un arrêt. Plus bas, il traine un corps sur le carrelage propre, se croisant lui-même tirant un gros sac poubelle sanglant. Elle ferme les yeux, cette fois pour ne pas voir ce qui se passe dans la salle carrelée.

Isaure ouvre les yeux sous le ciel bleu de juillet, l'ombre chatoyante des arbres jouant sur la peau bronzée de ces épaules nues. Elle porte à nouveau un jean et un débardeur. Ses enfants la regardent avec inquiétude quand elle se penche en avant, en proie à une nausée soudaine qui ne sort pas. A genoux dans l'herbe rase, elle respire profondément pour faire passer la nausée due au sort et l'écœurement dus au tueur. Benoit et sa sœur la soutienne jusqu'à une table de pique-nique sans que personne ne leur prête beaucoup d'attention; à l'exception de Paul, qui fait sa pause cigarette à quelques mètres. Bouleversée, Izi se contente de leur dire que l'homme est un tueur. Mais elle se reprend rapidement, et tout en avalant un comprimée de paracétamol, elle croise délibérément son regard. Son expression fait disparaitre l'avidité de ses yeux et la remplace par l'incertitude. Il s'éloigne l'air de rien et Izi le suit du regard jusqu'à qu'il ait disparu, prête à lui bondir dessus à la moindre provocation. Elle entend alors un gémissement derrière elle.

- Moman.

Izi se tourne vers Isaure qui a les deux mains sur sa bouche.

-  Qu'est ce qui t'arrive ? fait voir.

Entourée de sa mère et de son frère, la jeune Isaure écarte les mains et entrouvre la bouche, dévoilant ses dents du haut. Sa mère lui tire le menton vers le bas, révélant entièrement des canines anormalement longues.

Des dents de vampires.

déjeuner sur table

Les Martin s'arrêtent dans un relais routier. Après déjeuner le père disparaît. La mère Isaure le cherche en vain. Benoit le fils, atteint de paradoxe temporel, grandit de 15ans. La mère utilise un sort pour espionner un employé douteux. La fille Isaure devient vampire suite à son dysmorphisme.

rencontre du troisième croc

Les Martin rencontrent Barbara, amie du vampire Dagan; ils sont en quête d'une secte. Isaure accepte de retenir la secte sous la garde de sa mère - qui élimine Paul d'un sort. En attendant la horde de Dagan, Benoit découvre que leur père n'est pas sur la vidéosurveillance.

retour à Terra Purpura

Les vampires s'occupant de la secte criminelle, les Martin, Dagan et Barbara rejoignent le village sorcier d'Isaure. Les retrouvailles familiales sont un échec. Isaure réclame l'aide du Grand Conseil contre l'avis de sa famille princière. Il accepte dans une ambiance conflictuelle.

révélation, première

Un ermite raconte par quel sort furent créés les Terra, villages sorciers isolés du monde, en 1600. L'A666, qui les relient tous, fut créé par des Renégats refusant l'isolement. Le secret de la route est toujours convoité. Les Martin, Dagan et Barbara partent en quête du dernier Renégat.

révélation, deuxième

Sur la route, suivit de leurs amis, Isaure explique son conflit familiale et que son mari a un ancêtre magicien. Sa fille et Benoit lui disent qu'ils maitrisent leurs "maladies" en partie. Isaure révèle qu'ils se rendent à Terra Maledicta pour localiser le père par la magie du sang.

rendez-vous en terre marginale

A Terra Maledicta, terre d'exclus, Isaure utilise ses enfants pour un sort. L'échec est instructif. Il fait surgir des indices et naitre des liens entre route et enfants. L'origine de l'A666 est la clé. Ils trouvent une carte secrète de l'A666 où figure Terra Nullia, point d'équilibre.

en route pour les ombres

En chemin vers Terra Nullia, les enfants développent leurs pouvoirs grâce à la route. Grace à des incantations, les enfants ouvrent un chemin partant de Terra Nullia pendant qu'Isaure ensorcelle le coffre de Dagan pour le transporter dans l'église. Ils empruntent le tunnel magique.

Rupta versus Terra

A l'origine de la route, le groupe monte une embuscade. Ils capturent des membres d'une confrérie. Des loups-garous se rallient aux Martin. Ils découvrent une forteresse ennemie proche. Des renforts Vampires et loups-garous l'assaillent pendant que le groupe s'y introduit par magie.

donjons et sortilèges

Les Martin, Dagan et un loup-garou se frayent un chemin dans la forteresse, à la recherche du père pendant l'assaut vampire/loup-garou. Ils découvrent l'antre du magicien dévoyé et volent son grimoire. En suivant sa piste, ils découvrent une grotte destinée aux sacrifices humains.

printemps elfique

Comprenant les plans du magicien, ils retournent à la route. Utilisant le grimoire, ils le vainquent et délivrent le père. Le secret de l'origine de la route est perdu mais les vampires, loups-garous et elfes revendiquent leurs droits sur la route à égalité avec les sorciers et magiciens des Terra.

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