Voyage dans le bide d'un Streumon.

vikochenko

D’abord c’est le rugissement d’une bête plus petite. Et puis c’est différent, c’est moi qui commande avec celle là. Les cheveux au vent et les oreilles au son je m’élance chaque matin sur les même traces. Le plus casse couille c’est trouver un espace pour la bête dans lequel elle pourra se lover et m’attendre jusqu’au soir sans se faire emmerder par les prédateurs zonant, bleuis et fouille merde à l’égo aussi exalté que celui d’un pot de Nutella face à quelques pots de crème à tartiner.

Après ça je ne suis plus qu’un pion au milieu d’autres. Je navigue l’air hésitant mais déterminé dans les tréfonds du monstre. Il n’est pas tout seul lui non plus. Et tous se ressemblent. Bien que peu souvent là quand on a le plus besoin de lui, le monstre aime se faire attendre. La sombre organisation qui le contrôle n’est pas franchement aimée de la race humaine… Mais qu’importe, cette dernière est dépendante, et qui dit « dépendre » dit « accepter les pires humiliations ». Alors le pèlerin comme moi passe son chemin et attend. Toujours plus longtemps.

On se serre dans son ventre comme des framboises dans un saladier de framboises. On se sue dessus, on se regarde, l’air triste ou ailleurs. A cette heure, on oublie d’être joyeux. Dans le ventre du monstre on préfère la fermer et pas trop faire le fier. De toute façon, on s’endort.

On se réveille en sursaut. Le grand d’en face, sans doute par peur d’être digéré trop vite, nous bouscule pressement pour sortir. On maugréé mais en même temps, ce connard nous permet de penser à sortir. Il est temps de commencer l’aventure des petites bêtes à longues queues. Ce genre là il y en a plein. Et quand on aime on ne compte pas. Mais quand on déteste, on compte les minutes. Et souvent, c’est long… Surtout dans l’estomac des bêtes les plus populaires… pleines de chinois et d’anglais, elles aiment le touriste, et vous… vous ne demandez qu’à arriver au taf pour TAFFER toute la journée et vous dire que ce soir, vous reprenez le gros streumon et ses copains d’acier fringuant.

Mais le plus marrant, c’est quand même de se dire qu’au fond, c’est pas si chiant que ça d’être digéré comme un insecte. Un peu fatiguant de tout le temps se faire bouffer, mais ça laisse du temps pour réfléchir à rien. Et réfléchir à rien, c’est déjà beaucoup.

  • Et ben merci beaucoup pour le compliment ! Je ne connaissais pas ce livre mais je me suis renseigné (du coup) et je devrais en apprendre un peu plus d'ici peu sur cette brève et merveilleuse vie... Alléchant comme il est, je viens de le commander. Merci donc.

    · Il y a presque 14 ans ·
    Tumblr kto301pvyu1qa4pypo1 500 orig

    vikochenko

  • ça me fait penser au style de junot diaz ("la breve et merveilleuse vie d'oscar wao") que j'avais trouvé excellent.
    beau travail

    · Il y a presque 14 ans ·
    Deer illustration (1)

    guillaumeg

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